Un peu « enfumé » par les évenements de Strasbourg, dans un tout autre contexte, à Bastia, samedi 4 mars 2009, se déroule : « La {manifestation] la plus dure depuis cinq ans » selon la police. Enrico Porsia, journaliste à Amnistia.net et ancien photographe diffusé par l’agence Sipa Press, « couvre la manif » pour Bakchich.info. Les manifestants, eux, n’aimaient ni la police, ni la photographie. Agressé, menacé, le reporter a vu son boitier photo fracassé à ses pieds.
Quand la manifestation vire aux « cagoules, chemises noires et cocktails molotov »../… « Je cherche à approcher les jeunes casseurs » …/… « Je l’approche et je lui demande si je peux le prendre en photo, de dos, avec son drapeau. Je n’ai pas le temps d’attendre la réponse. Le type avec le masque à gaz me tombe dessus. « Pas de photo je t’ai dit ». Il n’est pas seul. Je me retrouve entouré par une trentaine de jeunes encagoulés. Hyper agressifs. Ils me prennent pour un flic. Je leur dis que je suis journaliste. Je leur parle en italien. Ils ne comprennent pas. « Parle en Français ! », crient les jeunes « nationalistes » en chemise noire. Je suis encerclé par des gosses encagoulés. Mon petit appareil photo m’est arraché des mains. Je proteste, car je n’ai pas « volé » d’images. J’ai demandé. Pour toute réponse, ils fracassent mon appareil en le lançant par terre. Ils me poussent. Nous sommes au bord du lynchage. » raconte Enrico Porsia sur le site Bakchich.info (Lire le reportage complet)
Enrico Porsia, n’est pas tombé de la dernière pluie.
Une jeunesse italienne électrisée par les années de plomb, puis français naturalisé, c’est le photojournalisme en freelance, reportages photographiques de qualité, pour le Figaro Magazine et Géo où il publie un long reportage N&B sur – déjà – la crise en France. Mais c’est pour l’agence « Sipa Press » qu’il fait son premier reportage en Corse « pendant la grande grève qui a paralysé l’île pendant deux mois en 1989 »
Ce n’est pas la première fois que j’évoque mon ami Enrico Porsia dans ce blog… C’est un homme qui a de la curiosité, de cette curiosité qui selon les sondages des lecteurs manquerait dans la presse française.
Tout devrait donc être royal pour ces journalistes curieux comme mon ami… Mais, voilà, depuis quelques années, il s’intéresse particulièrement à l’actualité de la Corse. Une région qui, comme chacun sait, bénéficie ou pâtit selon les points de vue, d’une forte « exception culturelle ».
Jusqu’ici, Enrico Porsia avait quelques démêlés avec les autorités de l’île de Beauté en raison d’une interprétation des cartes cadastrales d’un point de vue d’étranger. Cela lui a valu d’être diffamé sur les antennes nationales sans que la justice n’y trouve rien à redire alors que « son cas » a occupé une cession entière de l’assemblée de Corse cet hivers (Voir les précédents billets).
Samedi dernier, c’est avec une étrange frange de la population locale que le journaliste d’Amnistia.net et de Bakchich.info a eu à faire.
« Je ne vois même pas le coup venir» raconte-il dans son reportage. Les lecteurs noteront que malgré le bris d’un appareil photo, le reportage est quand même illustré avec des images du photographe. « C’est l’autre adulte, grand et gras. Il n’a pas pu s’empêcher de me frapper. Alors que je lui tournais le dos. Son coup s’écrase sur mon oreille. Une grosse gifle, la main ouverte, mais portée avec une certaine puissance. « Il faut vraiment que tu t’en ailles », me répète le responsable indépendantiste, qui m’accompagne hors de la foule. Son visage est complètement livide. Il ne contrôle plus rien, et il a peur que je sois lynché pour de bon. Je suis son conseil. Les chemises noires n’aiment pas la presse. Il est 20 heures. »
C’est l’heure du journal parlé. Ecoutons le correspondant du Monde: « Selon Gilles Leclair, coordonnateur des services de sécurité en Corse, cette manifestation a été « la plus dure depuis cinq ans » dans l’île. Plus de 70 gendarmes et policiers ont été commotionnés et une dizaine d’entre eux a été hospitalisée, dont trois dans un état grave. Si aucune interpellation n’a eu lieu en raison de la difficulté d’intervenir dans des conditions de véritable guérilla urbaine, les services de police ont d’ores et déjà annoncé leur intention de procéder à une série d’interpellations grâce aux images réalisées par les forces de l’ordre pendant les heurts. Un nouveau cycle de tensions semble bien avoir été amorcé en Corse. »
En Corse, de jour en jour, l’exercice de la profession de journaliste se dégrade dangereusement, et je m’interroge sur l’avenir de mon ami et confrère.
Michel Puech
mardi 7 avril 2009
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Source :
Bakchich.info
Corse : notre journaliste agressé à Bastia
Molotov, cagoules et chemises noires / dimanche 5 avril par Enrico Porsia
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http://www.bakchich.info/L-enquete-se-corse,07322.html
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