Emotion au cœur de la France traditionnelle, à Ambazac, où a été inauguré vendredi 22 avril 2011, un « Espace Izis » en l’honneur du photographe réfugié là pour éviter les persécutions nazies.
Izraël Bidermanas, dit Izis, fuit en 1930 la misère de sa Lituanie natale pour Paris où il travaille « sans papier » dans un laboratoire de photo traditionnel. La percée des armées nazies, l’occupation de Paris, et les persécutions antisémites qui vont bientôt frapper la communauté juive en France, l’incitent immédiatement à se réfugier avec sa femme Anna et son fils Manuel à Ambazac, un petit bourg du Haut-Limousin situé à une vingtaine de kilomètres de Limoges.
Hébergé par des paysans, vivant sans domicile fixe avec les faux papiers que lui fournit un jeune employé de mairie, il installe un laboratoire de fortune dans le grenier de la maison d’Henri Jouanet au 11 rue Saint-André. Jacqueline Faure, qui a bien connu Izis et sa famille raconte « Il nous disait que si il avait le matériel des photographes locaux, il pourrait faire de meilleures images. Je me souviens qu’il tendait des torchons pour atténuer la lumière des lampes qu’il utilisait pour nous prendre en photo. » Dans l’ombre, il retouche des photos pour le compte de photographes locaux mais également pour la Résistance avec laquelle il est entré en contact.
Le 21 août 1944, Limoges est libéré. Izis décide alors de photographier les combattants de l’ombre, c’est sa célèbre série dite « Les Maquisards », soixante-dix portraits magnifiquement exposés en 2010 à l’Hôtel de Ville de Paris et en 2011 à Berlin. Armelle Canitrot, journaliste au quotidien La Croix, commissaire d’exposition, publiera avec le fils d’Izis « Paris des rêves », un livre passionnant, aux Editions Flammarion.
Pour honorer le photographe Elisabeth Maciejowski, maire d’Ambazac et son adjoint à la culture Philippe Noussat ont consacré un espace permanent au photographe. Outre une exposition de ses photographies les plus connues, on peut voir également des images prises à Ambazac. Mais la pièce maitresse des lieux, c’est la reconstitution de son laboratoire clandestin. Manuel Izis-Bidermanas, lui-même photographe et qui fut durant de nombreuses années responsable du service photo de l’hebdomadaire français Le Point a fait don du matériel à la commune. « C’est tout à fait normal. Je dois sinon la vie, du moins l’espoir aux habitants d’Ambazac. Ils ont été exemplaires en nous cachant, en nous protégeant. » Outre l’intérêt historique de cette reconstitution « pas tout à fait à l’identique », ce laboratoire séduit les jeunes amateurs de photographie nés à l’heure du numérique.
L’espace Izis d’Ambazac a été scènographié par Jean-Michel Ponty. Un coin son multimédia propose en boucle différents films dont »Le grand bal du printemps » de Jacques Prévert.
« Nous sommes très fiers de cet espace » confie l’adjoint à la culture de la ville « et grâce à la gentillesse et à l’attachement à la ville de Manuel Bidermanas, nous allons renouvelé chaque année les photographies exposées. » Pour Manuel Bidermanas interrogé à son retour d’Ambazac « L’émotion était très forte. J’ai même retrouvé un copain d’école. Et puis l’attachement des gens d’Ambazac pour mon père me touche profondément. Bien sûr, Ambazac n’est pas New York où il partage aujourd’hui une exposition avec Brassai, ni Tokyo ouùil sera exposé l’an prochain, mais là il s’agit d’une histoire de cœur. »
Espace IZIS : 5, avenue de la Libération 87240 Ambazac courriel adj.ambazac@wanadoo.fr L’Espace IZIS est ouvert du mardi au samedi de 14h à 17h (entrée libre jusqu’au 1er juillet 2011)Dernière révision le 2 janvier 2024 à 7:19 pm GMT+0100 par la rédaction
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