Le programme du 23ème Visa pour l’image par Michel Puech in Club Mediapart le 25 mai 2011
Les exceptionnelles projections du festival Visa pour l’image – Perpignan se dérouleront du 29 août au 4 septembre prochain : un rendez-vous à ne pas manquer pour les amateurs de photos d’actualité. Et cette année, ce sera copieux !
A Paris, à la Maison des métallos, Jean-François Leroy entouré de ses amis et sponsors a dévoilé les grandes lignes du 23ème festival international de photojournalisme Visa pour l’image.
Comme les 6 et 7 mai derniers, aux World Press Photo Awards Days à Amsterdam , la conférence de presse pour le lancement du programme du festival Visa pour l’image a été dominée par la mort de deux hommes : Chris Hondros et Tim Hetherington. On se souvient que les deux photographes ont été tués par un tir de mortier à Misrata en Lybie le 20 avril dernier. Pour Michael Munneke, directeur du WPP, comme pour Jean-François Leroy, les deux talents confirmés du photojournalisme étaient des amis.
Mais personne dans le monde du photojournalisme n’oublie un autre reporter : Lucas Dolega, moins connu, car beaucoup plus jeune dans le métier. Ce dernier a été assassiné par la police tunisienne au début de la révolution du jasmin. Visa pour l’image lui rendra également hommage. A Perpignan, on n’oubliera pas non plus Anton Hammerl, photographe sud africain assassiné par les troupes pro-Kadhafi.
Un autre homme sera à l’honneur à Perpignan, Joao Silva, qui, en sautant sur une mine en Afghanistan en octobre dernier, a perdu ses deux jambes. Joao, dont tous ses amis reporters louent le courage, tient absolument à revenir à Perpignan. Il a déjà annoncé son retour à son éditeur en précisant qu’il ne voulait pas faire photographe du dimanche commente Jean-François Leroy.
Joao Silva animera une des sessions dite Transmission pour l’image aux côtés de Jérome Delay, Jon Jone, Mort Rosenblum, Chris Morris et Samuel Bollendorff. Ces workshop inaugurés l’an dernier n’ont pas connu le succès espéré, mais Jean-François Leroy croit fermement à la nécessité du passage de relais entre les générations de photographes. Et puis, disons le nettement, le Festival est a la recherche de nouvelles recettes, car la crise affecte les sponsors. La Sncf – honte à elle – a renoncé cette année à sponsoriser le Visa d’or de la presse quotidienne, un prix pourtant prestigieux attribué l’an passé à La Croix et les années précédentes aux Los Angeles Times, au Dallas Morning et bien d’autres quotidiens du monde entier … Espérons que ce prix trouvera un nouveau sponsor avant l’été.
Autre prix en manque de financement, celui d’Alexandra et Pierre Boulat. Les années précédentes, Canon Europe faisait un chèque, mais cette année les dégâts des catastrophes japonaises ont conduit le fabricant à réduire son budget sponsoring. C’était imprévisible, donc évidemment, nous avons été pris au dépourvu. Je cherche assidument un autre sponsor mais avec la crise c’est difficile confie Annie Boulat de l’agence Cosmos.
Tunisie, Lybie, Côte d’Ivoire, mais également Japon, Yémen, Bahreïn, Syrie, sans oublier l’assassinat de Ben Laden à quelques mois du dixième anniversaire de l’attentat du 11 septembre, l’actualité internationale ne cesse de donner du travail aux reporters photographes. Sans compter les tapis rouges de Cannes et les planques à New York…
A Perpignan, à la rentrée, les fameuses projections quotidiennes du Campo Santo ne manqueront pas de matériel, et la sélection sera rude. Nul doute que la société Abax qui réalise les projections va nous offrir un festival d’images. Car il faut le dire et le répéter, les projections de Visa pour l’image sont un moment unique au monde, tant par la qualité que par la quantité, pour visionner la production photojournalistique de l’année.
Si les Rencontres d’Arles sont la grande messe de tous les photographes, pour les professionnels de la presse et de l’édition traditionnelle ou numérique, le rendez-vous de Visa pour l’image à Perpignan est incontournable. Paradoxalement, plus l’Internet s’est imposé, plus il est devenu indispensable, et plus les « vraies » rencontres, les confrontations entre hommes ou femmes du même métier prennent de la valeur. On peut voir toutes les images sur un écran, mais il faudra toujours se déplacer pour rencontrer de visu les photojournalistes. C’est le grand intérêt du World Press Photo, de Visa pour l’image et de quelques autres manifestations.
30 expositions du 27 août au 11 septembre (entrée libre)
Le nombre de professionnels qui se déplacent dans la cité catalane est impressionnant. Chaque année, il augmente : 1200 l’an passé. La profonde mutation du métier conduit régulièrement à une diminution du nombre des stands d’agences de presse ou de sociétés de diffusion de stock d’images. C’est le dangereux paradoxe de Visa pour l’image : de plus en plus de photographes, de moins en moins de picture-editors pour visionner le travail. De plus en plus d’offres, de moins en moins d’acheteurs.
Résultat, cette année, les bureaux de l’organisation installés depuis 1990 dans le charmant hôtel Pams rejoindront les stands des agences, des collectifs, des sponsors, au Palais des congrès. Avantage, tous les acteurs importants seront regroupés sur un même site où se déroulent également les conférences.
L’hôtel Pams devient l’un des nombreux lieux d’exposition, tous regroupés dans le centre ville. Les milliers de visiteurs attendus – plus de 200 000 l’an passé – pourront admirer gratuitement du 27 août au 11 septembre une trentaine d’expositions. A partir du 12 septembre, et pour une semaine, les expositions seront à la disposition de milliers d’élèves des collèges. 8000 d’entre eux ont vu celles de l’an dernier. Les photographes Peter Dejong, Bertand Gaudillère, Pierre Terdjman et Olivier Laban-Mattéi seront présents pour expliquer à la jeunesse les difficultés du métier.
Outre la traditionnelle exposition du World Press Photo, on verra le travail de Shaud Schwarz (Getty images), Ricardo Venturi (Contrasto / Réa), Brian Skerry (National Geographic), Alvaro Ybarra Zavala (Getty images), Martina Bacigalupo (Vu’), Jocelyn Bain Hogg (VII) Jonas Bendiksen (Magnum Photos) Chien-Chi Chang (Magnum Photos), Peter Dench, Fernando Moleres (Panos) Lu Nan etc.
La revue Days Japan, toujours très présente à Perpignan, a été chargée par Jean-François Leroy de présenter une sélection d’images des catastrophes qui endeuillent le Japon.
Comme chaque année, les Visa d’or Arthus-Bertrand seront remis aux gagnants pour la Presse quotidienne, Magazine et News. Cette année, le Visa d’or Humanitaire sera celui du Comité international de la Croix-Rouge, l’ONG Care ayant elle aussi déclaré forfait. Seront également décernés le Prix du jeune reporter de la ville de Perpignan, celui de France 24/RFI pour le meilleur web-documentaire, le prix de l’Association nationale des Iconographes (ANI) et PixPalace, sans oublier les Getty images Grants for editorial Photography…
« A Perpignan, ce n’est pas moins de 147 000 euros qui sont remis à des photographes, il y a bien des directeurs photos de magazines qui aimeraient disposer d’un tel budget » précise la direction du festival.
Il n’est pas trop tard pour que les deux sponsors manquant augmentent le pactole de 16 000 euros… Quand on pense à toutes les bonnes âmes qui ont signé il y a deux ans la pétition « Sauvons Gamma », ce ne devrait pas être impossible de trouver deux nouvelles signatures … sur deux chèques !
Michel Puech
Pour aller plus loin
Le site officiel de Visa pour l’image – Perpignan
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