Mercredi 18 janvier 2012, en fin de journée, Bertrand Delanoë a remis le Prix Lucas Dolega à Emilio Morenatti, photojournaliste à l’agence Associated Press, dans les salons de l’Hôtel de Ville de Paris.
« Il faut aussi être courageux pour être journaliste dans un monde où l’on tue pour que les citoyens ne puissent pas être informés » a déclaré le maire de Paris en ouvrant l’émouvante cérémonie de la 1ère édition du Prix Lucas Dolega et en évoquant la mort de trop nombreux journaliste.
Celle de Lucas Dolega naturellement mais également celle de Gilles Jacquier, reporter à l’émission « Envoyé spécial » de France 2 tué – assassiné ? – en Syrie. Le lendemain matin, devait se dérouler une cérémonie d’adieu pour le reporter de France 2.
Impressionné par l’assistance très nombreuse, Bertrand Delanoë précise : « Il vaut mieux être nombreux et engagés, tous ensemble, pour saisir tous les moyens de défendre la liberté de la presse. »
Il est vrai que de nombreux, photographes, picture-editors et journalistes de différents médias entouraient Nathalie Donnadieu, la compagne de Lucas Dolega, et Karin et Shtouky Zabiensky-Mebrouk, ses parents venus spécialement de Tanger.
« J’aurais préféré que ce prix n’exista pas »
L’émotion était grande, car il s’agissait du premier anniversaire de l’assassinat par la police tunisienne de ce jeune photographe, dont l’association qui porte son nom œuvre à défendre non seulement sa mémoire, mais également la liberté de travail pour tous les photojournalistes .
« J’aurais préféré que ce prix n’exista pas » a déclaré Emilio Morenatti le lauréat du Prix Lucas Dolega, lui-même très grièvement blessé en reportage en Afghanistan.
C’était donc un de ces moments où la profession se rassemble pour honorer le travail de l’un des siens, mais aussi pour se souvenir de tous ceux qui sont tombés au champ d’honneur de la quête de l’information..
En quittant l’Hôtel de Ville de Paris, nous étions à la fois heureux que cette première édition du Prix Lucas Dolega récompense le très grand talent d’Emilio Morenatti, et le travail d’une agence, Associated Press, dont les reporters sont 24 h sur 24 en quête de l’information ; mais nous étions également nombreux à regretter les conditions lamentables dans lesquelles les reporters d’aujourd’hui, et en particulier les photojournalistes, prennent d’immenses risques pour la liberté de tous.
Non seulement le prix des reportages photographiques ne cesse de baisser, mais les éditeurs de presse rechignent de plus en plus à publier sur plusieurs pages des reportages dit « de fond », c’est-à-dire des enquêtes approfondies.
Et, il faut bien le dire, si les lecteurs, téléspectateurs, internautes se pressent par centaine de milliers aux expositions de photo dans les festivals et les musées, ils ne comprennent pas – ou pas assez – que l’information a un prix, et qu’il leur faut acheter l’information s’ils ne veulent point voir nos démocraties s’étioler.
Michel Puech
Publié le 19 janvier 2012 dans le Club Mediapart
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Dernière révision le 3 mars 2024 à 7:20 pm GMT+0100 par Michel Puech
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