Mardi 7 mars en fin d’après midi, au théâtre Claude Lévi-Strauss du Musée des arts premiers, quai Branly à Paris, un hommage très émouvant a été rendu par ses confrères reporters (photo, texte, vidéo) et par l’ensemble de la profession à Rémi Ochlik. Michiel Munneke, directeur du World Press Photo, venu d’Amsterdam, a remis à Emilie Blachère, la compagne du reporter, le certificat de son prix dans la catégorie « General news » attribué par le jury juste avant son départ en Syrie.
«Dimanche dernier, à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle, dans le brouillard du petit matin, nous avons vu arriver un cercueil. La mort de Rémi a cessé d’être une abstraction. C’était la réalité, il était enfin rendu à sa maman et à sa compagne. Les drapeaux étaient en berne… » a raconté Olivier Royant, directeur de Paris Match.
Le matin même, au cimetière de Levallois-Perret, une foule de reporters fut confrontée, à la même épouvantable réalité, en déposant une rose devant l’urne funéraire de Rémi Ochlik (IP3 Press) tué avec Marie Colvin (Sunday Times) le 22 février dernier à Homs en Syrie.
« Au-delà des news et de l’image d’actualité pure, son intention était de raconter une véritable histoire humaine, celle des peuples qui se sont battus pour leur liberté » a rappelé Frédéric Mitterrand, Ministre de la Culture et de la Communication.
Jean-François Leroy, directeur de Visa pour l’image – Perpignan, a, tour à tour, appelé sur la scène l’équipe de IP3 Press, l’agence dont Rémi Ochlik était le directeur-fondateur, ses confrères photographes qui ont évoqué les autres photographes tués dans les révolutions arabes. Caroline Poiron, la compagne de Gilles Jacquiers tué en Syrie a également apporté son témoignage sur la générosité de Rémi.
William Daniels qui, avec Edith Bouvier (Le Figaro) était à Homs avec le jeune homme a raconté leurs derniers jours ensemble dans le « Press center » bombardé sans interruption. « Il est mort parce qu’il était le plus professionnel, moi, j’étais en retard pour bouger car je ne trouvais pas ma veste et c’est ce qui m’a sauvé. » Rémi Ourdan (Le Monde) a parlé également de « sa vieille copine » Marie Colvin (Sunday Times) qui « était toujours là, avant tout le monde, quand nous arrivions sur tous les fronts ».
Mais évidement, le témoignage le plus émouvant par sa dignité et par son amour fut celui d’Emilie Blachère (Paris Match). Avec une série de « J’aimais quand… » dont le dernier « J’aimais quand tu me demandais en mariage par sms. », les deux cents personnes de la salle n’ont pu retenir leur émotion.
Rémi Ochlik avait un talent fou, mais à travers tous les témoignages, c’est la personnalité généreuse, joyeuse de l’homme qui a fait l’unanimité. Il avait 28 ans et était fils unique.
Michel Puech
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Dernière révision le 3 mars 2024 à 7:21 pm GMT+0100 par Michel Puech
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