La Chine a exporté en avril dernier pour 155,70 milliards de dollars. Ces exportations du « made in China » sont en hausse de 29,9 % par rapport aux douze mois précédents. L’empire du Milieu est le premier exportateur au monde, mais comme le disait le Président Mao : « Le peuple, le peuple seul, est la force créatrice, le moteur de l’Histoire ».
Les visages du peuple
Montrer les visages du peuple qui fabrique tous ces objets que nous achetons avec l’étiquette « made in China », c’est le sens du travail de Lucas Schifres.
Comme le directeur de Visa pour l’image, Jean-François Leroy, je n’ai aucune passion pour les photos d’identité. La plupart du temps, les photographes qui font ce genre de travail n’ont pas de véritables raisons de choisir ce mode de prise de vue. Ce n’est pas du tout le cas du travail de Lucas Schifres, et c’est la raison pour laquelle je vous le présente.
Publié dans La lettre de la photographie du lundi 4 juin 2012
« Visages du made in China » est un véritable reportage, parce qu’il humanise cette production industrielle chinoise qui pose tant de problème à l’Europe comme aux USA. Regardez ces gueules de prolétaires, ils ont finalement la même allure, la même fierté que les ouvriers européens. Ces faces asiatiques sont le pendant de celles que j’ai pu observées dans la vallée de la Fensch en Lorraine, ou dans les mines de potasse d’Alsace…. Des ouvriers qu’on pourrait croire sortis d’une usine du Détroit des grandes années. Des « prolos » semblables à ceux des usines européennes du XXème siècle qui exportaient vers … la Chine !
Cinq ans résidant en Chine
Né le18 juin 1973 à Paris, Lucas Schifres est photojournaliste depuis quinze ans. Ses photos ont été publiées dans Time, New York Times, Newsweek, Le Monde, Paris-Match, L’Express, VSD, le Figaro Magazine, et bien d’autres magazines. En 2010, le festival du photojournalisme de Perpignan Visa pour l’image a projeté quelques unes de ses photos sur l’Exposition universelle de 2010″ exposition universelle de Shanghai.
« J’ai piqué l’appareil photo de mon père, un Canon AE1, quand j’avais 13 ans mais quand est venu le temps de choisir un métier, j’ai pensé que photographe était un job de crève la faim. Alors je suis allé étudier la linguistique à la Sorbonne. » Il se rend rapidement compte que la linguistique conduit à un travail de bureau. Sa passion de jeunesse pour la photographie et le journalisme, le reprend. Il suit l’enseignement de Yan Morvan au Centre de formation des journalistes de la rue du Louvre à Paris et rejoint en 2000 le département photo de l’agence Bloomberg, dont il devient rapidement le premier photographe de l’agence en charge de la France. Son job, des portraits de patrons de l’industrie et des finances.
Il rencontre alors une étudiante chinoise de l’institut de Sciences Politiques. Elle veut retourner dans son pays. Lucas hésite. Il en parle chez Bloomberg qui lui propose le poste de chef du bureau photo de Bloomberg en Chine. Compagnie qu’il quitte fin 2006. En 2007 il reçoit un National Headliner Award dans la catégorie « Feature Photography » et fonde l’agence photo Pictobank en 2007 à Shanghai. Entre temps, il a appris à parler le chinois.
« A un moment j’ai pensé que si je restais en Chine, j’allais y passer le restant de ma vie. J’aime le pays, j’ai envie d’y retourner, mais j’ai voulu revoir la France. » Coup de chance, son épouse cadre dans un groupe de luxe français est nommée à Paris. Les voilà de retour en France. Pas totalement, car Lucas « couvre » depuis des années la construction du grand pont de la baie de San Francisco. « La Chine a construit le pont, et donc maintenant je « couvre » la mise en place. »
Venant de Shanghai où tout bouge à toute vitesse, Lucas Schifres trouve l’Europe moins dynamique. Depuis son retour, il prospecte les éditeurs de livres, les galeries… « Mais c’est très difficile quand on a été absent de Paris pendant près de six ans ».*
Michel Puech
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