Sarker Naman Protick de la Pathshala South Asian Media Academy de Dahka au Bangladesh à remporté le Prix Mark Grosset dans la catégorie « Reportage » et Marie Ormières de l’Ecole Supérieure de Photographie et d’Audiovisuel (EFET) à Paris, a remporté le prix de la « Photographie plasticienne ».
Depuis 6 ans, le festival des Promenades photographiques de Vendôme organise le Prix Mark Grosset destiné à faire découvrir et promouvoir de jeunes photographes en dernière année d’école internationale. Cette année 23 écoles avaient envoyé des dossiers dans l’une ou l’autre des deux catégories « Reportage » et « Photographie plasticienne ».
Sarker Naman Protick , Prix Mark Grosset dans la catégorie « Reportage »
« Mon histoire est celle de deux villages et d’un fleuve. J’ai longtemps parcouru différents coins proches du fleuve Padma pour faire des photos. Je suis fasciné par les fleuves. Je me suis toujours senti apaisé près des fleuves. Les odeurs ne sont pas celles de la métropole, d’où je viens.
L’an dernier (le 2 novembre 2011), je suis arrivé dans la région d’Ishurdi par la Padma. Je suis arrivé au village d’Arombaria, le long du fleuve. Alors que je me promenais, un homme est venu vers moi, le regard soucieux, et m’a demandé de le suivre. Je n’ai pas compris ce qui se passait. Après quelques pas j’ai vu une chose à laquelle je ne m’attendais pas : des terrains, mais aussi des maisons et des arbres tombaient dans le fleuve. Je n’ai pas pu prendre de photos. Je suis rentré à Dhaka, là où je vis.
Ce que j’avais vu me souciait. Je me suis mis à étudier l’érosion causée par les fleuves. J’ai découvert qu’il s’agissait là, comme pour la submersion des terres côtières, d’un phénomène naturel, et d’une des principales catastrophes naturelles. À cause du réchauffement climatique et de la montée du niveau des mers, de puissants remous aquatiques attaquent et érodent les rivages, qui ne sont constitués que d’argile et de sable, et ainsi des hectares de terres sont emportés à chaque mousson, au moment où le débit des fleuves est le plus élevé.
Le peu d’empressement du gouvernement du Bangladesh à construire des barrages le long des fleuves est également responsable de la souffrance de la population locale. Des maisons sont détruites et la vie des habitants bouleversée : ils n’ont pas le choix. Les victimes ne reçoivent que peu de secours et nombre d’entre elles sont contraintes d’émigrer vers les taudis urbains.
En tant que photographe documentaire j’ai toujours été passionné par l’environnement. C’est dans cet état d’esprit que j’ai commencé à photographier les villages d’Ishurdi et leurs habitants. Au moins 150 familles de ces villages (Arom Baria et Palidha) se sont retrouvées sans toit et ont dû s’exiler. Et pourtant aucun barrage n’a été mis en place pour protéger les villages existants. Les gens vivent le long de ces rivages dans la peur et dans l’espoir. Je continue d’y faire des photos. »
Marie Ormières, Prix de la « Photo graphie plasticienne »
« L es grandes vacances. De ces jours bénis subsiste aujourd’hui une douce nostalgie. Sur les plages de mon enfance, je suis revenue en pèlerinage. À la recherche de la petite fille au chapeau vert. J’ai cru l’apercevoir dans les vagues, riant aux éclats. J’ai photographié ces lieux tels qu’ils sont aujourd’hui, avec un petit appareil jetable, comme je l’aurais fait autrefois. Et soudain, tous ces instants d’insouciance, jusqu’alors consignés dans les albums de famille, ont ressurgi sur le sable. »
Les lauréats partent sur une destination à choisir parmi l’offre du sponsor FRAM pour réaliser en toute liberté un travail. Ils bénéficient également d’une résidence d’une semaine en Val de Loire, reçoivent une bourse de 1000 €, et exposent leurs travaux l’année suivante au festival, les frais de tirages étant pris en charge par les Promenades associées aux laboratoires sponsor Picto et Filmolux.
On le voit, sans être richement doté, le Prix Mark Grosset est un réel tremplin pour des jeunes frais émoulus d’écoles. Ce prix porte un nom prestigieux, celui de Mark Grosset. Fils de Barbara et de Raymond Grosset qui ont relancé après guerre l’historique agence Rapho fondée en 1933 par Charles Rado, Mark Grosset a vécu toute sa vie pour la photographie, ou pour être plus précis pour les photographes. Il débute comme vendeur de photos à l’agence Sipa press, devient éditeur à La Compagnie des reporters puis fondateur de Black Star France. Après le départ en retraite de son père, Raymond Grosset forte personnalité du monde de la photographie, il prend la direction de l’agence avec sa sœur Kathleen aujourd’hui Présidente de la fédération française des agences de presse.
En 2001, après la vente de l’agence Rapho au groupe Lagardère, il s’installe à plein temps dans sa passion pour la photographie soviétique. Il est l’auteur d’une monographie d’Evgueni Khaldei et le co-auteur d’un ouvrage essentiel sur la photographie sous Staline. En 2006, il décède prématurément, il n’a pas 50 ans. Entretemps, il a également dirigé l’école de photographie Icart, où il a encouragé nombre de jeunes débutants. Donner son nom à un prix concernant la jeunesse n’est donc ni un hasard, ni une opération promotionnelle pour les Promenades de Vendôme. C’est un véritable engagement.
Je fus, comme je l’ai écrit dans mon précédent billet, très fier d’avoir été choisi pour siéger dans le jury de ce prix. Fier et exigeant. Or, vendredi dernier, lors des délibérations du jury, j’ai été déçu. Plusieurs membres du jury étaient absents. Pour l’un, journaliste, la défection pouvait s’expliquer par une urgence : l’actualité ne prévient pas. Pour d’autres, les excuses n’étaient pas valables. Cela commençait donc mal
Ensuite, pour une raison inexplicable et inexpliquée, le président de ce jury n’était autre que le président de l’association des Promenades photographiques de Vendôme… Confusion des genres. Qui plus est, ce dernier, passionné de photographies anciennes mourrait d’envie d’assister à la vente aux enchères organisées au même moment
Les prix attribués aujourd’hui dans les festivals, promenades, rencontres et autres festivités photographiques prennent de plus en plus d’importance dans la carrière d’un jeune photographe. Il est indispensable que les organisateurs soient d’une extrême vigilance sur le bon déroulement des opérations : un jury est fait pour débattre !
Par ailleurs le comité de sélection des dossiers doit également être plus vigilant. Comment peut on accepter des dossiers dans lequel les fichiers des photographies ne comportent aucune metadonnée. Qu’apprend t on aux étudiants dans ces écoles ?
Michel PuechDernière révision le 23 janvier 2024 à 7:42 pm GMT+0100 par
- William Klein & François Missen
Kinshasa 1974, le combat du siècle
in Polka Magazine n°66 - 8 novembre 2024 - Micheline Pelletier
Les Açores : « Toute la beauté du monde » - 25 octobre 2024 - Micheline Pelletier
La première femme au « staff » de Gamma - 25 octobre 2024