Mardi 4 septembre 2012 – Bloc note en direct de Perpignan publié dansLe Journal de la Photographie et dans le Club Mediapart
Mardi 4 septembre
14h00 – Cette fois, tous les stands du Palais des Congrès sont en ébullition. Devant le stand de l’Association Nationale des Iconographes (ANI), il y a foule. Les jeunes gens font la queue pour montrer leurs pressbooks et tenter de décrocher un « coup de cœur de l’ANI », avec en prime une publication dans « Le journal de la photographie ».
Par une indiscrétion (merci à cette « gorge profonde »), j’apprends que le Prix de l’ANI-PixPalace sera remis à la soirée de mercredi à Misha Friedman pour son reportage sur la tuberculose en Ouzbékistan, Ukraine, Russie..
Décidément, cette année est celle de l’agence Cosmos ! (Voir Edition du Club) Annie Boulat, sa fondatrice et inlassable animatrice, a le bonheur d’avoir un sujet en projection tous les soirs ! Elle va faire des envieux…
Du coup c’est un vrai bataillon de photographes Cosmos qui est présent à Visa cette année, dans le désordre : Pascal Maître, Catalina Martin-Chico, Frédéric Noy, JB Russell, Jean-Michel Clajot, Misha Friedman, Pierre Terdjman, Ivan Guilbert, George Steinmetz, Alfredo Bini, Justin Jin, Gregorz Komar.
16h30 – Chez Canon, qui occupe une bonne partie du 1er étage du Palais des congrès, nous sommes en territoire anglo-saxon. Tous les débats sont en anglais quels que soient les intervenants. Jadis, il y avait une loi qui obligeait les sociétés à traduire les documents et les interventions, mais aujourd’hui elle n’est plus appliquée. Il faut parler anglais. Dans quelques années, on votera des crédits pour la sauvegarde de notre « patois », le français.
18h00 – Corbis est invisible au Palais des Congrès. Gary Shenk, son Président a refusé de payer un stand à Jean-François Leroy. Je téléphone à Peggy Porquet qui s’occupe en France des photographes. Elle est bien à Perpignan et attend Anil Ramchand, directeur du « département News, Sports and Entertainment » (Informations, sports et amusements !). Peggy m’informe que plusieurs photographes de Corbis sont dans la capitale catalane : Samuel Aranda (Word Press Photo 2012), Alessio Romenzi , Guillem Valle, Giuliano Koren, TJ Fitzpatrick, Ervin Sarkisov et Jean Patrick Di Silvestro.
19h00 – Dîner au restaurant Saint-Jean avec Sylvie et Jean-Pierre Pappis. Nous trinquons aux dix années d’existence de Polaris Images. Je vous en reparlerai en fin de semaine. La conversation roule sur le travail de Robert King en Syrie. « Au début, cela a été difficile de vendre les images de Robert. Et puis, tout à coup l’intérêt des rédactions a grandi et nous avons mieux vendu. En particulier ses vidéos ont rencontré l’intérêt de CNN et d’autres télévisions dans le monde. »
21h30 – Soirée de projections au Campo Santo qui débute par les images du jour. Hier c’était Laurent Van der Stockt, envoyé spécial de « Le Monde » à Alep qui avait envoyé des images, ce soir c’est Robert King de Polaris Images qui nous adresse trois clichés de bombardements dans la même ville syrienne.
Un bel hommage à la photographe Paula Lerner (1960-2012) décédée le 6 mars dernier. Elle avait longuement travaillé sur la situation des femmes en Afghanistan.
Suit un impressionnant reportage sur le Mont Bouzloudja érigé en Bulgarie du temps de l’empire soviétique à la gloire du marxisme léninisme, un reportage de Timothy Allen de l’agence Panos Pictures diffusé en France par Réa. Nous visionnons également le travail de John Vink de Magnum Photos sur les expropriations de terres au Cambodge. Mais c’est Jonas Bendiksen, de Magnum Photos pour le National Geographic Magazine, qui arrache des rires à l’assistance avec des images étonnantes de datchas en Russie.
Le sujet qui m’a le plus frappé est celui de Shobha de l’agence Contrasto diffusé en France par Réa. Un reportage « pas loin, pas cher » mais original : les courses hippiques clandestines à Palerme. La mafia locale organise des paris sur des courses de chevaux en ville !
La soirée se termine avec le premier sujet musical de cette édition de Visa : Motorhead. Pep Bonet de Noor s’est introduit dans une tournée du groupe heavy metal. Décoiffant !
23h30 – La terrasse du Café de la Poste, près du célèbre Castillet, est noire de monde. La bière coule à flot. La fête commence.
Mercredi 5 septembre
9h00 – Petit déjeuner avec Pascale Bourgaux qui remplace Lucas Menget, ancien journaliste de France 24 aujourd’hui à France 2, à l’animation des soirées de projections. « Nous étions au 61, ce bar parisien où se retrouvent les reporters, quand Jean-François Leroy discutait avec Lucas… Jean-François Leroy lui a demandé de se trouver un remplaçant. Lucas s’est tourné vers moi et m’a proposée. Cela s’est fait tout simplement ».
Pascale Bourgaux connait bien les photojournalistes. Grand reporter à la télévision belge (RTBF) elle a couvert de nombreux conflits : l’Iran, l’Irak, l’Afghanistan, l’Egypte, la Libye pour les dernières années. Elle s’est faite remarquer de la profession en réalisant l’interview du tankiste qui a tiré et tué deux reporters dans l’Hôtel Palestine à Bagdad pendant l’offensive américaine de 2003.
Hier soir, pour sa deuxième soirée de projections, elle avait déjà trouvé ses marques et son style. Pas facile d’écrire avec Gaëlle Legenne (Canal +) chaque jour pour le soir même. Pas simple non plus d’être la partenaire de Jean-François Leroy « qui est une bête de scène ». En mangeant élégamment son croissant, elle me confie que c’est une première. « J’ai fait évidement beaucoup de plateaux télé, des présentations de documentaires, mais c’était une soirée par ci par là. Ici c’est tous les soirs de la semaine ! Je vais me coucher tôt ».
10h00 – Conférence de Monika Fischer et de Mathias Braschler sur leurs photos d’anciens prisonniers de Guantanamo présentées à l’Eglise des Dominicains.
11h00 – Conférence de Krisanne Johnson, de l’agence Prospekt, sur son travail au Swaziland sur les jeunes femmes séropositives, présenté au Couvent des Minimes.
13h00 – J’invite à déjeuner Misha Friedman qui va recevoir ce soir le Prix ANI-PixPalace. Arrivé hier de New York, il est fatigué. « Cela fait plusieurs semaines que je ne dors pas, car je suis papa depuis trois semaines d’une petite fille ! » Son reportage sur la tuberculose est visible sur le web.
«J’ai la tête dans un autre projet sur la corruption en Russie. Une autre histoire, et une nouvelle vie. » dit-il simplement.
« Avoir une fille m’évite de m’interroger sur qui je suis et ce que je fais. Maintenant je dois faire, fabriquer mon nouveau reportage. J’ai commencé par bâtir un concept photographique (des images panoramiques) et trouver des financements. Aujourd’hui, la presse n’a plus d’argent, nous devons nous tourner vers les fondations. »
Moldave de naissance, sa famille a émigré aux USA quand il avait quatorze ans. Il est aujourd’hui citoyen américain et parle couramment le russe. Un atout pour traiter de la corruption.
Michel Puech pour le texte, Geneviève Delalot pour les photos
Dernière révision le 3 mars 2024 à 7:23 pm GMT+0100 par Michel Puech
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