L’International Herald Tribune fête cette année son 125ème anniversaire et organise une grande exposition de « photographies issues de ses vastes archives ». Une vente aux enchères devait avoir lieu à l’Hôtel Drouot le lundi 19 novembre. Elle est annulée et fait l’objet d’un référé au Tribunal de Grande Instance de Paris.
Article publié dans le Club Mediapart du 17 novembre 2012
«Quelle meilleure manière de célébrer notre anniversaire que celle d’ouvrir nos archives et de laisser le public voir à la fois notre riche héritage et l’histoire vue à travers les yeux de IHT. Les pièces de cette exposition illustreront le développement du journalisme photo, de la photographie de mode ainsi que la couverture d’évènements mondiaux majeurs. » déclarait Stephen Dunbar Johnson, l’éditeur du célèbre quotidien parisien en langue anglaise en annonçant l’évènement.
Cette bonne idée se doublait également d’une vente aux enchères ce lundi à l’Hôtel Drouot de 300 lots dirigée par le commissaire-priseur Yann Le Mouël, et organisée par le cabinet de Viviane Esders, experte auprès des tribunaux. L’ensemble a été estimé à 320.000 euros.
Outre que « Les organisateurs avaient tout simplement volontairement oublié de traduire les fiches et légendes des photographies de l’anglais vers le français, ils avaient surtout considéré – volontairement ou non – les photographies comme des documents anonymes, alors que chacun aurait dû avoir une signature avec les droits qui vont avec. » écrit le journaliste spécialisé Bernard Perrine dans l’édition du week-end du Journal de la Photographie qui ajoute « Les agences et les photographes concernés ont donc tout simplement fait interdire la vente prévue le lundi 19 novembre 2012 à 14h00 dans la salle 15 de l’Hôtel Drouot.
L’histoire semble totalement incompréhensible au monde de la presse, car nul n’ignore dans la profession que les photoreporters et les agences de presse photo ont laissé en dépôt gracieusement dans les services photos des quotidiens et des hebdomadaires des tirages argentiques dit « de presse ».
Cette pratique était destinée à faciliter le travail des iconographes des journaux. Les services photos avaient ainsi sous la main des documents utiles pour le traitement de l’actualité à une époque où les images ne voyageaient par Internet mais dans les sacoches de motards. Pour les photographes et les agences, elle présentait l’avantage d’une présence permanente dans les services photos et donc une meilleure chance de parution.
Depuis la numérisation des photographies, nombre de publications se sont empressées de gagner de la place dans leurs locaux en mettant à la poubelle purement et simplement ces documents ! Et, évidement, il y avait souvent « un chanceux » près de la poubelle pour récupérer ces images que l’on retrouvait aux marchés aux puces.
Ces dernières années, les ventes de ces tirages de presse ont été de plus en plus fréquentes en même temps que les documents de photojournalistes acquéraient le statut d’oeuvre d’art, d’où l’idée saugrenue de vendre aux enchères ces images classées « vintage ».
« J’ai passé cinq heures à genou pour trier les photographies appartenant à mes clients les agences Camera Press, Gamma-Rapho, Sipa Press et nous ne sommes pas parvenus à un accord avec l’International Herald Tribune » explique l’avocat Maître Lagarde.
Résultat : en lieu et place de la vente aux enchères du lundi 19 novembre, la troisième chambre du Tribunal de Grande Instance de Paris statuera en référé.
Michel Puech
Mise à jour le 19/11/12 18h30 : La 3 ème chambre du TGI de Paris a reporté au 13 décembre 2013 le référé au fond.
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