Jean-Luc Testault, directeur de la rédaction de Sipa News, et les salariés de Sipa lance un appel aux investisseurs pour sauver leur agence.
Agence de presse recherche investisseurs: Sipa sérieux, s’abstenir
Par Jean-Luc Testault, directeur de la rédaction de Sipa News, et les salariés de Sipa
Une nouvelle entreprise de presse est en danger de mort ? Rien de neuf – hélas ! – dans un secteur en plein marasme qui peine à se réinventer.
Pourtant, le projet de Sipa News est différent. L’idée est de bâtir une agence de presse qui aille concurrencer l’AFP sur tous les secteurs de l’information en France, avec des coûts et des tarifs moindres. Son produit correspond totalement aux attentes du marché français des médias. Ses premiers clients sont là, à portée de mains, prêts à signer leurs abonnements. Mais, pour prendre son envol, les premiers litres de kérosène lui font défaut.
Irréaliste ? Impossible de lutter contre les 300 journalistes texte de l’AFP, dont 40% du budget provient de l’Etat. C’est ce qu’ont pensé certains.
Et pourtant. A plein régime depuis début octobre, la rédaction de Sipa News a relevé le défi. Avec une rédaction de moins de 60 journalistes venus de l’Associated Press, de divers titres de presse quotidienne et magazine, certains de grands médias. Tous sont respectueux des standards en vigueur dans les grandes agences de presse. Le fil d’informations Sipa est fiable. Il couvre les principaux sujets du jour, avec des papiers d’explications et des angles originaux. Et, parfois, à coups de scoops et de spots, Sipa fut la première sur les infos de Une de cet automne 2012.
L’entreprise est même viable. Les prévisions 2013 de recettes étaient déjà dépassées. Et il était raisonnable de penser que le point d’équilibre serait atteint au tout début de l’année 2014.
Comment ? Sipa News consacre l’essentiel de ses dépenses à ses journalistes, en évitant les énormes coûts techniques de l’agence historique.
Les synergies avec la rédaction photo de Sipa Press, l’agence de photojournalisme fondée par Göksin Sipahioglu en 1974, jouent à plein. Il s’agit de développer un fil innovant, véritablement multimédia ; dès l’origine, il associe texte et photo. Résultat : un gain de temps précieux pour toute la chaîne de l’édition, web ou print.
Depuis octobre, plus de 35 groupes média testent le fil ; 450 journalistes y puisent leurs infos. Les « retours » de ces potentiels clients ont été bons, meilleurs même que ce que nous espérions après seulement quelques semaines de diffusion!
Mais voilà, pour des raisons inexpliquées, début novembre, Sipa News a été lâchée par ses deux actionnaires allemands. Martin Vorderwülbecke et Peter Löw sont depuis aux abonnés absents. Dès lors, le groupe Sipa n’a plus de liquidités: ce 6 décembre, il a rendez-vous devant le tribunal de commerce de Paris.
L’emploi de plus de 120 salariés est désormais en danger. Et pourtant, rappelons-le, l’entreprise est viable. Sur Twitter et ailleurs, dans les ministères, tous les journalistes de Sipa News se battent pour que l’aventure continue. Parce que le projet de Sipa est pertinent. Parce que les entreprises de presse ont besoin d’une agence prête à parler de tous les sujets sans tabou, à questionner, contre-enquêter et témoigner.
C’est parce que ce projet a le double avantage d’être rentable et utile à la démocratie que les salariés de Sipa demandent aux investisseurs de se manifester et de permettre à cette nouvelle agence de vivre. L’Etat qui verse chaque année près de 120 millions d’euros à l’Agence France Presse sans appel d’offres a aussi une lourde responsabilité. Avec seulement 2% de cette somme, il peut assurer l’avenir de Sipa News. Il le doit.
Les salariés de Sipa.Dernière révision le 12 mars 2024 à 12:10 pm GMT+0100 par la rédaction