Alors que le Tribunal de Commerce de Paris doit décider jeudi 21 mars 2013 du sort de l’agence Sipa press en redressement judiciaire, des photographes de l’agence ont écrit aujourd’hui à Aurélie Filippetti, Ministre de la Culture et de la Communication.
Madame la Ministre,
Nous les photographes, au côté de l’ensemble des collaborateurs travaillant au siège parisien de l’agence SIPA PRESS tenons à vous faire part de notre très vive inquiétude quant au sort de l’entreprise dans laquelle certains travaillent depuis plus de 30 ans et qu’ils craignent tous de voir disparaître dans un avenir plus ou moins proche.
SIPA PRESS est une institution, première agence indépendante de photojournalisme en France. En dépit de la crise que connaît notre métier, elle demeure une référence sur le marché, que ce soit en France, qu’à l’international alors que tant de grands noms ont disparu. Elle a une position de leader en France. Elle couvre l’ensemble de l’actualité mondiale grâce à un réseau mondial de photographes, et de correspondants et a des accords de distribution exclusifs avec des agences étrangères dont Associated Press, Rex Features, Isopix, Olycom, News International. L’agence se trouve aujourd’hui dans une situation qu’elle ne mérite pas suite à un désengagement brutal de son actionnaire principal.
SIPA PRESS a depuis 40 ans promu l’excellence et un travail photographique de premier plan qui lui valent une reconnaissance, à la fois de ses clients, mais aussi de très nombreux photographes avec lesquels elle collabore au quotidien. Des conflits politiques aux reportages de société, du show-biz à la culture, de l’économie au sport, SIPA PRESS est sur tous les fronts 365 jours par an. Plus de 6000 images, accompagnées de textes et de légendes, sont diffusées quotidiennement vers 40 pays.
La personnalité de son fondateur, Göksin Sipahoglu, a été déterminante dans sa réussite, et lui a permis de se constituer au fil des ans un portefeuille de photographes de renom et un fonds photographique de très haute qualité et d’une valeur historique importante.
Or, l’attrait de ce fonds photographique et sa valeur supposée semblent aujourd’hui prendre le pas sur la réalité de SIPA PRESS et nourrissent un certain nombre de fantasmes qui tendent à laisser croire que l’agence et le fonds photographique sont deux actifs totalement dissociables, alors qu’ils sont intimement liés et ne peuvent exister l’un sans l’autre.
En effet, parmi les candidats qui se sont intéressés à la reprise de SIPA PRESS, deux ont présenté des offres complémentaires par lesquelles le fonds photographique ferait l’objet d’une reprise distincte de l’agence et de ses salariés.
Ce projet, certes séduisant sur le papier, revient à réduire SIPA PRESS à son seul fonds photographique, en condamnant à plus ou moins brève échéance les salariés de l’agence car SIPA PRESS ne peut exister sans son fonds, qui constitue à la fois son histoire, le lien avec ses photographes, mais aussi une source de revenus importante.
Le fonds ne sera sauvé et préservé dans le futur que si SIPA PRESS rebondit sur ses difficultés actuelles et se reconstruit pour affronter un marché sans cesse plus difficile, mais dans lequel elle a toute sa place et de sérieux atout à faire valoir, à commencer par ses salariés.
Nous refusons une vision purement mercantile de l’agence limitée à la seule commercialisation de son histoire. SIPA PRESS mérite un projet ambitieux et une vision d’avenir pour réussir à vaincre ses difficultés.
Nous espérons que vous serez sensible à notre profonde inquiétude et à notre combat pour préserver une société qui fait beaucoup pour le rayonnement culturel de la France, pour la photographie contemporaine et enfin pour l’ensemble du milieu culturel français et international.
A la veille d’une décision importante du Tribunal de Commerce de Paris le 21 mars 2013 nous comptons sur votre réaction bienveillante en faveur d’un projet de reprise qui respecte le principe de non-découpage de l’agence.
Nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de notre très haute considération.
Au nom des photographes, Jacques Benaroch
Au nom des photographes, Jacques Benaroch
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