On est sans nouvelles, depuis le jeudi 6 juin 2013, du photographe Édouard Elias et du grand reporter Didier François de la radio française Europe 1. François Hollande a réclamé « la libération immédiate » des deux reporters confirmant ainsi la thèse de l’enlèvement.
Didier François, 53 ans, est connu pour ses reportages internationaux. C’est un habitué des zones de conflit qu’il couvre depuis des années. Il a participé en octobre 2012 à un débat lors du Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre où Edouard Elias l’a rencontré par l’entremise de « la bande de Sarejevo » : Patrick Chauvel, Laurent Van der Stockt et Rémy Ourdan du quotidien Le Monde.
Edouard Elias et Didier François sont partis pour la Syrie ce mercredi 5 juin pour faire des interviews et des portraits de médecins travaillant, en arrière des combats, pour les blessés et intoxiqués par les gaz. Edouard Elias devait faire les photos pour le web de la radio. Edouard Elias était revenu la veille de son départ d’un reportage en Afrique du Sud.
Il rentre d’Afrique du Sud et repart en Syrie
Édouard Elias est un jeune photographe de 22 ans, freelance, qui travaille pour Getty Images et pour l’agence Haytham Pictures.
Il a surgi dans le monde du photojournalisme à Perpignan en septembre 2012 lors de la 24ème édition de Visa pour l’image amené par Stéphane Dock de l’agence Vu. Tous deux revenaient de Syrie.
Edouard Elias, natif de la région de Nîmes était alors étudiant dans une école de photo de l’est de la France. C’était son premier reportage en zone de conflit, réalisé pendant les vacances scolaires ! A Perpignan, il fait le tour des stands des agences, et devant la qualité de ses photos Getty Images le prend en diffusion. Paris Match publie ses photos… Il est alors tout étonné par ce succès inattendu, mais le jeune homme ne prend pas la « grosse tête ». A la rentrée, il reprend les cours. Pas pour longtemps.
Le Spiegel, le New York Times, le Sunday Times publient ses photos de Syrie. Puis Marc Simon, directeur de la photo de VSD lui passe commande d’un premier sujet. En octobre, il vient en Normandie pour le Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre où il retrouve le photographe Olivier Voisin qu’il a connu à Perpignan.
Olivier Voisin, plus expérimenté, lui propose de repartir avec lui en Syrie en décembre 2012. Il va y rester presque trois mois pendant lesquels il va beaucoup travailler comme « stringer » pour l’AFP. Grâce à l’agence française, ses nouvelles photos refont le tour du monde.
Hélas, ce deuxième séjour en Syrie va se terminer brutalement par la mort d’Olivier Voisin et c’est un jeune homme quelque peu choqué qui rentre à Paris fin février. L’entretien vidéo que nous publions a été réalisé deux jours après le décès d’Olivier Voisin.
Choqué, mais toujours aussi passionné, entreprenant et volontaire, Edouard Elias continue à travailler. Reportage pour le Journal du Dimanche. Reportage pour VSD… Il poursuit sa route et en avril dernier, il est tout étonné d’avoir été sélectionné avec onze autres jeunes photographes pour la 20ème édition du World Press Photo Joop Swart Masterclass qui se déroule en novembre prochain à Amsterdam. Il était parti en Afrique du Sud pour préparer le travail dont le thème est l’espoir. Espérons qu’il sera au rendez-vous !
Edouard Elias et Didier François ne sont pas les premiers journalistes à avoir été enlevés en Syrie. En novembre dernier, le journaliste américain James Foley, 39 ans, est kidnappé dans le nord du pays. Et depuis, personne n’a officiellement de ses nouvelles. Le 9 avril 2013, c’est au tour de l’Italien Domenico Quirico, du quotidien La Stampa, de disparaître. Le 5 mai, le directeur de La Stampa annonçait que Domenico Quirico disparu le 9 avril « est vivant et en Syrie ».
Depuis le début de la révolte en Syrie, en 2011, 24 journalistes dont quatre Français, ont trouvé la mort en couvrant ce conflit. Vendredi 7 juin, François Hollande a déclaré depuis le Japon, où il se trouve en visite : « Je demande que ces journalistes soient immédiatement libérés ». Nous aussi !
Précision
Gilles Collignon, Président Hyytham Pictures nous écrit : « Edouard ne travaille pas pour Getty Images. Il a signé pour une seule diffusion d’images en 2012. Pour te donner l’histoire complète voilà ce qui s’est passé à Perpignan en 2012. Edouard nous contacte avec un large lot de photos de Syrie. Nous lançons alors Haytham et faisons des lectures de books pour pré-sélectionner des photographes et leur expliquer comment nous voulons travailler avec eux. J’ai édité moi-même les images d’Edouard en réduisant son éditing à 15/20 images et lui ai dit que notre agence ne serait pas opérationnelle avant le début 2013 et qu’en conséquence cela serait malhonnête de bloquer la diff de ces magnifiques photos. Nous lui avons conseillé d’aller chez Getty pour les montrer, qui les a prises, diffusées ce qui a contribué à la notoriété débutante et méritée d’Edouard. Quand Haytham Pictures a été officiellement montée, Edouard nous a recontacté et nous a rejoint. No us sommes donc la seule agence qui distribue, édite ses images en plus du travail que nous faisons avec lui pour les contacts et lui dispenser des conseils d’editing et de couverture d’événements. D’autre part, Edouard – comme tous les photographe d’Haytham – est entièrement libre de travailler pour ses propres clients. Ce qui a été le cas lorsque Europe 1 l’a contacté en direct pour ce reportage en Syrie Voilà, je tenais à faire cette petite précision en te remerciant de ton article et du soutien à Edouard et au photjournalisme. »
De son coté Anthony Drapier de Getty Images nous confirme qu’il ne diffuse pour le moment que les photos d’Edouard Elias réalisées en Syrie en aout 2012. Par ailleurs Getty diffuse également celle de l’AFP (hors France).
Dernière révision le 26 mars 2024 à 6:48 pm GMT+0100 par la rédaction
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