Chère lectrice, cher lecteur, je vous remercie de votre assiduité. En aout prochain, cela fera cinq ans qu’A l’oeil est né dans le Club Mediapart en soutien à ce quotidien dont tous prédisait le fiasco. On sait ce qu’il en est aujourd’hui. Mais…
Vous avez supporté – à tout les sens du mot – mes « papiers » avec chaleur et vous êtes de plus en plus nombreux à suivre la production d’A l’œil et à dire votre intérêt pour ce travail.
Vous êtes plus de 500 abonnés aux alertes du blog, sans compter ceux qui nous suive sur Le Journal de la Photographie, Mediapart. Sans oublier nos « friends » de Facebook et nos « followers » sur Tweeter.
Voilà, c’est bouclé !
L’année commencée à Perpignan en septembre dernier se termine avec Arles ou A l’œil n’est pas cette année faute de financement.
Entre temps, j’aurai promené ma curiosité à Perpignan, Montréal, Halifax, Québec, Bayeux, Metz, Sanary, Narbonne ; et visité quelques monuments parisiens: le tribunal de commerce et le Palais de Justice!
De nos jours, on peut rencontrer des photographes dans les vernissages, les festivals et les tribunaux !
Au cœur de nos problèmes : l’argent !
Les tarifs des droits de reproduction des « produits », des « contenus » d’information sont scandaleusement bas. Les commandes, les assigments, les garanties sont rares. L’exercice de la profession de journaliste pigiste est de plus en plus rude ; qu’il soit de plume, d’image ou de son.
- Comment faire respecter des règles décentes à cette nouvelle industrie des medias ? Comment survivre en faisant honnêtement son métier ?
Deux questions que se posent aujourd’hui tous les journalistes et qui font, et feront, débats à la rentrée.
Depuis cinq ans, j’ai la chance d’être journaliste honoraire, c’est-à-dire « à la retraite ». Cela fait de moi, un pigiste privilégié, bénéficiaire d’une pension : une pige qui tombe régulièrement. Le rêve de tout journaliste freelance! Privilégié, mais pas riche puisque mes revenus sont non imposable, ce qui signifie que je peux vivre, mais que je n’ai pas les moyens de financer mon travail. En outre, l’auto-financement du journalisme soulève une question déontologique délicate…
Voilà une question qui va meubler mes rêveries de vacancier auvergnat !
Il faut se rendre à l’évidence, il est difficile de se faire rémunérer pour les enquêtes et les reportages. Pour palier aux restrictions budgétaires, en même temps qu’elle baissait ses prix d’achat de l’info, la Presse a trouvée une solution : les blogs de ses lecteurs. Du Monde au Nouvel Obs, du Figaro aux Echos, en passant par tous les magazines, radios et télévisions, les blogueurs fournissent gratuitement de la copie qui augmente, sans cout, l’audience des sites web de ces publications bardées de publicité (à l’exception notable de Mediapart).
C’est ce qu’on nomme
avec un brin de cynisme le « participatif »
C’est ainsi qu’on peut lire, au milieu d’un brimborion de commentaires plus ou moins passionnant, des « billets de blog » de spécialistes, souvent très pointus.
Les enquêtes, comme celles que je mène sur l’histoire des agences de presse photo du XXème siècle, sur les démêlés judiciaires des photojournalistes, ou sur l’économie du secteur, requiert un considérable temps de travail, et beaucoup d’onereuse documentation (cf. Infogreffe).
Pour les reportages, il est quasi inutile de s’enquérir qui peut payer les frais. A de rare exception, la réponse est négative. Dans cette époque de « pyjama journalisme » selon le mot d’un confère, il parait souvent inutile aux rédactions en chef d’envoyer quelqu’un voir l’exposition avant d’en parler, de se déplacer pour interviewer un acteur du secteur. « Pourquoi ne fais tu pas une connexion Skype ? » m’a ton parfois répondu.
Bref, le journalisme nourrit mal son homme. Ce n’est pas nouveau, mais la paupérisation s’est dramatiquement accentuée ces vingt dernières années. Comme je n’ai pas l’intention d’abandonner, je vous dirai fin aout, si je « crowfounde », si je « monétise », ou « sponsorise » mon activité ! En attendant, je lirai avec attention vos commentaires et vos suggestions sur ce sujet.
Sauf actualité vraiment chaude, et sur laquelle j’aurai un plus, je vous donne rendez-vous fin aout pour la 25ème édition de Visa pour l’image avec au centre du monde, à Perpignan : Donald Mac Cullin !
Bon courage à ceux qui travaille cet été et à bientôt
Michel Puech, éditeur
Dernière révision le 12 mars 2024 à 12:11 pm GMT+0100 par
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