Communiqué de presse: Toute cette semaine, Bayeux s’est habillée d’images grand format, s’est animée d’échanges et s’est surtout enrichie de rencontres et de débats. Près de 300 reporters ont répondu à l’invitation de la Ville de Bayeux et du Conseil Général du Calvados. Le fait marquant de la semaine qui s’achève, c’est la guerre en Syrie qui a dominé de toute sa violence et de toute sa complexité le 20e Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre. Une 20e édition qui porte aussi l’empreinte d’un président d’exception : le photographe James Nachtwey.
Comprendre la guerre en Syrie
« C’est une histoire très compliquée, prévient Adrien Jaulmes, Reporter au Figaro.Un conflit très difficile à couvrir ».Les risques du métier, les professionnels présents à Bayeux les connaissent. Et pourtant, les questions se sont posées cette année avec encore plus de force dans un contexte particulièrement dangereux : les journalistes doivent-ils se rendre en Syrie dans ces conditions ? Quel est le prix à payer pour l’information ?
Des questions qui font écho aux interrogations du public et des scolaires, également motivés par l’envie de comprendre la situation. Comme à chaque édition, le Prix Bayeux-Calvados a pleinement joué son rôle de médiateur avec le public. Une semaine d’échanges, comme un arrêt sur image, pour trouver le temps d’aller au-delà des analyses rapides et de la dictature de l’instantané. Soirée Grands Reporters pour décrypter la nébuleuse Al Qaïda, reportage sur la guerre des drones en avant première, salon du livre, forums médias, émissions de radios en direct ou enregistrées depuis Bayeux, autant de rendez-vous auxquels le public a répondu présent. Les expositions de James Nachtwey et le retour sur 20 ans de reportages de guerre, plébiscités par les visiteurs, ont également apporté le recul indispensable à une meilleure compréhension du monde actuel.
« Edouard Elias, Didier François, Nicolas Hénin, Pierre Torrès et tous les autres …. »
Bayeux n’oublie pas les otages en Syrie. « Aujourd’hui, les journalistes sont des cibles dans cette guerre, confiait Jean-Philippe Rémy du Monde, vendredi, lors de la soirée Grands Reporters. La chasse est ouverte ». Edouard Elias et Didier François ne sont pas les seuls otages retenus aujourd’hui en Syrie.
Les reporters et les occidentaux en général représentent un enjeu politique, stratégique et économique. Au cours de ce 20e Prix Bayeux-Calvados, cette actualité s’est tristement rappelée à la mémoire du public et des professionnels. La détention en Syrie de Nicolas Hénin et Pierre Torrès a été rendue publique. Les proches de Nicolas avaient choisi le Prix Bayeux-Calvados pour annoncer sa détention en Syrie.
Un choix lourd de sens pour son père, Pierre-Yves Hénin. En effet, habitué du Prix Bayeux-Calvados, Nicolas était présent encore l’an passé au milieu de ses amis reporters.
Un encouragement pour l’avenir
C’est avant tout l’extrême qualité des reportages sélectionnés qui a été saluée par le jury avec une prépondérance des sujets sur la Syrie. Le président, James Nachtwey a particulièrement souligné la pertinence des travaux présentés dans la catégorie Jeunes Reporters : « C’est un véritable encouragement pour l’avenir ». Florentin Cassonnet et ses « Treize anglais sur le chemin de Damas » pour le magazine XXI a été primé.
C’est un seul et même reportage, filmé « Au cœur de la bataille d’Alep », par Sophie Nivelle-Cardinale (ndlr: freelance) pour TF1, qui remporte le Prix dans la catégorie Télévision et le Prix Fondation Varenne des lycéens de Basse-Normandie. C’est sans doute le signe que le regard des jeunes bas-normands s’est aiguisé au fil des éditions.
Jean-Philippe Rémy et Laurent Van Der Stockt pour le Monde, ont ramené de Syrie des images et des preuves de l’utilisation d’armes chimiques par le régime de Bachar el-Assad. Le reportage de Jean-Philippe Rémy « Sur le front de Damas » emporte le Prix dans la catégorie Presse écrite. Les deux journalistes ont également reçu le prix Web journalisme pour « Syrie : Au cœur de la guerre » publié sur Le Monde.fr.
Le Prix Presse écrite Ouest-France/Jean Marin a été attribué à Wolfgang Bauer pour son reportage « La mort vient du ciel ».
Dans la catégorie Radio, c’est toujours la Syrie et l’histoire de « Moussa et Alomari, livreurs à domicile sur une ligne de front » de Marine Olivesi pour CBC qui a été récompensée.
Côté photo, la Syrie encore avec « Bataille à mort » de Fabio Bucciarelli qui remporte le Prix Nikon tandis que le public a désigné Javier Manzano pour son reportage sur le « Siège d’Alep ».
Et puis, au milieu de ce palmarès presque exclusivement syrien, Ben Anderson emporte le Trophée Télévision Grand Format pour son reportage en Afghanistan, diffusé sur la BBC, « Mission accomplie ? Les secrets de Helmand ».
Les professionnels et le grand public emporteront avec eux également les images du Mali, de l’Egypte, d’Afrique du Sud et de tous les lieux où les reporters travaillent à la recherche de la vérité.
Chaque année, au mois d’octobre, Le Prix Bayeux-Calvados est plus que jamais une fenêtre sur le monde et ses conflits, un hommage à la liberté et à la démocratie qui sera porteur d’une émotion toute particulière 2014, 70e anniversaire du Débarquement en Normandie.
Enfin, si une seule phrase devait être retenue de ce 20e Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre, il s’agirait sans doute de celle adressée par Patrick Chauvel à des Lycéens lors d’une rencontre : « La guerre est naturelle chez l’Homme. C’est la paix qu’il faut construire, entretenir et chérir. »
Le palmarès sur le site officiel du Prix Bayeux-CalvadosDernière révision le 10 novembre 2021 à 12:27 pm GMT+0100 par