Dépêchez-vous, il ne vous reste que deux jours pour voir cette formidable exposition à la Maison des Métallos à Paris ! 123 images de la collection privée de Jean-François Leroy, directeur du festival Visa pour l’image.
Tous les pictures éditeurs, les chefs de services photo, les directeurs d’agence accumulent au long de leur carrière des tirages des photographes qu’ils font travailler. C’est une amicale tradition, parfois détournée par des indélicats qui se servent, ou plutôt se servaient dans les tirages que les photographes leur soumettaient pour publication. Jean-François Leroy, lui, les a reçues en cadeau sauf une achetée.
Evidemment, en 25 ans de travail au service des photojournalistes, Jean-François Leroy a accumulé plus de 600 tirages dans lesquels il a fait une délicate sélection pour exposer 123 images « toutes offertes sauf une ». Laquelle ? « Je ne veux pas en parler, c’est une histoire moche alors que toutes ces photos sont de formidables gages d’amitié. » Et ajoutons pour certaines, d’amour.
De Willy Ronis à Rémi Ochlik, d’Alexandra et Pierre Boulat à Sabine Weiss en passant par Sebastiao Salgado (Voir rectificatif), Stanley Greene ou Yan-Arthus Bertrand, les murs de la Maison des Métallos sont un régal pour l’œil. C’est une exposition exceptionnelle qui permet de voir une quantité incroyable de ces « plaques » qui font l’histoire du photojournalisme.
Encore que Jean-François Leroy a choisi quelques images qui ne sont pas à proprement parler du photojournalisme, mais relève plus d’une photographie artistique. Il a également accroché quelques images souvenirs comme le chat de Benoît Gysemberg, un ami disparu cette année.
Jean-François Leroy, outre d’être l’œil du photojournalisme, est également un infatigable animateur de la profession dont il se fait le bateleur sur toutes les tribunes possibles. Il a donc eu l’excellente idée d’inviter chaque soir un photographe à venir commenter une photo et parler du métier.
Mardi 5 septembre, c’était au tour de Patrick Chauvel, photographe, réalisateur, écrivain, acteur, de venir commenter une étonnante photo où un chat semble faire la course avec un char d’assaut. « C’était à Beyrouth. Le type du char m’a fait signe pour que je lui apporte un café. J’en buvais un. J’ai posé mes appareils et je lui ai amené… En fait, il m’avait demandé cela pour repérer un sniper qui a tiré… J’ai renversé le café. Ensuite le char s’est mis à tirer sur le sniper que je l’avais aidé involontairement à repérer. A un moment j’ai vu passer quelque chose dans le viseur, j’ai fait une photo puis une autre… C’était une époque où nous étions en argentique et où il fallait attendre des jours pour connaître le résultat. Quand j’ai appelé l’agence, Henri Bureau qui était rédacteur en chef de Sygma m’a dit : Alléluia ! Tu as trois doubles pages dans Times, Newsweek et Paris Match. C’était un chat ! D’où la légende : char chrétien, chat de religion indéterminée ! »
Courez à la Maison des Métallos, ce soir mercredi 6 novembre Jean-François Leroy reçoit Julien Goldstein.
Michel Puech
Rectificatif du jeudi 7 nov. 2014 16h00: Jean-François Leroy me précise : « je n’ai malheureusement pas de tirage de Salgado dans ma collection. » Toutes mes excuses à Jean-François Leroy et à Sebastien Salgado.
Exposition Toutes cadeaux, sauf une!, jusqu’au 7 novembre 2013, à la Maison des Métallos, 94 rue Jean-Pierre Timbaud Paris XIe.Dernière révision le 26 mars 2024 à 5:04 pm GMT+0100 par Michel Puech
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