L’exposition, qui se tient jusqu’au 17 décembre 2013 au Dépoland de Dunkerque, regroupe le travail de plus 50 photojournalistes de Tunis à Homs, d’Alep à Damas, en passant par toutes les capitales de ce que furent « Les printemps arabes ».
Article publié in L’Oeil de la Photographie le jeudi 28 novembre 2013
Du 15 mars à la fin juin 2012, dans le cadre pompeux, et un peu pompier, de l’Hôtel de la Région Paca à Marseille, Alain Mingam avait audacieusement déployé une exposition titrée « Printemps arabes ». En son temps, Le Journal de la Photographie en avait rendu compte.
Il était alors audacieux de vouloir figer dans une exposition des mouvements que l’occident voyait encore uniquement sous un bon jour, malgré le déjà trop grand nombre de morts dont plusieurs journalistes. On vit alors à l’œuvre le fruit des expériences professionnelles d’Alain Mingam, ancien grand reporter, rédacteur en chef des agences photo Gamma et Sygma. L’art d’être dans l’actualité, Mingam sait ce que c’est. Le défi fut relevé avec brio.
Et c’est à Marseille, que par les hasards d’une réunion, Michel Delebarre, maire de Dunkerque et de sa communauté, sénateur, ancien ministre, eut littéralement le coup de foudre pour « la force des images, la passion d’Alain Mingam et de tous ces photographes, ces hommes qui s’engagent et rapportent de fantastiques témoignages. Oui, cette exposition, je l’ai voulue » dit-il avec force.
Alain Mingam reçut donc mission d’actualiser l’exposition de Marseille, renommée
« Révolutions arabes : l’épreuve du temps ». Tout en gardant les thématiques (Les jeunes, les femmes, les anonymes, les migrants) Alain Mingam a tiré parti d’un lieu exceptionnel : le Dépoland de Dunkerque. Un immense hangar aux murs de briques, ancien atelier d’un fournisseur de pièces électriques de ce qui fut un joyau du port de Dunkerque : la réparation navale.
« L’épreuve du temps, subie par ces révolutions ou contre- révolutions en marche,
est omniprésente sans pour autant éteindre tout espoir de solutions pérennes. »Alain Mingam
L’intérieur de ce vaste lieu est occupé par des murs et des murets bâtis pour une exposition précédente qui forment comme un souk proposant tirages photographiques de différentes tailles, écrans pour reportage télé ou textes. Tout cela est signé des meilleurs reporters de guerre du moment.
Au centre de cette médina, une carte blanche a été donnée à Laurent Van Der Stockt. Le photographe et son confrère rédacteur ont été les journalistes qui ont rapporté dans Le Monde non seulement le récit et les photos d’une attaque chimique au gaz, mais également les preuves matérielles de ce crime de guerre.
Laurent Van Der Stockt est passé par des dizaines de pièces, salles à manger, cuisines, chambres, toutes mutilées par la guerre. Il les a photographiées, et à Dunkerque elles sont exposées en grandeur nature. On entre donc dans une pièce dont les murs sont les photos d’appartement de la banlieue de Damas. D’un coup, on est en Syrie ! Alors que dans toute l’exposition surgissent des visages, là, il n’y a personne. C’est un lieu vide d’humain, c’est le royaume de la guerre. Glaçant.
En se faufilant entre deux murs, on se retrouve en mer avec Olivier Jobard qui a embarqué deux fois sur ces navires, ces boat people qui viennent, quand ils ont de la chance, s’échouer sur l’île de Lampedusa entre la Sicile et la Tunisie. Olivier Jobard vient d’être le premier lauréat du prix créé en souvenir du photographe américain Tim HETHERINGTON tué en Libye en 2012, ces images des migrants disent clairement que pour eux il n’y eut jamais de printemps.
Egypte, Bahreïn, Yémen, Libye, Tunisie… Tous les mouvements arabes sont présents à Dunkerque. Les cris que l’on lit sur les photos sont autant de questions posées aux occidentaux qui les regardent. Il y a de la douleur, de l’amour, de l’humour et malheureusement un grand drame, la guerre civile qui règne en Syrie et rode dans les autres pays du Maghreb ou du Proche-Orient.
Cette exposition est plus qu’une exposition, c’est à la fois une installation artistique et un magazine ouvert au grand public dont la rédaction a été exigeante. De l’émotion il y en a, mais il y a aussi de l’analyse, un point de vue.
C’est un véritable évènement que s’offre Dunkerque pour cette année où la ville est capitale régionale de la culture. Nul doute que les amateurs belges, anglais, allemand ou luxembourgeois vont accourir. Peut-être plus vite que les parisiens.
Michel Puech
Ecoutez le reporage de Jean-Louis Vinet sur WGR
REVOLUTIONS ARABES: L’EPREUVE DU TEMPS
Jusqu’au 17 décembre 2013
DEPOLAND
33, rue du Ponceau
59140 Dunkerque
Horaires et modalités d’ouverture au grand public
Accueil du grand public en visite libre avec présence de médiateurs sur site pour l’accueil et l’accompagnement sur l’exposition.
Horaire d’ouverture :
Mardi au vendredi de 10h à 19h
Samedi et dimanche de 14h à 19h
Un événement labellisé « Capitale régionale de la culture, Dunkerque 2013 » organisé par « Nord Pas de Calais » et « Dunkerque Grand Littoral »
Links :
Reportage radio :
Reportage video : http://www.a-l-oeil.info/blog/2013/11/12/de-dunkerque-a-damas-ar/
Dernière révision le 26 mars 2024 à 5:04 pm GMT+0100 par la rédaction
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