Ce devait être la révolution de la presse ; les prétendus « journaux gratuits » allaient enfin remettre les Français à la lecture des quotidiens (sauf pendant les vacances, faute de publicité !).
Le grand soir n’aura pas lieu : onze ans après sa création, l’un d’entre eux, 20 Minutes (propriété à 50/50 d’un groupe norvégien, Schibsted, et du premier quotidien régional français, Ouest-France) vient d’annoncer un plan de licenciements.
La Direction de ce quotidien projette de faire disparaître son service photo et une partie du pré-presse. Résultat : 13 suppressions de postes dont les 8 reporters photographes (2 à Paris et 6 en région).
Les journalistes restants seront priés de rédiger, faire des photos et des vidéos ; à défaut ils feront appel aux agences, mais plus sûrement aux photos réalisées par des amateurs priés d’envoyer les clichés pris avec leurs téléphones portables.
20 Minutes ne sera-t-il pas tenté de sortir sans photos, ou avec les seules photos gratuites ?
Pour le SNJ-CGT, cette décision de 20 Minutes et de son copropriétaire français Ouest-France est un scandale. Elle intervient au moment où la ministre de la Culture et de la Communication attend les résultats d’une mission sur d’éventuels codes de bonnes conduites entre éditeurs et agences, d’une part, et entre agences et reporters photographes, d’autre part, mais aussi sur l’utilisation de la photo dans la presse.
Ouest-France a déjà annoncé un plan de suppression de 137 emplois dans son groupe. A qui le tour après 20 Minutes ?
Le SNJ-CGT dénonce ces politiques de suppressions d’emplois et, notamment, de journalistes comme seule réponse à une prétendue crise de la presse. Il serait temps de revenir aux fondamentaux de l’information en tournant le dos à sa financiarisation qui exige des bénéfices à deux chiffres. Il n’y a pas si longtemps, la Direction de 20 Minutes se félicitait de ses résultats financiers pour 2012 et se vantait « de la solidité de son modèle économique pour la 5e année consécutive ». Il faut croire que ce n’était pas suffisant pour les actionnaires.
Le SNJ-CGT apporte tout son soutien et sa solidarité à la rédaction de 20 Minutes qui a exprimé hier sa profonde inquiétude et rappelé l’importance cruciale de la photographie pour le journal : «L’image est une composante essentielle de notre travail de journaliste et ne saurait être sous-traitée de façon permanente par des personnels dont ce n’est pas le métier. La disparition du service photo aurait un effet irréversible sur la qualité de 20 Minutes. Sans bonne photographie et sans bon traitement iconographique, il ne peut y avoir d’information digne de ce nom. Or, l’information est un droit, comme le rappelle si bien le slogan de 20 Minutes. A cet égard, la photographie fait partie intégrante de l’ADN de 20 Minutes et ne saurait être considérée comme non-essentielle à l’avenir. »
Montreuil, le 13 décembre 2013 SNJ-CGT
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Dernière révision le 26 mars 2024 à 4:57 pm GMT+0100 par Michel Puech