Dans le cadre de son partenariat avec le grand quotidien belge Le Soir, le Musée de la photographie de Charleroi expose jusqu’au 18 mai 2014, un travail de dix jours en République populaire démocratique de Corée, à la chambre, du jeune Maxime Delvaux.
« J’ai voulu éviter d’avoir un regard journalistique sur ce pays, de mettre en scène la misère » a expliqué Maxime Delvaux vendredi 24 janvier 2014, lors du vernissage de son exposition. « L’idée c’était d’avoir un regard neutre sur la Corée du Nord. D’avoir une approche très détachée. »
De ce point de vue, on peut dire que le travail de Maxime Delvaux (30 ans) est une réussite. Photographe belge spécialisé dans l’architecture, diplômé de l’INRACI 2008, il a fondé en 2011 avec un autre photographe le collectif 354. Le collectif travaille dans les secteurs de la photographie publicitaire et d’architecture et réalise également des projets plus personnels, comme celui exposé.
Par contre on ne peut que s’interroger sur cette vision « artistique » d’un pays dirigé par un grand prédateur de la liberté de la presse (cf Reporters sans frontières) et décrit par tous les organismes défendant la liberté comme un enfer pour la population.
«J’avais une fascination pour ce pays coupé du monde. On a très peu d’infos sur ce qu’il s’y passe. On ne sait pas vraiment à quoi ça ressemble. J’avais vu quelques images d’un hôtel incroyable que j’ai photographié à mon tour lors de mon séjour sur place. J’avais envie d’aller voir de mes yeux. Je suis donc parti avec une des agences qui organisent des voyages en Corée du Nord. Bien sûr, quand on part là-bas, on sait que la liberté sera restreinte. On ne sait pas ce qu’on peut s’attendre à photographier. Etre là, c’est une expérience incroyable, comme retourner à l’époque soviétique.» a déclaré naïvement Maxime Delvaux (30 ans) à Jean-Marie Wynants de la revue Photographie ouverte.
Avec ses photographies à la chambre, Maxime Delvaux donne à voir une Corée du Nord qui ne risque pas de lui valoir les foudres du grand leader Kim Jong-un, celui-là même qui est capable d’envoyer un de ses « journalistes » en camp de concentration pour une faute d’orthographe dans le nom de son père.
A voir ces images si semblables à celles de la propagande, et à entendre ce jeune homme, on se demande à quoi, à qui, ce travail est-il utile. Et surtout, on s’interroge sur les raisons qui poussent des institutions à le mettre en valeur. Les travaux à la chambre et les paysages sont à la mode. Cela suffit-il ?
En accrochant uniquement trois photos, le Musée de la Photographie de Charleroi ne s’engage guère, par contre on est plus perplexe, et plus sévère, avec le choix du quotidien Le Soir où l’on espère la rédaction mieux informée que l’artiste sur cet empire du mal.
Michel Puech
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En pratique
Le Musée est ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 18h – 11, avenue Paul Pastur (GPS : Place des Essarts) B-6032 Charleroi (Mont-sur-Marchienne). Tel. 32 (0)71 43.58.10 – Fax 32 (0)71 36.46.45.
- Liens www.museephoto.be
- · www.maximedelvaux.com
- · http://uk.phaidon.com/agenda/photography/articles/2013/april/09/how-to-photograph-north-korea/
Dernière révision le 26 mars 2024 à 5:07 pm GMT+0100 par Michel Puech
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