Je suis un journaliste heureux. Ça n’a l’air de rien, dit comme ça, mais…
Quand je pense au temps où Pierre Christin, directeur de l’IUT de journalisme de Bordeaux se débarrassait de moi en m’envoyant en stage au quotidien Combat – c’était en juin 1970 –…. Depuis, le journalisme a épousé une révolution mondiale, celle de la télématique.
A l’époque, j’écrivais mes premiers articles à la main. Je les transcrivais sur une machine à écrire portable (4 kg environ). Vu les fautes de frappe et d’orthographe, il fallait généralement réitérer la fastidieuse opération trois ou quatre fois, avant d’avoir une copie présentable au rédacteur en chef.
Entretemps, je m’étais collé du « blanc correcteur » sur les mains et le pantalon, j’avais déchiré un papier carbone en me tachant les doigts d’encre noire. Je m’étais engueulé avec ma femme et avait renversé mon verre de vin, mis des cendres de cigarette partout.
Aujourd’hui Word est mon ami.
A l’époque, le matin en arrivant au journal, je retrouvais Louis-Marie Horeau qui avait la charge avec moi de découper l’interminable ruban de papier que crachait en continu, et dans un bruit d’enfer, le téléscripteur de l’AFP. Nous portions les dépêches triées et classées par thème aux différents chefs de service.
A l’époque, la conversation téléphonique transatlantique était un évènement, avait un coût exorbitant et une qualité sonore déplorable. Recueillir à distance l’information relevait de l’envoyé spécial.
Aujourd’hui Skype est mon ami.
A l’époque, pour voir le premier rewriting de dépêche publié avec ses initiales dans Combat, il fallait qu’une armée de tunisiens composent sur des linotypes des lignes de caractères coulées en plomb et assemblées par des typographes en blouse maculée d’encre. Le poids des mots était réel. L’édition était une industrie lourde.
Aujourd’hui Word Press est mon ami.
Je suis un journaliste heureux, mais…
Vous l’avez compris, je suis un journaliste heureux puisque je suis le possesseur d’une carte de presse de « journaliste honoraire » (n°29 249), c’est-à-dire d’une façon plus populaire, celle d’un journaliste à la retraite.
Tous les mois, la CNAVTS me verse une « pige » de 582,44 €, l’ARRCO de 515,27 €, l’AGIRC de 454,28 €,ce qui me situe dans la moyenne des revenus des français. Pas de quoi faire des folies, mais, suffisamment pour vivre mieux que pendant ma jeunesse de freelance.
Précisons pour une bonne transparence, qu’en 2013, j’ai déclaré au Trésor public une unique pige de 233 € , et depuis le début de l’année, il n’y a que L’œil de la Photograph200ie qui m’a réglé 2000 € et l’agence Sipa press 250 € pour les publications de l’année, de photos d’archive.
Pas de quoi « couvrir » tous les festivals de photographies, ni d’aller enquêter sur les agences de presse de New York, Hambourg, Milan ou Londres… Pas de quoi financer des déplacements pour interviewer les grands acteurs du photojournalisme.
Le confort « de la retraite » me permet de vous écrire, de tenter de vous informer sur les deux thèmes qui m’ont de tout temps tenu à cœur à parts égales : le journalisme et la photographie.
J’ai pensé à beaucoup de solutions, observer ce que font mes confrères, et finalement ai renoncé à l’abonnement payant à « A l’œil ».
Un abonnement, c’est un engagement sur l’avenir qui ne peut-être que le fait d’une équipe Pour un être indépendant, c’est une contrainte de production contradictoire avec l’exigence de liberté qu’autorise l’auto-publication, le « blogging » ou, comme je préfère l’appeler le nouvellisme en référence à l’ère de la « presse manuscrite » pré-Gunterberg.
La publicité ? Compte tenu de l’audience d’happy few de « A l’œil » (7000 visiteurs/mois), les recettes ont été jusqu’alors anecdotiques.
Il reste les « produits dérivés »… Tirages photographiques, dossiers pdf, etc. : du boulot en plus, et j’ai déjà du mal à traiter tous les sujets possibles, et qui nous intéressent. Mais, ça viendra les pdf.
Aujourd’hui, Paypal est mon ami
J’opte donc pour le « don », pour l’argent que vous voudrez bien volontairement me donner pour que je puisse approfondir mes enquêtes et aller là où il faut, quand il le faut sur le terrain voir ce que vous aimeriez que j’ai à l’œil pour vous.
Un paiement au gré de votre satisfaction de lectrice ou lecteur. Un paiement pour ceux qui le peuvent, du montant que vous voulez.
La liberté pour vous, et pour moi. Merci.
Michel Puech
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Ps : Naturellement, je publierai chaque année, en même temps que ma déclaration d’imposition, les sommes que vous aurez bien voulu me verser. Une transparence que le journalisme exige des politiques, et qu’il est bien le moins que nous nous appliquions. Dans le même esprit, dorénavant figurera en bas de chaque article, un petit mot d’explications sur les conditions financières de réalisation.
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