Les Assises International du Journalisme et de l’information se sont tenues du 16 au 18 octobre 2014 à Metz. A l’œil publie l’intervention d’Alain Le Gouguec, journaliste, président de Reporters sans frontières comme contribution aux débats.
A Bayeux, samedi 11 octobre 2014, le public, constitué de 120 habitants de la ville, a décerné le Prix Photo-AFD au reportage du photographe Emin Őzmen diffusé par l’agence Sipa press relatant une des premières décapitations « de traîtres » en Syrie en août 2013. Ce vote du public s’est fait à l’opposé de celui du jury des professionnels qui a décerné le Prix Photo-Nikon à un reportage beaucoup plus soft du pigiste de l’AFP à Bahreïn, Mohamed Al-Shaikh. (Lire notre article et la tribune du photographe Ammar Abd Rabb)
Le débat né à Bayeux a rebondi, à Paris le week-end dernier lors du colloque « Quelle histoire pour le photojournalisme ? » organisé par Michel Poivert et le Jeu de Paume ; et à Metz, aux Assises du journalisme. Et aujourd’hui, dans Le Monde, le collectif de cinéastes syriens Abounaddara écrit : « La place aux images réalisées par les citoyens-journalistes syriens viendrait compenser ce manque (ndlr : de regards sur les civils). Mais ces images arrachées au chaos ne pouvaient avoir un sens qu’à la faveur d’un travail éditorial strict. Or, on a eu tendance à les diffuser pour aguicher les téléspectateurs ou les apitoyer. Le voyeurisme a parfois été poussé jusqu’à diffuser des images montrant des Syriens torturés ou violés, alors même que YouTube les avait retirées de sa plate-forme en raison de leur atteinte à la dignité humaine. »
Vendredi 17 octobre 2014, les Assises avaient programmé le débat « Le journalisme face à la barbarie » en ces termes : « L’horreur provoquée par l’assassinat de James Foley, de Steven Sotloff ou d’Hervé Gourdel. Son insupportable mise en scène par les groupes terroristes de l’Etat Islamique pose à nos démocraties un terrible défi. Elle interpelle aussi chaque journaliste au plus profond de sa mission. »
Cinq journalistes étaient appelés par les Assises du journalisme et de l’information à dire leurs doutes et leurs convictions comme autant de marqueurs pour notre réflexion commune, Philippe Rochot, grand reporter pour France 2 et France Inter, Edith Bouvier, grand reporter, Nordine Nabili, directeur du Bondy Blog, Pierre Haski, cofondateur de Rue89 et Alain Le Gouguec, président de Reporters sans Frontières.
Ce dernier a accepté qu’A l’œil publie son intervention extrêmement précise, large et mesurée au poids d’une expérience et de compétences reconnues par toute la profession.
On peut par ailleurs écouter l’ensemble des interventions grâce à WGR, la radio des grands reporters.
MP
Intervention d’Alain Le Gouguec, président de Reporters sans frontières
Ecouter l’intervention :
J’assistais, hier soir, à la présentation d’un film documentaire que diffusera ce week-end (demain à 22h00, dimanche à 18h00) la chaîne Public-Sénat. Le titre de ce reportage : « Voyage en barbarie ».
Les auteur(e)s, Cécile ALLEGRA et Delphine DELOGET, ont enquêté sur les enlèvements dont sont victimes les jeunes Erythréens qui fuient leur pays en très grand nombre. De l’autre côté de la frontière, au Soudan, ils tombent aux mains de bédouins égyptiens qui les emmènent et les retiennent dans le nord du Sinaï. On leur laisse leurs téléphones portables afin que leurs familles puissent entendre leurs cris quand on les frappe et quand on les torture atrocement. Ce procédé permet aux ravisseurs d’obtenir une rançon contre la libération de leurs otages. En quelques années, 50.000 migrants érythréens auraient vécu cet enfer.
Beaucoup d’entre eux n’ont sont jamais revenus.
Pourquoi ont-ils quitté leur pays ?… Parce qu’il est dirigé depuis près d’un quart de siècle par un parti unique et par un dictateur, Issayas AFEWORKI.
Avoir 20 ans en Erythrée, c’est n’avoir connu que lui, la méfiance permanente, la peur du mot de trop, l’arrestation qui guette pour un oui et pour un non.Là-bas, les citoyens tentés par le journalisme risquent de mourir par cuisson, autrement dit « à petit feu », très lentement… On a coutume de les enfermer dans un container en acier que l’on place sous le soleil. Voilà comment périssent nos confrères érythréens.
On les cuit.
C’est pour ne pas être cuits à leur tour (parce qu’ils veulent témoigner de ce que le dictateur AFEWORKI fait subir à son peuple) que ces jeunes érudits érythréens franchissent la frontière. Et là, fuyant la barbarie de l’intérieur, ils tombent presque aussitôt sur celle de l’extérieur.
Ils passent de Charybde en Scylla.Un détail, encore, à propos de ce petit Etat de la Corne de l’Afrique : L’Erythrée occupe la 180e et dernière place au classement mondial 2014 de la liberté d’informer, classement établi par Reporters sans frontières. En comparaison, la Syrie fait presque figure de bonne élève ; elle apparaît à la 177e place, juste devant le Turkménistan, la Corée du Nord… et l’Erythrée.
La Syrie, justement.
Depuis mars 2011, quarante journalistes professionnels y ont été tués en exerçant leur métier. Je dis bien « journalistes professionnels » car de nombreux autres acteurs de l’information (net-citoyens, citoyens journalistes) payent aussi de leur vie le fait de vouloir montrer, raconter, dénoncer les exactions commises sur place, tant par les djihadistes de DAECH que par les soudards de Bachar EL ASSAD. Derrière ce nom –« EL ASSAD »- résonne celui de Mazen DARWISH. Le directeur du « Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression » est emprisonné du côté de Damas depuis près de 3 ans.
A ce stade de mon exposé, je me permets deux remarques :
- Premièrement, les victimes des assassins de Syrie sont d’abord des journalistes locaux. C’est le cas partout ailleurs ; une loi du genre, en quelque sorte
- Deuxièmement, la barbarie n’est pas propre au monde que l’on dit « arabo-musulman ».
Il n’est pas nécessaire, en effet, de se remémorer la sanglante histoire européenne du XXe siècle pour en avoir l’illustration.
En moins de quinze ans, très loin de la Syrie, quatre pays totalisent plus de 200 tués parmi les journalistes, blogueurs, collaborateurs des médias. Ces Etats ne sont situés ni au Moyen-Orient, ni en Afrique. L’islam, quand il y est présent, est ultra-minoritaire. Je parle-là des terres latino-américaines du Mexique, de la Colombie, du Brésil et du Honduras dont les habitants se déclarent majoritairement chrétiens.
Là-bas, on ne s’entretue pas dans les rues entre factions rivales au nom de Dieu ou de la démocratie. Les tueurs n’arborent pas le drapeau noir des égorgeurs du calife, ils n’ont pas d’étendard.
Narcotrafiquants, corrupteurs et corrompus, grands propriétaires terriens accapareurs de terres agricoles, affameurs de paysans, ils assassinent, ils enlèvent, ils font disparaître les corps des curieux quand ils ne se contentent pas d’en déposer et d’en exposer les têtes en place publique afin de faire grandir la terreur qu’ils inspirent aux populations locales.
Car, là-aussi, on décapite.Le Mexique.
Officiellement, ce pays d’Amérique du nord est un pays en paix. Les reporters qui veulent savoir et faire savoir pourquoi plus de 80.000 civils mexicains sont morts par homicide depuis 2006, mettent leur propre vie en danger. Pour avoir dénoncé cet état de fait, la correspondante de RSF à Mexico fait elle-même l’objet de menaces de mort.
Les barbares sont hélas partout sur la planète ; dans les cartels de la drogue, chez les fous d’Allah, dans les prisons de Bachar EL ASSAD comme dans les containers d’acier d’Issayas AFEWORKI.
En Syrie, en Erythrée, au Mexique, leurs actes nous sidèrent. C’est exactement ce qu’ils cherchent. Nous sidérer. Nous plonger dans l’effroi, c’est leur crédo, c’est leur dénominateur commun.
Ce qui les distingue les uns des autres relève du « business plan ». Je m’explique.
– Les barbares d’Amérique latine aspirent à la discrétion. Leur principe de base : les morts ne parlent pas. Tout reporter qui franchit la ligne rouge est donc assassiné pour n’avoir pas à témoigner. L’odeur du cadavre fait le reste, elle tient les importuns à distance. Pas la peine de convoquer internet ! On peut continuer à faire des affaires dans son coin et à tuer, en toute impunité.
C’est ce qui est arrivé samedi dernier dans l’Etat du Sinaloa. Des hommes (des inconnus) ont fait irruption dans le studio de la radio locale « Fiesta Mexicana ». Les auditeurs ont entendu des coups de feu, puis des cris, puis plus rien. L’homme qui était au micro et que l’on venait de réduire au silence, combattait l’accaparement des terres agricoles et dénonçait les autorités locales. Il s’appelait Atilano Roman TIRADO.
– En Syrie et en Irak, les assassins ne veulent pas être discrets. Ils s’exhibent, ils bombent le torse. Ils recrutent via le web, ils attirent les candidats au Djihad en leur laissant entrevoir une vie sans entraves, la fin des frustrations. C’est la voie ouverte à la propagande, à la communication mensongère de masse. Dans cette stratégie, l’information vérifiée n’a pas sa place. Les journalistes sont donc indésirables, sauf s’ils peuvent être instrumentalisés.
En guerre contre l’Occident, ces barbares investissent autant le terrain militaire que l’espace médiatique. Ils mettent en scène leur barbarie, ils en inondent les réseaux mondiaux. Leur message est clair, il dit : « Regardez qui nous sommes et tremblez ! Demain, peut-être, nous serons chez vous ».
Au Mexique, on répand localement la peur dans le but de protéger sa petite activité criminelle. En Syrie, la terreur se veut conquérante. Elle franchit les frontières en surfant sur le net. Symbole de liberté et d’échanges entre les Peuples, la toile mondiale est infiltrée par les ennemis de la liberté, par les ennemis de l’humanité.
J’ai évidemment une pensée pour tous ceux, journalistes ou non, qui sont tombés sous les lames et les balles de ces salauds. Dans la trop longue liste des assassinés, permettez-moi d’évoquer Ghislaine DUPONT et Claude VERLON, de Radio France Internationale, tués au Mali le 2 novembre 2013.
Bientôt 1 an.
Mais je ne souhaite pas pour autant que l’émotion suscitée par ces meurtres fasse oublier à mes consœurs et à mes confrères que leur mission inlassable consiste à aller, consiste à voir, écouter, comprendre, rapporter, témoigner.
Je ne les incite évidemment pas à affronter le pire, là précisément où le simple fait d’être journaliste signe un arrêt de mort. Le monde entier sait ce que l’on risque en Syrie. J’aimerais seulement attirer l’attention des reporters et celle de leurs patrons sur l’importance qu’il y a à dénouer aussi souvent que possible les racines de la barbarie plutôt qu’à en exposer les symptômes sous forme de têtes coupées.Nous, journalistes, devons témoigner, oui…
…Mais témoigner de quoi ?S’agissant des évènements liés à l’islamisme le plus radical et aux guerres qu’il induit, nous avons le devoir d’observer ici même, en France, les humiliations que subissent les jeunes musulmans sur le marché du travail, dans la recherche d’un logement, à l’entrée des discothèques…
Il nous faut nous intéresser à la non-résolution du long conflit israélo-palestinien, à l’impuissance récurrente de la communauté des nations et à ses officines, au rôle joué par les Etats du Golfe ainsi que par la Turquie sur la scène moyen-orientale…
Nous devons regarder de très près les canaux financiers, les circuits de ventes d’armes, l’industrie de l’armement dont les tycoons s’emploient à contrôler les médias…
Voyons à qui profitent les crimes, tentons de répondre à cette question : qui sont les barbares ?
Voilà de quoi nous témoignons déjà, voilà de quoi il nous faut témoigner davantage et sans relâche. C’est un travail de longue haleine.
A plus court terme, efforçons-nous de désigner les tueurs comme il se doit. Ce sont des assassins, rien d’autre que des assassins. Ne parlons jamais d’ « exécution » d’un otage ; une exécution répond à une sentence prononcée par un tribunal, c’est-à-dire par un rouage de l’institution judiciaire, pilier de tout Etat de droit. L’entreprise d’Abou Bakr AL BAGHDADI n’a de légitimité que celle qu’elle se donne. Dans nos commentaires et même entre nous, proscrivons l’expression « Etat islamique » seule. Faisons-la précéder du mot « organisation » qui s’accommode si bien de l’adjectif « criminelle ».
Organisation criminelle.Evitons d’encourager la peur, la psychose. Ne tombons pas dans les pièges que nous tend l’organisation « Etat islamique ».
Ne diffusons pas les photographies –même floutées- de ses actes barbares.
Ne montrons pas les otages dans le pyjama orange qu’on leur fait parfois revêtir de force. C’est une mise en scène. En renvoyant aux images connues des prisonniers de Guantanamo, ce procédé de couleur paraît rendre à l’Occident la monnaie de sa pièce. C’est un remboursement au centuple, car la mort s’ensuit. N’avilissons pas ceux qui vont mourir en les exposant au public ainsi vêtus. Au contraire, rendons à ces victimes leur dignité en diffusant leurs portraits d’avant l’enlèvement, d’avant l’assassinat.
Agissons sans précipitation. N’en rajoutons pas dans ce qui peut être de nature à susciter l’émotion. Encourageons la discussion dans les rédactions. Accomplissons un travail de fond. Tendons vers l’exhaustivité. Ne cédons pas à la dictature de l’instant.
Oublions la concurrence, laissons de côté nos rivalités à chaque fois que la barbarie nous y invite.
Vous me direz : photographes, rédacteurs, JRI ou radioreporters, ce sont le plus souvent des journalistes en « free-lance » qui vont risquer leur peau à seule fin de témoigner.
Très souvent, ils partent sans assurance, à moins qu’ils ne souscrivent celle que Reporters sans frontières met à leur disposition, comme les gilets pare-balle et les casques en Kevlar. Ils s’en vont sans lettre accréditive, parfois sans carte de presse. Combien d’excellents photoreporters en effet, faute de parvenir à vivre de leurs clichés de guerre, se voient contraints de faire des photos de mode ou du publireportage ?…
Ces confrères ne tirent pas l’essentiel de leurs revenus de l’exercice du journalisme, soit…
Mais quand vous vous présentez devant un checkpoint sans une accréditation, sans une carte professionnelle, comment convaincre des hommes armés que vous êtes bien un reporter, pas un espion ?…
En fait, pour tout viatique, ces pigistes ne transportent qu’une phrase ; ils l’entendent régulièrement quand ils cherchent des clients avant le départ. On leur dit : « Je ne te commande rien. Si tu t’envoies là-bas, appelle-moi une fois sur place et dis-moi ce que tu as à me vendre. Là, on verra ». Au mieux, c’est un accord de principe, sans formalité. Cet accord ignore les frais qu’une telle mission engage. Ce n’est pas un contrat.
De cela aussi, on doit discuter au sein des rédactions.
A cela aussi, il faut réfléchir collectivement et professionnellement.La vie d’un pigiste vaut celle d’un titulaire. Oublier cette évidence peut s’avérer criminel.
La sécurité des journalistes face à la barbarie est bien l’affaire de tous.
Je le dis clairement ici, j’en conjure les dirigeants de nos grands médias : mutualisons nos énergies et nos réflexions. Déjà, les responsables de plusieurs grandes rédactions françaises ont décidé en France, il y a plusieurs mois, de partager leurs pratiques, leurs expériences et leurs retours d’expériences.
Ils l’ont fait notamment à l’initiative de l’Agence France Presse dont je tiens à saluer ici la clairvoyance et le sens de l’organisation. Le postulat est simple : si le risque est inhérent au grand reportage de guerre, ce risque peut être mieux maîtrisé qu’il ne l’est actuellement. Ne négligeons aucune formation, aucun matériel nouveau. Faisons en sorte que les journalistes « free lance » n’en soient pas écartés. Encourageons et facilitons l’échange permanent d’informations entre les directions des médias.
Sur le terrain institutionnel, l’organisation que je préside dispose d’un statut consultatif aux Nations-Unies. Elle s’en sert.
Il y a huit ans, RSF a œuvré en faveur de l’adoption, par le Conseil de sécurité de l’ONU, de la résolution 1738, premier texte consacré au respect, à la protection et à la sécurité des journalistes et des personnels associés dans les conflits armés.
Depuis décembre 2006, c’est peu dire que l’application de ce texte demeure très insuffisante. Il n’en reste pas moins que la résolution 1738 constitue une avancée importante car elle forme désormais le socle d’une construction juridique sur laquelle s’appuie l’ONG que je préside pour en finir avec l’impunité dont jouissent, dans le monde, 9 tueurs de journalistes sur 10.
L’an dernier, en décembre 2013, le Secrétaire général de Reporters sans frontières est allé devant l’ONU afin de plaider notamment pour qu’un mécanisme de contrôle de cette résolution soit mis en place et que soit créé un groupe de suivi confié à des experts indépendants. L’action internationale de RSF se focalise aussi sur l’adoption d’un amendement à l’article 8 du Statut de la CPI, la Cour pénale internationale. Un tel amendement permettrait de faire en sorte que les attaques délibérées contre les journalistes soient qualifiées de « crimes de guerre ».
Car lutter contre la barbarie, c’est aussi combattre l’impunité qui profite aux barbares.
Et là, je reviens au thème évoqué ce soir dans le cadre de ces 8e Assises internationales du journalisme et de l’information : « Le journalisme face à la barbarie ».
Notre profession s’est formée, a grandi au fil de l’histoire humaine sur le terreau de la barbarie. Sur ce plan-là, on ne peut feindre la surprise car rien n’a vraiment changé.
De la boucherie de 14-18 à l’extermination programmée des Juifs et des Tsiganes sous le joug hitlérien, des guerres coloniales au délire sanglant des Khmers rouges, des dictatures militaires sud-américaines au génocide rwandais sans oublier, presque à nos portes, le long siège de Sarajévo, nous n’avons pas cessé de témoigner.
Il nous faut continuer.
Avec les héritiers d’Oussama BEN LADEN, certes, la donne s’est modifiée. D’observateurs plus ou moins tolérés, nous sommes devenus des cibles.
Jadis, les problèmes que rencontraient les journalistes de terrain étaient jugés « accidentels ». Ils ne tombent plus sous les balles perdues. Dans la plupart des cas recensés par RSF, c’est bien une intention de tuer qui les blesse ou met fin à leurs jours.Alors, que dire face à cette situation nouvelle ?
Rien de plus, je le crains, que ce que je viens de développer et qu’à présent je vais résumer :
1/ Intéressons-nous autant, sinon plus, aux racines de la barbarie qu’à ses effets immédiats.
2/ D’une manière ou d’une autre, refusons de relayer les messages que les barbares postent sur internet… Ne soyons pas les complices de leur sordide entreprise de communication planétaire. Etudions des parades. Appelons-les par le seul nom qui leur vaille : assassins.
3/ Traquons inlassablement les réseaux financiers.
4/ Mettons nos dirigeants, nationaux et mondiaux, face à leurs responsabilités.
5/ Dans les rédactions, insistons sur la sécurité des reporters, employons-nous à la renforcer.6/ Unissons nos réflexions, oublions la concurrence face à la barbarie quand les vies des journalistes et de leurs correspondants sont en jeu.
7/ Devant les Nations-Unies, devant la CPI, devant toute instance mondialement compétente, combattons l’impunité qui met les agresseurs de journaliste à l’abri des poursuites.
Enfin, nous, en Europe et en Occident d’une manière générale, aidons du mieux possible les acteurs locaux de l’information, apportons-leur notre soutien sans réserve dès qu’ils sont menacés en voulant témoigner.
Je vous l’ai dit, les journalistes locaux sont toujours les premiers visés. Au cours de la semaine écoulée, deux d’entre eux sont morts, assassinés par les islamistes parce que journalistes.
Rendons hommage, par nos applaudissements, à Raad AL AZZAWI et à Muhanad AKIDI, tous deux citoyens irakiens, délibérément tués en Irak dans l’exercice de leur métier.
Merci de votre attention.
Alain LE GOUGUEC
Président de Reporters sans frontières
Le 17 octobre 2014
En savoir plus
Reporters Sans Frontières
http://fr.rsf.org/
Site des Assises du journalisme et de l’information
WGR, la radio des grands-reporters et écrivains voyageurs
116 rue Albert Londres, l’émission d’Alain Le Gouguec sur France Inter
http://www.franceinter.fr/emission-116-rue-albert-londres