Au Couvent des Minimes, l’exposition de Mohamed Abdiwahab est l’une des plus remarquées de cette 27e édition de Visa pour l’image. Le jeune photographe de l’AFP est arrivé à Perpignan. Rencontre.
Ecouter l’interview de Mohamed Abdiwahab / AFP
Depuis 2011, 35 journalistes ont été tués en Somalie. Le pays est plongé dans le chaos.
Le gouvernement central est loin de contrôler l’ensemble du pays, ce qui rend le travail des reporters extrêmement dangereux. Même à Perpignan, en rencontrant Mohamed Abdiwahab, on perçoit très vite la grande tension qui l’habite mais surtout une incroyable détermination.
La volonté farouche d’aider son pays en faisant connaître au monde entier la violence qui y règne. C’est un choix courageux car les reporters qui travaillent pour des agences internationales comme l’AFP sont très visibles, donc très menacés.
Quel est votre impression de Visa pour l’image en arrivant de Mogadiscio ?
Pour moi c’est véritablement un rêve ! Je suis né à Mogadiscio. J’avais quatre ans lorsque le gouvernement précédent s’est effondré (ndlr : et que le pays est tombé dans le chaos). Pouvoir participer à ce festival est une expérience extraordinaire, je n’en crois pas mes yeux.
Avez-vous eu le temps de voir votre exposition au Couvent des Minimes ?
Oui je l’ai visitée hier, et encore ce matin. C’est extraordinaire. A vrai dire, j’avais oublié certaines photos car c’est un travail que j’ai commencé en 2011. Je vois qu’il y a beaucoup de visiteurs et c’est formidable.
On connait vos images parce que vous êtes diffusé par l’AFP et publié dans le monde entier, mais comment êtes-vous arrivé à la photographie ?
J’ai grandi dans un pays ravagé par la guerre. J’ai dû voir la souffrance, les bombardements, les morts, la famine, les bains de sang, j’ai été le témoin de choses vraiment horribles et en grandissant j’ai décidé de monter au monde ce qu’est la vie des somaliens, c’est comme ça que j’ai commencé à faire de la photographie et du journalisme.
J’imagine que ce doit être compliqué de démarrer dans ce métier en Somalie ?
A vrai dire, j’avais beaucoup d’amis qui travaillaient pour l’AFP et donc à mesure que je grandissais je me suis mis à travailler pour un journal local. Par la suite, j’ai eu des amis qui travaillaient pour des agences de presse internationales et ces amis m’ont appris l’art du photojournalisme. Ils m’ont aidé, c’est comme ça que j’ai commencé.
Vous êtes pigiste pour l’AFP, arrivez-vous à vivre correctement ?
Oui, je ne suis pas au staff de l’AFP mais ça va…
Mais vous avez assez d’argent pour vivre et travailler ?
En tant que journaliste vous ne devez pas vous attendre à gagner beaucoup d’argent. Peut-être, vous pouvez vous faire un nom dans le métier, mais si vous êtes journaliste vous n’êtes pas un businessman donc vous ne pouvez pas vous attendre à gagner beaucoup d’argent !
Votre rêve, votre ambition, si par un coup de baguette magique, en Somalie ?
C’est une bonne question ! Vous savez, en tant que journaliste nous sommes obligés de couvrir la violence mais si je fais un rêve c’est celui que la vie s’améliore dans mon pays comme à Paris ou à Londres et que nous puissions faire des reportages sportifs, des reportages à la plage…
Propos recueillis par Michel Puech avec Jean Mispelblom-Beiger
Photographies Geneviève DelalotDernière révision le 26 mars 2024 à 5:44 pm GMT+0100 par
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