Du 12 au 15 novembre 2019, lors du prochain conseil municipal de la Ville de Paris, le sort de l’agence de presse Roger-Viollet gérée par La Parisienne de Photographie sera scellé après plus de deux ans de tergiversations de la municipalité parisienne.
Le 13 juin 2017, le personnel de l’agence et quelques dizaines de photographes et professionnels de l’image s’étaient réunis sur la place de l’Hôtel de Ville de Paris pour « sauver Roger-Viollet ». On savait déjà que la municipalité dirigée par Anne Hidalgo voulait se débarrasser de la diffusion de l’encombrant legs des époux Roger-Viollet.
A la mort d’Hélène Roger-Viollet et de Jean Fischer son mari, Jacques Chirac, alors maire de la capitale, avait accepté un legs d’environ 12 millions de clichés couvrant plus d’un siècle de photographie. Un temps, Henri Bureau, l’ancien photographe et rédacteur en chef de Sygma avait dirigé cette agence, puis Roger-Viollet était passé sous la coupe de la société Parisienne de Photographie, une société d’économie mixte… Beaucoup d’aventures dont A l’œil a largement rendu compte et qu’on peut lire dans notre dossier.
En final le 13 décembre 2018, le conseil de la ville avait accepté une mise en concession des fonds photographiques de la Ville de Paris dont ceux de Roger-Viollet et de France-Soir. Des fonds historiques énormes qui couvrent plus d’un siècle. Plusieurs agences de presse, Sipa, Gamma-Rapho, Abaca, AKG avaient manifesté leur intérêt. Mais un cahier des charges qui leur semblait avoir été rédigé par Ubu les découragea rapidement.
La Ville de Paris exigeait une reprise de douze salariés, un loyer de 100 000€ pour le très bien situé siège social rue de Seine à Paris, en plein Saint-Germain-des-Prés. En outre, si la Ville de Paris s’engageait à fournir quelques centaines de milliers de scans issus des fonds, mais les conditions pour de nouvelles numérisations apparaissaient fort compliquées et bien trop lourdes pour une exploitation au fil de l’actualité. Un seul exemple : quand Notre-Dame de Paris brûle, la presse est intéressée à consulter toutes les archives sur l’histoire de l’édifice. S’il faut réunir une commission administrative pour y accéder, les magazines seront « bouclés » avant que la convocation ne soit expédiée !
En final, selon nos informations, il ne resta plus face à cet appel d’offres que deux candidats : l’agence de la Réunion des Musées Nationaux (RMN) et une société NDLR qui exploite des fonds sous les marques : Photononstop, Grafic Obsession, Smartlike et La Photothèque. Selon nos informations, la RMN n’a jamais montré un grand intérêt pour cette concession du fait d’un projet de loi visant à mettre en « open content » tous les fonds des musées. Ce serait la société NDLR qui aurait la faveur de la commission chargée de présenter aux élus la solution.
Vous avez dit NDLR ?
Photononstop est la marque la plus connue de la société NDLR. Sur son site web elle se présente comme « la première agence photographique française indépendante …/…, née de la fusion de deux agences prestigieuses, DIAF et la Photothèque SDP ».
La société NDLR a été immatriculée sous forme de SARL au registre du commerce de Bobigny le 3 décembre 1990 et transférée à Paris 26 mai 1998, c’est alors une agence de conseil en communication qui se présente comme « pionnier de la ruée vers le web ».
En 2000, NDLR « fusionne » avec l’agence DIAF et La Photothèque. NDLR s’installe au 46 rue de la Mare à Paris dans le 20e arrondissement d’où elle opère aujourd’hui. Le 16 octobre 2000, la SARL NDLR devient une société anonyme au capital de 167 900€ détenu par ses deux co-fondateurs et co-présidents : Christian Delannoy et Gilles Taquet, Président du Syndicat National des Agences Photographiques d’Illustration Générale, (SNAPIG).
A noter que Gilles est le frère d’Adrien Taquet, Secrétaire d’État auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé, député LREM de la deuxième circonscription des Hauts-de-Seine, membre de la Commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi pour un Etat au service d’une société de confiance.
La confiance, c’est justement la question qui se pose face à la perspective de voir les dizaines de millions de clichés des fonds Roger-Viollet et de France-Soir attribués à la société NDLR.
NDLR disposerait sur son site de plus de 3 000 000 de photos sur des thèmes très divers : vie quotidienne, art de vivre, voyage, cuisine, décoration, mode et beauté… Seuls le patrimoine et l’histoire sont oubliés. Et depuis la reprise en 2009 de GraphicObsession, NDLR se présente également comme le « 1er portail de la photo et des vecteurs libres de droits ».
Quelques questions
Comment NDLR va-t-elle intégrer et commercialiser les fonds historiques de Roger-Viollet et France-Soir ? Compte tenu du mystère consécutif à un appel d’offres et à la difficulté de joindre les dirigeants de NDLR, il est impossible de le savoir. Espérons que les élus auront plus d’information pour prendre leur décision.
Espérons également que les élus de la Ville de Paris auront des engagements précis sur les conditions de la reprise des contrats de travail des salariés de Roger-Viollet, la Parisienne de Photographie car depuis deux ans, ils sont dans l’incertitude totale de leur sort.
Enfin, on espère également que les élus auront des éclaircissements sur l’imbroglio d’entreprises qui chapeaute, appuie, soutient NDLR. Le rôle de la société Delta images, mentionnée dans le futur contrat et également détenue par les mêmes dirigeants que NDLR ne semble pas très clair. D’ailleurs, ni NDLR, ni Delta Images ne publient pas leurs comptes comme l’exige la loi française.
Affaire à suivre
Michel Puech
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Découvrir les sites de NDLR
Photononstop.com : banque d’images généraliste
Biosphoto.com : « la référence européenne de la photo animalière et naturaliste »
Biosgarden.com : « le seule site dédié aux images de jardin et aux loisirs créatifs »
Biosmotion.com : « visionnez et achetez des clips sur la plus importante banque d’images vidéo Droit Gérés et Libres de Droits, provenant de milliers de contributeurs à travers le monde. »
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