Ce 15 novembre 2019, le Conseil de la Ville de Paris a voté la mort de la plus vieille agence de presse photo parisienne, l’agence Roger-Viollet. Hélas, la disparition de cette agence fondée en 1938 n’a guère ému le monde de la presse et de l’édition. Gamma, Sygma, Rapho et des dizaines d’autres agences de photo ont déjà disparu au profit des grands stocks américains.
Il était 11 heures ce matin de novembre, quand, malgré l’intervention de plusieurs élus de groupes d’opposition à la majorité municipale, ont été votées deux décisions : la concession à la société NDLR, plus connue sous le nom de Photononstop.com, de la commercialisation des fonds Roger-Viollet et de France-Soir et, la fermeture de l’agence de presse la Parisienne de Photographie qui gère depuis 2005 les fonds Roger-Viollet.
La majorité municipale de gauche sauve la face en faisant adopter la création d’un « comité de surveillance » où siégeront des représentants du personnel pour s’assurer que les douze salariés de la Parisienne de Photographie ne seront pas licenciés … Il reste que sur les 35 licenciements déjà opérés ces deux dernières années à la Parisienne de Photographie, seules trois personnes auraient retrouvé un emploi.
Le choix de la société NDLR face à la Réunion des Musées Nationaux (RMN) est simple à comprendre. La perspective que les musées et bibliothèques de la Ville de Paris adoptent prochainement l’« open content », c’est-à-dire la mise à disposition gratuite des images a fait pencher la balance pour NDLR qui semble-t-il d’après les délibérations l’accepte ! Le fait qu’une société privée qui ne dépose pas ses comptes ait été préférée à un établissement public de l’Etat reste un mystère.
Autre mystère, il semble que les élus de la ville ne se soient pas enquis de savoir pourquoi onze candidats initiaux à cette concession, dont des agences de presse bien connues sur la place (Sipa, Abaca, AKG, Gamma-Rapho, etc), et gérant des fonds importants, ont jeté l’éponge. Pourtant parmi ces candidats, il y avait par exemple Gamma-Rapho qui gère des millions d’images, dont celles de Keystone, et qui publie des comptes bénéficiaires !
Autre point curieux : la Parisienne de Photographie perdait beaucoup d’argent, mais aucun élu n’a relevé le fait qu’à sa création la Ville de Paris avait chargé la barque ! La Parisienne de Photographie devait sauvegarder et numériser les fonds en plus de leur commercialisation, c’est-à-dire que la Ville s’était débarrassée de tâches lui incombant et qui ont maintenant été reprises par elle via la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris (BHVP).
Aujourd’hui, NDLR hérite d’un chiffre d’affaires un peu supérieur au million d’euros et d’une subvention de 482 000€ sans frais de sauvegarde ni de numérisation. Espérons que cela lui permettra de survivre dans un marché en pleine révolution !
Michel Puech
www.puech.info
Le communiqué de presse de NDLR
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