Les papyboomer, les vieux soixante-huitard avons craint pendant notre enfance et notre jeunesse la « 3ème guerre mondiale ». Puis, comme nous n’avons pas été écoutés ni par de Gaulle, ni par Pompidou, ni par Giscard d’Estaing et encore moins par les suivants, la crainte dominante fût celle du nucléaire… Et ce fût Tchernobyl et Fukushima avant qu’on ne « découvre » que la planète, elle-même, était en danger.
Les virus… Nous avions confiance en notre santé républicaine : des chercheurs intelligents, des médecins compétents, de bons hôpitaux. Ebola, c’était en Afrique et le VIH était maitrisé. Même pas peur !
A Paris, ce qui nous inquiétait, c’était de voir nos archives photographiques être vendues ou passées dans les mains de nos amis américains ou anglais… Les conséquences de la crise financière de 2008 ont réduit au silence Gamma, Sygma, Rapho et une centaine de « petites agences » qui furent les piliers du « photojournalisme à la française » de la seconde partie du XXème siècle.
Seule Sipa Press, après moultes péripéties survit. Les unes derrière les autres, les agences de presse photo françaises se sont retrouvées devant les tribunaux de commerce. Jetez un œil sur la courbe du nombre d’agences ! Et quand, « miraculeusement » Corbis échappa ici à la faillite, ce fût pour être vendue aux chinois de Visual China Group !
On croyait avoir touché le fonds,
mais de Chine – encore – le coronavirus vient achever
la destruction de notre production photographique.
Sans publicité, sans distribution faute de kiosquiers et de facteurs, la presse écrite est en grand danger. Résultat : chute des téléchargements d’images, plus de commande de reportage mises à part quelques exceptions et triomphe des grandes agences wired AP, Reuters, AFP… On ne s’en plaint pas, mais la diversité des points de vue en souffrira.
Et puis, le plus dramatique, ce sont ces centaines de photographes et de photojournalistes sans véritable couverture sociale depuis que le libéralisme triomphant a imposé l’auto-entreprenariat en lieu et place du salariat. Sans chômage, sans sécurité sociale, sans retraite, un nombre inestimable de photographes indépendants va se retrouver dans une misère plus noire que celle qu’ils traversent depuis dix ans.
Dans le monde d’après, il faudra faire l’inventaire des erreurs passées.
Michel Puech
Notre série CORONAVIRUS*
Dernière révision le 3 mars 2024 à 7:14 pm GMT+0100 par
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