A l’œil a envoyé une série de trois questions à des patrons d’agences de presse ou d’agences photographiques pour connaître la situation face à cette « guerre » mondiale et sanitaire. Aujourd’hui, la réponse de Guillaume BInet fondateur de l’agence et de Stéphane Lagoutte directeur de l’agence photographique Myop.
M.Y.O.P. sont les initiales issues d’un poème de Paul Eluard : « Mes yeux objets patients / étaient à jamais ouverts / sur l’étendue des mers / où je me perdais ». Depuis le début du XXIème siècle Myop n’a cessé, à travers mille vicissitudes, d’étoffer son équipe qui compose aujourd’hui un des « staff » les plus prestigieux avec Ed Alcock, Guillaume Binet, Julien Daniel, Agnès Dherbeys, Marie Dorigny, Julie Hascoët, Pierre Hybre, Olivier Jobard, Alain Keler, France Keyser, Oan Kim, Olivier Laban-Mattei, Stéphane Lagoutte, JeEd Alcock?Ed Alcock?Ed Alcock?an Larive, Ulrich Lebeuf, Pascal Maitre, Olivier Monge, Julien Pebrel, Jérémy Saint-Peyre, etc.
Guillaume Binet, fondateur et Stéphane Lagoutte l’actuel directeur se sont concertés pour nous apporter les réponses suivantes.
1/ Est-ce que des collaborateurs de votre agence sont malades et/ou absents (combien par rapport à l’effectif) ?
Nous sommes pour la plupart souvent confrontés à des situations extrêmes dans des pays confinés et devons adapter notre façon de travailler. Personne chez MYOP n’est vraiment malade, certains continuent à travailler avec leur carte de presse, l’agence délivre des mandats pour ceux qui doivent/veulent sortir documenter la pandémie.
2/ Quelles consignes et équipements ont été donnés à vos photographes sur le terrain ? Et ont-ils rencontré des difficultés avec les forces de l’ordre ?
Evidemment nous n’avons pas d’équipement spécifique différent de celui de tout le monde. Donc froidement nous savons travailler dans de telles conditions, et laissons chacun évaluer les risques qu’il prend.
3/ Craignez-vous que cette pandémie vous conduise à revoir vos projets ou même à fermer votre agence ? Quelles incidences sur votre chiffre d’affaire ?
Aujourd’hui tous nos projets sont à l’arrêt, culturels, institutionnels et de reportage. Des mois d’investissements mis à terre. Nous avons demandé un report d’échéance pour le règlement de notre TVA, des impôts ainsi que de notre loyer. Notre activité au ralenti nous oblige aussi à mettre notre employé au chômage partiel. Notre trésorerie, la légèreté de la structure, l’implication des photographes nous permettront de tenir.
Myop n’a cessé de rebondir ces 15 dernières années ce sera un rebond supplémentaire.
Ce sera simplement un rebond supplémentaire si l’économie du culturel et de la presse reprennent dans des conditions acceptables. Sinon nous entrerons en résistance, prendrons le maquis. Et finalement c’est ce que nous faisons le mieux.
Notre inquiétude est beaucoup plus générale. D’une telle crise sanitaire et économique nous craignons que les protectionnismes qui en résulteront attaquent d’abord la culture et la liberté de la presse. Ou au mieux ne s’en soucient guère.
Nos métiers et nos sociétés souffriront d’une relance économique qui se préoccupera peu de l’art, de la philosophie ou plus généralement d’humanité.
Les grands mouvements alternatifs artistiques sont nés d’une réaction, espérons que la photographie telle que nous la concevons renaîtra sous une forme plus forte et pertinente.
Plus d’une crise sanitaire c’est d’un monde à l’envers depuis longtemps dont nous souffrons, le temps des cerises est venu, espérons.
Propos recueillis par courriel le 27 mars 2020
MP