A l’œil a envoyé une série de trois questions à des patrons d’agences de presse photo pour connaître la situation face à cette guerre mondiale et sanitaire. Aujourd’hui, la réponse de Patricia Morvan et de Patrick Codomier codirecteurs de l’agence VU.
Fondée en décembre 1985 dans le giron du quotidien Libération, l’Agence VU est aujourd’hui installée dans les magnifiques locaux du 58 rue Saint-Lazare dans le 9ème arrondissement de Paris. En 1996, l’Agence VU rencontre Xavier Soule, un architecte passionné d’images, qui lui donne les moyens de son développement avec son groupe ABVENT (éditeur et distributeur de logiciels d’images et de design). Contacté Xavier Soule n’a pu nous répondre car, selon sa réponse en SMS, il termine « son épisode Codiv 19, un souvenir de FotoFest à Houston ». L’agence compte plus de trente photographes membres et autant de photographes distribués sans compter la gestion d’archives photographiques.
1/ Est-ce que des collaborateurs de votre agence sont malades et/ou absents (combien par rapport à l’effectif) ?
A ce jour, aucun membre de l’équipe n’est malade.
Nous avions pris toutes nos dispositions afin que chacun puisse travailler de son domicile. Nous avons gardé notre esprit d’équipe et nos outils collaboratifs ont rendu possible cette nouvelle organisation.
2/ Quelles consignes et équipements ont été donnés à vos photographes sur le terrain ? Et ont-ils rencontré des difficultés avec les forces de l’ordre ou les autorités ?
L’ensemble des photographes sont confinés chez eux, nous n’avons pas eu besoin de donner des consignes de travail. Ils respectent les règles en vigueur.
Cyril Zannettacci est actuellement l’un des rares à continuer à travailler, notamment pour le quotidien Libération.
Il ne faudrait pas que cette nouvelle « guerre » soit sans images, la création est indispensable. Nous avons donc demandé aux photographes de partager leur quotidien, leurs pensées en images que nous publions pour l’instant sur les réseaux sociaux. Les premières réponses comme celles de Magali Lambert, Richard Dumas, Françoise Huguier, Juan Manuel Castro Prieto, Amélie Landry ou bien celles de Bruno Boudjelal nous offrent beauté, imagination, révolte et réflexion.
3/ Craignez-vous que cette pandémie vous conduise à revoir vos projets ? Quelles incidences sur votre chiffre d’affaires ?
Cette crise sanitaire sans précédent va évidemment nous obliger à penser nos projets différemment.
Nous sommes inquiets pour nos métiers, nos photographes. Avec le CLAP (Comité de Liaison et d’Action pour la Photographie), qui réunit les agences et collectifs d’auteurs-photographes Modds, Signatures, MYOP, Tendance Floue et l’Agence VU’, nous nous organisons pour informer les photographes de leurs droits et des mesures prises et mises en place par le gouvernement pour les artistes et les structures indépendantes. Toute la profession se mobilise via les syndicats, groupements et associations de photographes.
Évidemment nous sommes inquiets pour tous les projets qui sont au mieux reportés et au pire annulés. Tout ou presque toutes nos activités commerciales sont suspendues à l’évolution de la situation.
Propos recueillis par courriel le 30 mars 2020
MP