A l’œil a envoyé une série de trois questions à des photographes pour connaître la situation face à cette guerre mondiale et sanitaire. Aujourd’hui, les réponses de Corentin Fohlen.
Il est né en 1981. « Cette année-là, Mitterrand accède au pouvoir et Bob Marley décède. A priori son arrivée sur Terre n’aurait aucun lien avec ces deux évènements. » écrit Corentin Fohlen sur son site web dans un style qui illustre la double personnalité de ce photographe.
D’abord photojournaliste, il couvre avec succès de nombreux conflits : au Congo, en Afghanistan, en Géorgie, en Thaïlande etc. Deux évènements vont particulièrement le marquer : le séisme en Haïti et « les printemps arabes ». Proche du photographe Lucas Dolega tué en 2011 à Tunis, il se « couvre » néanmoins la révolte en Egypte et en Libye. Mais depuis cette époque, il a recentré son travail d’une part sur Haïti où il fait plus de vingt séjours et publie trois livres, d’autre part sur des travaux plus personnels, plus artistiques.
Toutefois, il continue de travailler pour la presse internationale en réalisant notamment beaucoup de portraits.
1/ Votre santé est-elle affectée par le virus ? Depuis quand êtes-vous confiné(e) et dans quelles conditions ?
Oui, j’ai attrapé – a priori – le coronavirus car j’ai eu tous les symptômes. Cela a duré une semaine mais ne m’a pas vraiment empêché de travailler chez moi.
2/ Avez-vous cessé de travailler « sur le terrain », sinon comment vous protégez-vous ? Si vous ne travaillez plus en extérieur que faites-vous ?
J’ai eu seulement deux commandes sur l’actualité, le reste du temps je suis sorti photographier Paris vide. Dans Paris vide sans croiser ni s’approcher des gens, difficile d’attraper le virus. Au supermarché je me lave les mains avant et porte un masque. Comme j’ai déjà eu le virus, je protège surtout les autres.
En intérieur chez moi je réalise une série d’autoportraits sur la condition de photographe confiné. La série s’intitule « Photomaton » et est une réflexion caustique sur la vie enfermé volontaire, l’ennui, la réflexion sur la situation unique.
3/ Quelles sont pour vous les conséquences financières ? Quelles relations avec vos clients ? Et pensez-vous bénéficier d’aides financières ?
Pour l’instant, et comme la plupart des photographes pigistes, je continue de recevoir les ventes des mois précédents donc ça va. Ce sera plus dur dans les mois à venir quand l’absence de commande et de ventes d’archives se fera effectivement sentir.
Je vais me renseigner sur les aides venant d’Audiens (piges salariales), ou de mon statut d’auteur Agessa
Propos recueillis par courriel le 5 avril 2020
MP