A l’œil a envoyé une série de trois questions à des photographes pour connaître la situation face à cette guerre mondiale et sanitaire. Aujourd’hui, les réponses de Reza Deghati.
Reza Deghati est un photographe français d’origine iranienne qui aime à citer des poèmes. Hier, il nous en proposait un de Farid al-Din Attar comme un autoportrait : « J’ai survolé longtemps les plaines et les mers / J’avançais pas à pas la tête dans les cieux / J’ai franchi les montagnes, les vallées, les déserts / J’ai parcouru un monde dans le temps du déluge. »
En 1981, Reza Deghati quitte son Iran natal à la suite de reportages photographiques qui dénoncent les exactions du gouvernement à la suite de la révolution de 1979 publiés dans la presse internationale et en particulier dans l’hebdomadaire américain Newsweek. Ses photos sont alors diffusées par Sipa Press.
En 1985, il est cofondateur de Black Star France dirigé par Mark Grosset. En 1991 il débute une longue et étroite collaboration avec le National Geographic.
Avec son épouse Rachel Deghati écrivaine, il crée l’agence Webistan. C’est un photographe engagé qui a multiplié les actions humanitaires parallèlement à la poursuite de son activité de photojournaliste qui l’a mené dans plus de trente pays.
Reconnu internationalement, il est membre de la National Geographic Society, a été honoré par le World Press Photo, et la France l’a même fait Chevalier de l’Ordre national du Mérite.
1/ Votre santé est-elle affectée par le virus ? Depuis quand êtes-vous confiné(e) et dans quelles conditions ?
A ma connaissance, n’ayant pas fait le test, je ne suis pas atteint du virus et n’en ai pas les symptômes. Je suis confiné depuis le mardi 17 mars après-midi, à Paris, chez moi, en famille. C’est la première fois que je reste aussi longtemps à Paris, à la maison et en famille, une belle découverte.
2/ Avez-vous cessé de travailler « sur le terrain », sinon comment vous protégez-vous ? Si vous ne travaillez plus en extérieur que faites-vous ?
Après une longue réflexion, même si j’ai préparé mon sac d’appareils, j’ai décidé de ne pas couvrir cette « guerre » à l’extérieur car la promiscuité avec ma famille l’exposerait au virus si moi-même je faisais des reportages sur cette situation sanitaire. Dans les conflits auxquels je suis habitué, je suis seul à prendre les risques, ce qui n’est évidemment pas le cas ces jours-ci. D’où ma décision.
En dehors d’un suivi constant des nouvelles dans le monde, je suis en contact permanent avec un nombre important de photographes dans le monde (dont une partie de mes élèves) et dans des régions dont on ne parle pas nécessairement. Par ailleurs, je lis, regarde des films, partage un temps précieux avec mes enfants revenus à la maison pour le confinement et je travaille sur mes archives et évidemment, je continue à faire des photographies.
3/ Quelles sont pour vous les conséquences financières ? Quelles relations avec vos clients ? Et pensez-vous bénéficier d’aides financières ?
Les conséquences financières sont désastreuses. Plusieurs projets, voyages, conférences, formations, expositions et reportages ont été annulés (peut-être reportés, mais cela n’est pas certain) en France et dans le monde. L’avenir est incertain quant à leur mise en œuvre future. Les clients sont également touchés comme tout le monde. C’est un effet domino. Je ne bénéficie d’aucune aide. Certaines mesures proposées par l’Etat ne couvrent pas la perte.
Propos recueillis par courriel le 6 avril 2020
MP
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