A l’œil a envoyé une série de trois questions à des agences de presse, a des agences photographiques et à des collectifs de photographe pour connaître la situation face à cette guerre mondiale et sanitaire. Aujourd’hui, la réponse Clément Saccomani managing director de Noor Images basée à Amsterdam.
Noor images a été fondée le 6 septembre 2007 à l’occasion du festival Visa pour l’image par les photographes Samantha Appleton (USA), Jon Lowenstein (USA), Philip Blenkinsop (GB), Pep Bonet (Espagne), Jan Grarup (Danemark), Stanley Greene (USA), Yuri Kozyrev (Russie), Kadir van Lohuizen (Pays-Bas), Francesco Zizola (Italie). Trois d’entre eux, l’anglo-australien Philip Blenkinsop, le néerlandais Kadir Van Lohuizen et l’américain Stanley Greene (1949-2017) ont quitté l’Agence VU à ce moment-là. Depuis, ils ont été rejoints par Nina Berman (USA), Andrea Bruce (USA), Jon Lowenstein (USA), Sebastian Liste (Espagne), Bénédicte Kurzen (France), Olga Kravets (Russie) Alixandra Fazzina (GB), Heba Khamis (Egypte) Sanne De Wilde et Tanya Habjouqa (Jordanie / USA)
Noor, lumière en arabe, se définit comme un collectif ou une coopérative de journalistes, d’auteurs, de photographes, d’artistes et cinéastes particulièrement expérimentés. Noor est dirigé par Clément Saccomani assisté de Chloé Zanni, de Maria Goirigolzarri et de Pierre Mohamed-Petit.
Clément Saccomani qui répond à nos trois questions est né en France en 1981. Il a été photographe indépendant diffusé par l’agence Gamma. En 2009, il a rejoint Magnum Photos et en a été le directeur du bureau de Paris de 2011 à 2015 date à laquelle il a pris la direction de Noor à Amsterdam. En 2017 à Bayeux, au Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre il déclarait à propos de sa conception collective du travail de reporter : « C’est un gros gâteau dont le reporter, lorsqu’il appuie sur l’objectif, serait la cerise. Et beaucoup de maillons participent à l’élaboration de ce gâteau. Les photographies ne sont que la fin d’un long processus. »
1/ Est-ce que des collaborateurs de votre agence sont malades et/ou absents (combien par rapport à l’effectif) ?
Nous croisons les doigts mais aucun de nos collaborateurs n’est malade. Néanmoins, nous sommes tous confrontés à la réalité de cette maladie et sommes solidaires de toutes et tous.
2/ Quelles consignes et équipements ont été donnés à vos photographes sur le terrain ? Et ont-ils rencontré des difficultés avec les forces de l’ordre ou les autorités ?
Nous avons partagé sur nos réseaux plusieurs consignes de sécurité à destination des photographes et des photojournalistes qui souhaitent couvrir cette réalité. C’est un bon moment pour partager son savoir-faire, ses conseils. Aucune image ne mérite de mettre sa vie et celle de ses proches et de ses sujets en danger. Aucune. Il y aura toujours le temps de raconter cette réalité mais la vie humaine est bien plus précieuse.
3/ Craignez-vous que cette pandémie vous conduise à revoir vos projets ? Quels incidences sur votre chiffre d’affaire ?
Oui, cette pandémie nous amène à repenser notre mode de fonctionnement, certains projets sont annulés, d’autres sont mis en attente et oui cela a déjà un impact sur notre chiffre d’affaire. Nous sommes face à une crise qui sera longue, douloureuse et multiple. Il nous faut constamment nous adapter mais je crois profondément que nous sortirons tous plus forts de cet instant. Il nous faut aussi penser de manière solidaire, il n’y a plus de place pour les problèmes d’ego, mais des solutions globales, pour toutes et tous.
Propos recueillis par courriel le 7 avril 2020
MP