« Zinou » est décédé le 12 novembre 2020 à l’hôpital d’Alger, victime du Covid. C’était un reporter photographe très connu et apprécié des deux côtés de la Méditerranée.
« Nous l’appelions Zinou, le diminutif algérois de Zinedine alors que son vrai prénom est Nacerdine » se souvient le photographe Christian Ducasse qui était l’un de ses amis. « Mes souvenirs avec lui remontent à son arrivée à Gamma en 1987 où son compatriote Mohamed Lounes l’a intronisé. Zebar a entamé avec Gamma une fertile collaboration, s’immisçant dans les dents creuses de l’information, sur des territoires délaissés par le staff. Patient, industrieux, son engagement dans le photojournalisme s’apparentait à une course de fond sur un tempo medium.»
« Basé à Alger depuis 2008, Zebar était devenu la providence de rédactions de qualité qui s’attachaient ses services. Son rapport à l’actualité faisait de lui un partenaire précieux. Loin des news il a aussi aimé mettre en lumière son Algérie natale par des projets de livres dont quelques-uns étaient en chantier. Un en particulier sur Oran. »
La disparition de Zebar a touché beaucoup de photographes notamment parmi les anciens « staffeurs » de Gamma. « La première fois, je l’ai rencontré par hasard à Alger où il faisait un sujet sur les jeunes. » confie Mohamed Lounes le pilier de Gamma. « A chaque fois que j’allais voir ma famille en Algérie, on se voyait. C’était un frère pour moi. »
« Zebar… Zinou… Nous étions toujours en contact » déclare Floris de Bonneville l’ancien rédacteur en chef de l’agence Gamma . « Nous avons communiqué encore la semaine dernière…. Je l’aimais bien, c’était un copain avec qui on pouvait parler de tout, y compris de politique ou de religion. Photographiquement parlant, il était très intéressant. Il a fait des superbes images de l’Algérie. Pour moi il a été vendeur dans les deux agences numériques, Foto Digital Bureau puis Global Photo, que j’ai créées dans les débuts du XXIème siècle. Nous avions ensemble aussi essayé de monter un festival de photo à Alger mais ça n’a rien donné malgré ses efforts. Son départ est un coup terrible. »
Avant de trouver une place à Gamma, « il a commencé vers 1985 à Imapress » se souvient Pierre Menochet l’ancien rédacteur en chef de l’agence de presse de Jean Desaunois. « C’était un bon photographe sérieux et il a travaillé quelques années pour nous à Paris, puis après il est reparti en Algérie. »
Nacerdine Zebar était né le 18 novembre 1957 à Sétif (Algérie), il a étudié à l’Ecole de Photographie de Paris (EFFET) et à l’Université Paris VIII. Il a été publié par de nombreux titres comme les quotidiens Libération ou Le Figaro ; des magazines comme Time, Newsweek, le Spiegel, VSD ou Paris Match. Il a fait un remarquable travail en photographiant les trente-deux phares que compte l’Algérie pour un livre Les Phares d’Algérie, Vigies de la côte (Casbah Editions), avec le journaliste Mohamed Balhi. Ces dernières années, il a couvert la réalisation de la grande mosquée d’Alger : « Les centaines de clichés que j’ai réalisés témoignent de cette évolution vers la consistance et comment le site commençait déjà à marquer l’ensemble du paysage de la baie d’Alger. C’est surprenant comment un édifice peut modifier complètement des lieux qu’on croyait inchangeables », avait-il déclaré dans une interview récente. La mort l’a emporté avant qu’il ne parachève un livre sur « Alger vu du ciel » et un projet sur la ville d’Oran.
A l’Oeil adresse ses condoléances à sa famille et à ses nombreux amis.
Dernière révision le 8 octobre 2024 à 1:28 pm GMT+0100 par
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