Michel Le Bris était né à Plougasnou, dans le Finistère, le 1er février 1944, il est mort à Janzé en Ille-et-Vilaine le 30 janvier 2021 après 76 ans d’une vie bien remplie consacrée à la musique, au militantisme mais surtout à la littérature. Il fut le fondateur du Festival Etonnants Voyageurs qui chaque année rassemblait des écrivains, des documentaristes, des cinéastes, bref des auteurs appelés par le vent du large.
J’ai rencontré Michel Le Bris et Eliane Barrault-Le Bris il y aura cinquante ans au prochain printemps. J’avais poussé la porte rue du Bourg Tibourg, dans le Marais, à Paris, d’un journal dont la directrice de publication était Simone de Beauvoir.
Jean-Pierre Barou m’avait accueilli aimablement et invité à participer à un étonnant comité de rédaction où siégeaient, assis par terre, Agnès Varda, Jean-Luc Godard, Francis Bueb, André Glucksmann, Michèle Manceau, Katia D. Kaupp, Jean-Pierre Le Dantec, Christian Jambet, Michel Le Bris et bien d’autres dont les noms m’échappent présentement. J’accuse fut pendant quelques numéros, un espoir, un Nouvel Obs d’extrême gauche.
Le sectarisme de Benny Levy alias Pierre Victor leader des maos de la Gauche Prolétarienne, allait rapidement faire fuir les idiots utiles, surtout après la fusion de J’accuse avec l’organe de la GP, l’inénarrable Cause du Peuple !
Je suis encore resté quelques mois dans cette histoire malgré les avertissements que m’adressèrent Francis Bueb et Michel Le Bris. Je me souviens d’un rendez-vous avec lui, dans une petite chambre de bonne, où s’entassaient livres et disques. Il pigeait alors à Jazz Hot et au Magazine Littéraire où il côtoyait mon ami, le photographe Gérard-Aimé. J’étais impressionné par la quantité de disques et de livres. Michel m’avait alors fait part de son intention de quitter Paris avec Eliane pour le Languedoc.
Il était écœuré par l’attitude de Benny Levy et surtout de celle d’Alain Geismar qui avait, peu avant, tenté d’épurer la bibliothèque de Francis Bueb des livres « réactionnaires », jetant à terre des éditions rares des livres d’André Malraux qui étaient le trésor de Francis. On se souvient qu’il créa, plus tard, pendant la guerre, le Centre André Malraux à Sarajevo.
J’avais, également, une belle relation amicale avec Eliane, remarquable photographe, avec qui nous développions des films dans un laboratoire sous les toits de Paris. Le révélateur et le fixateur étaient bouillants car cet été-là, il fit très chaud. Eliane faisait des photos pour « la cause », c’est-à-dire pour l’Agence de Presse Libération. Aujourd’hui, je pense à elle et à Melani, leur fille.
Et puis le temps passa. Un jour, je perdis un ami très cher, Jean-Baptiste Guigiaro, journaliste à La Marseillaise que j’avais perdu de vue, lui aussi. Et en rentrant de ses obsèques, je décidais d’appeler Michel Le Bris que j’aimais beaucoup et perdu de vue. Une dame me répondit au téléphone qu’Eliane et Michel n’étaient pas à la maison. Ils étaient aux obsèques de Nicolas Bouvier. Décidément, les obsèques …
Grâce à notre ami commun Alain Mingam, je suis allé rendre visite à Eliane et Michel dans leur petite maison de la baie de Morlaix. Comme si nous ne nous étions jamais quittés, Michel m’expliqua, avec simplicité et chaleur, comment il travaillait, ouvrit ses carnets pour me conseiller en écriture. Eliane me montra ses dernières œuvres… C’était chaleureux, amical, confraternel et très émouvant.
Merci Michel, et affectueuses condoléances à Eliane et Mélani
Michel Puech
Dernière révision le 21 août 2024 à 11:58 am GMT+0100 par la rédaction
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