Jean-Claude Zagdoun, de son nom de plume Fabrizio Calvi (Egypte, Alexandrie, 27 mai 1954 – Suisse, 23 octobre 2021) est un journaliste d’investigation français membre de la première équipe de Libération et spécialisé, durant toute sa carrière, dans les affaires de criminalité organisée et les services secrets. Fabrizio Calvi a choisi de mourir « avant la torture ». (Lire son dernier message)
La disparition de ce journaliste estimé de ses confrères, connu à Libération sous le surnom de « zigzag » par dérision sur son patronyme, bouleverse les historiques de Libé.
Frédérique Gourselas l’a connu avant Libération « Jean-Claude et moi, nous étions dans une boite privée avec tous les exclus des lycées parisiens, la fille de Choron, le fils de Gébé. Jean-Claude c’est un ami d’enfance : on a déconné ensemble, on faisait le mur pour aller à Paris voir des films. Parfois on passait la nuit dans l’appartement de ses parents à regarder des films. On aimait le cinéma. On était des mômes. Ensuite, nous nous sommes retrouvés à Libé, mais pour moi c’était un ami d’enfance. »
« Je le connaissais depuis l’hiver 1972/1973 quand l’Agence de Presse Libération (APL) était rue de Bretagne à Paris. C’est là qu’avaient lieu les premières réunions pour la création de Libération » confie Frédéric Laurent qui fut un de ses amis les plus proches.
« A l’époque, j’étais sergent recruteur pour la Gauche Prolétarienne à la fac, mais les chefs m’avaient missionné à Libération. Jean-Claude, il ne s’appelait pas encore Fabrizio Calvi, pseudo qu’il a pris un peu plus tard pour ne pas gêner son père, un banquier. Je crois me souvenir qu’ensemble, en juin 73, nous avons fait un premier papier sur le terroriste d’extrême droite en Italie… C’est loin… On est également allés en 1974 en Italie pour interviewer Rossana Rossanda, une des fondatrices du journal Il Manifesto. Ensuite, nous avons beaucoup travaillé ensemble. Quand j’ai travaillé à la télé, après 1981, il a fait des piges pour TF1. On a retravaillé ensemble sur un film pour ARTE et la RAI. Ce film a fait l’objet, en décembre 1997 d’une soirée spéciale sur la chaine RAI2, à 20h30 ! La même année, pour une maison d’édition italienne, nous avons réalisé ensemble une livre (non traduit) La vérité sur la Piazza Fontana. [1] Nous étions très proches, même mes enfants le connaissaient. Ma fille ainée dit que c’était le plus drôle de mes amis. Faut dire qu’à l’époque, il chevauchait une grosse moto ! »
Pierre Abramovici, qui fait partie de ce petit club des journalistes d’investigation sur le terrorisme et les services secrets, lui rend hommage et raconte dans quelles conditions il l’a connu.
Nous reproduisons ici le message qu’il a écrit avant de mourir. Un message qui sonne aussi comme un appel à l’heure où les questions de fin de vie se posent cruellement.
Michel Puech
La rédaction de www.a-l-oeil.info, profondément touchée par la mort de Fabrizio Calvi, s’associe à la peine de sa famille et de ses proches.
La photographie de Fabrizio Calvi est l’oeuvre de Christian Poulin qui a tenu une chronique photographique pendant sa carrière à Libération. On peut voir toutes les photogrphies sur son site : www.christian-poulin.fr
Note
[1] « L’attentat de la Piazza Fontana » est un attentat néofasciste qui s’est produit à la Banca Nazionale dell’Agricoltura sur la Piazza Fontana dans le centre de Milan le 12 décembre 1969 faisant 16 morts et 88 blessés.Dernière révision le 8 octobre 2024 à 1:30 pm GMT+0100 par
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