La galerie Magnum inaugure ses nouveaux locaux dans le 11e arrondissement de Paris avec une exposition qui rapproche le regard qu’ont porté deux auteurs sur leur ville à des décennies de distance. Ce sont des images éloignées dans le temps mais proches par une volonté commune d’aller à la rencontre de celles et ceux qui vivent dans cette métropole bouillonnante qu’est New York.
« derrière les murs et rencontrer l’invisible »
Bruce Davison
Au milieu des années 60, Bruce Davison, voulant aller « derrière les murs et rencontrer l’invisible », commence à photographier les habitants d’une rue de Harlem qui vivent dans des conditions précaires, s’installe dans la durée et gagne la confiance de celles et ceux qui vont poser devant son objectif.
« Je ne voulais pas être l’observateur caché. Je voulais être avec mes sujets, en face à face ». « Je veux voir par moi-même à quoi ressemble la rue dont on m’a dit qu’elle était hostile, sordide et qu’il fallait la craindre. Ce sont les gens que nous devons voir. Ce sont eux qui deviennent les plus invisibles pour nous dans les mots : pauvreté, taudis et ghetto. Ce sont eux que l’on doit voir de manière vivante, les yeux dans les yeux et avec qui établir un contact. Nous devons ressentir chaque personne comme un individu, à la fois semblable et différent de tous les autres. »
En 1980, il trouve une nouvelle source d’inspiration avec le métro qui était un univers sombre et dangereux et décide de le photographier en couleur. Il sillonne le réseau de Coney Island au Bronx à bord de wagons dégradés, recouverts de graffitis, hantés par les gangs et les sans-abris. Il documente un monde où des individus de tous horizons sont assis côte à côte dans un cadre aussi frénétique et indiscipliné que les rues de la cité tentaculaire qui vibre au-dessus d’eux.
« J’utilise mon corps en guise de zoom »
Khalik Allah
Retour à Harlem 30 ans plus tard avec Khalik Allah et ses images à la fois sombres et colorées, faites de nuit au contact le plus proche de la réalité brute des quartiers défavorisés. Il fait le portrait de ces anonymes qui affrontent les rigueurs de la rue, toxicos à la recherche d’une dose, laissés-pour-compte hantant la 125e rue et Lexington Avenue, toujours au plus près, presque en fusion.
« J’utilise mon corps en guise de zoom. Lorsque j’approche quelqu’un, je recherche sa part d’humanité, cette étincelle qui sommeille en lui et qu’il ne soupçonne même pas. Car je veux prendre une photo « avec » lui. Lorsque j’ai son accord, je capture alors son regard. Les yeux ne sont-ils pas les fenêtres de l’âme ? ».
Galerie Magnum
Bruce Davidson et Khalik Allah, New York
68, rue Léon Frot, 75011 Paris
Jusqu’au 18 Décembre 2021
Photographies de Bruce Davidson chez Magnum
Site officiel de Khalik Allah
La playlist pour bien accompagner cette exposition
- Grandmaster Caz « South Bronx Subway Rap »
- The Last Poets « New York, New York »
- Grandmaster Flash « New York New York »
- Wu-Tang Clan « Method man »
- Zack Hemsey « Dont Get In My Way »
- House of Pain « Jump Around »
- Run Dmc vs Jason Nevins « It’s Like That »
Dernière révision le 8 octobre 2024 à 1:30 pm GMT+0100 par
- Hassan Ragab
Pour un aggiornamento architectural grâce à l’IA - 20 décembre 2024 - Hayahisa Tomiyasu
Le renard et la table de ping-pong - 13 décembre 2024 - Yang Shun-Fa
La beauté submergée de Taïwan - 6 décembre 2024