Au grand dam de son fils Martin, la pandémie avait confiné le juste hommage que ses collègues et amis souhaitaient rendre à Marc Garanger. Disparu le 27 avril 2020, seule une vingtaine de proches avait pu célébrer le culte dû aux ancêtres.
En ces temps troublés, la presse avait célébré le grand photographe en restreignant trop son œuvre (quelque deux millions de négatifs et diapositives … ) aux Femmes algériennes. La majorité de ces panégyriques passant sous silence ses nombreux reportages, dont celui de 1964 réalisé avec son ami l’écrivain Roger Vailland, sur l’enterrement de Palmiro Togliotti à Rome et qui lui vaudra le Prix Niépce en 1966.
Mais surtout en occultant, plus par méconnaissance qu’autre chose, ses engagements et ses combats pour la défense de la profession et de ses droits.
Depuis des mois Martin Garanger avec la Saif et l’Upp enrageaient de ne pas pouvoir le remercier de tous ces acquis.
Et c’est à Paris dans les locaux du Centre Spéos, mis à leur disposition par Pierre-Yves Mahé, au milieu des générateurs, torches et autres pieds photo qu’une soixantaine de photographes, amis ou apparentés aux métiers de la photographie, ont enfin pu lui rendre hommage et lui dire merci en cette fin d’après-midi du vendredi 19 novembre 2021.
Tout d’abord, Pierre Ciot, Président de la SAIF, retraça en quelques mots l’action de Marc Garanger dans la création, l’implantation et le développement de cette société d’auteurs.
Une projection d’une vingtaine de minutes retraça la chronologie de l’œuvre des premiers portraits de personnalités d’artistes ou d’écrivains comme Kessel, aux confins de la Taïga et de ses chamans, en passant par les conflits armés en Algérie, les invasions russes, l’Afrique où il découvrit le culte dû aux ancêtres …
Sans oublier Tagliotti, et l’identité des femmes algériennes, 200 portraits par jour, non pour identifier mais pour témoigner comme l’avait fait Curtis en son temps et comme il le vérifiera plusieurs décennies après, lorsqu’il reprendra le chemin de l’Algérie.
Olivier Brillanceau, directeur général de la Saif, évoqua son parcours aux côtés de Marc Garanger, de sa découverte liée à la sonorité de son rire au congrès de l’Upc au Cirque d’Hiver à Paris en 1998, jusqu’à son départ après douze années d’administration.
Il fit l’éloge de sa puissance à générer des adhésions, citant au passage cette anecdote : lors du congrès de l’Upp à Versailles il demanda qui était adhérent à la Saif et, en se plaçant à l’entrée du restaurant, il terrorisa les congressistes en leur faisant croire que seuls les adhérents auraient droit au ticket repas …
Quant à Mathieu Blondeau, président de l’Upp, il rappela le rôle important de Marc Garanger dans la structuration de ces différentes associations, de la Fapc à l’Upp en passant par l’Upc dont il fut premier président en 1986 (voir A L’ŒIL 5 mai 2020) et surtout ses précieux combats pour la défense des droits d’auteur.
En conclusion Martin Garanger décrivit l’immense travail commencé avec son père pour continuer à faire vivre son œuvre. Un devoir de mémoire qui passe d’abord par l’inventaire » J’ai fait avec lui, maintenant je fais avec sa mémoire. »
Il annonça également qu’il souhaitait que son travail sur l’Algérie soit avant tout un témoignage et qu’à ce titre, seuls les frais techniques (tirages, collage … ) feraient l’objet d’une facturation.
Après plusieurs témoignages, dont celui de Christian Chamourat l’ami et le fidèle compagnon de luttes, Martin Garanger invita les participants à pratiquer le culte dû aux ancêtres.
En souhaitant que de leur côté, les institutions participent à cet hommage en organisant la grande rétrospective que son oeuvre mérite.
Membre Correspondant de l’Académie des beaux-arts
Dernière révision le 8 octobre 2024 à 6:40 pm GMT+0100 par la rédaction
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