Paris, 4 mars 1972 – Obsèques de Pierre Overney, militant de la Gauche Prolétarienne (GP), assassiné le 25 février 1973 par Jean-Antoine Tramoni, vigile de la Régie Renault
© Elie Kagan / La contemporaine

Né de parents juifs russe et polonais vivant à Paris, Elie Kagan connaitra l’antisémitisme pendant l’Occupation, assistera à la déportation des siens et devra se cacher pendant de longs mois dans la capitale occupée.

Le jour où il put enfin sortir de sa cachette, il a le sentiment d’être un « survivant » et ce qu’il a vécu va fonder un engagement qu’il poursuivra toute sa vie. Libre et non conformiste, photographe autodidacte, il collabore avec la presse militante et ponctuellement avec la presse généraliste, couvrant l’activité politique, syndicale et la plupart des mouvements de revendications entre 1960 et 1990.

Peu soucieux de l’esthétique et plus intéressé par l’aspect documentaire de son travail, il enregistre meetings, manifestations, événements culturels, réunions et rassemblements politiques constituant ainsi une archive historique et visuelle exceptionnelle de quarante ans de vie politique, intellectuelle et culturelle française.

200 000 images, négatifs, tirages, planches-contacts, diapositives et archives professionnelles

Il sera l’un des rares à saisir par l’image les violences policières perpétrées à l’encontre des Algériens dans la nuit du 17 octobre 1961 lors d’une manifestation pacifique qui dénonçait le couvre-feu imposé aux seuls Maghrébins.

France. Ile de France. Paris. Le vendredi 3 mai 1968, rassemblement des étudiants dans la cour de la Sorbonne pour riposter à une menace d’intervention de l’extreme droite. Metting dans la cour. Service d’ordre qui se prepare. Intervention de la police qui emmenent les étudiants. Affrontement place de la Sorbonne et autour, boulevard Saint Michel. Elie Kagan, de dos, au premier rang devant les forces de Police. Photo ©Gérard-Aimé / BHVP

Toujours prompt à dénoncer l’injustice, refusant d’accepter l’inacceptable, il s’intéressera aussi aux SDF et accompagnera les revendications du mouvement Droit au logement et celles des sans-papiers. Saisissant les secousses de son époque, tout particulièrement séduit par le collectif et la foule anonyme qu’il a à cœur de représenter (Mouvement de libération des femmes, Front homosexuel d’action révolutionnaire, …), il suit l’engagement d’intellectuels célèbres, comme Michel Foucault et Jean-Paul Sartre.

Plus tard, il accompagne Beate et Serge Klarsfeld dans leurs actions, constituant ainsi un témoignage en images de leur engagement tout en produisant pour lui-même une documentation photographique de l’antisémitisme contemporain. Elie Kagan était aussi un promeneur infatigable, flânant dans Paris pour son plaisir, photographe du quotidien attentif aux transformations urbaines et sociologiques comme aux anonymes qu’il croisait dans la rue.

Une exposition lui rend hommage, s’appuyant sur plus de 200 000 images, négatifs, tirages, planches-contacts, diapositives et archives professionnelles, confiées par la famille au centre d’archives, bibliothèque et musée La contemporaine en 1999 après le décès du photographe.

Gilles Courtinat

Lire également: Elie Kagan, une flamme de magnésium par Michel Puech

Tous nos articles concernant Elie Kagan

L’exposition

« Elie Kagan, photographe indépendant » (1960-1990)

La contemporaine, Campus de l’Université Paris

Nanterre, 184, cours Nicole Dreyfus, 92 000 Nanterre

Exposition jusqu’au 7 mai 2022Dernière révision le 8 octobre 2024 à 6:41 pm GMT+0100 par

Gilles Courtinat
Si cet article vous a intéressés...Faites un don d'1€ ou plus... !
Et pour ne rien louper, abonnez vous à 'DREDI notre lettre du vendredi