Le photojournaliste Jacques Münch, né à Paris le 13 avril 1937, est décédé à l’âge de 84 ans ce samedi 12 février 2022, nous apprend Nice-Matin. Ses obsèques se dérouleront à la Cathédrale Sainte-Réparate de Nice le mardi 22 février 2022 à 10h00.
« Il s’est éteint tranquillement dans la nuit de vendredi » confie Mireille Münch, son épouse. « Je le connais depuis toujours. A dix-sept ans, nous étions dans les même surprises-parties. Il avait déjà un œil artistique. Il a commencé la photographie sur les bateaux de croisière. Il était beau comme tout… Mais c’était aussi un chieur, surtout dans son travail. Il était très dur. Il ne laissait approcher personne. Puis, il a été pigiste à Nice-Matin avec Jacques Médecin (ndlr: qui devint maire de Nice). Ils faisaient les couillons ensemble… Ensuite Il a été pigiste à l’agence PIP avec Robert Monteux (ndlr: aujourd’hui mais ce cher Monteux, qui était jeune, ne le payait pas. Quelqu’un lui a dit que France-Soir cherchait un bon photographe et il est devenu envoyé spécial permanent. On l’appelait la danseuse. Le pourtour méditerranéen, pour les Parisiens, allait de Milan à Avignon. Il était toujours sur les routes et faisait tout, le sport, les faits divers, la politique et le Festival de Cannes… Mais il adorait son métier. C’était le roi des scoops. Il a formé pas mal de jeunes journalistes, qui l’appelait Maître ou le renard argenté sans savoir qu’il avait déjà des cheveux blancs à l’âge de 22 ans. »
« Il a pris sa retraite à 70 ans et ça lui fait un choc d’arrêter. Il ne vivait que pour son métier, c’était sa vie ! Peu après je me suis aperçu qu’il n’était pas tout à fait normal. Il perdait la mémoire… Mais vous savez, il faut des années pour que la famille comprenne la maladie d’Alzheimer. Il était bien. Nous vivions en famille avec nos enfants et nos petits-enfants alors on le sortait. Mais en fait, il a perdu la parole au moment du confinement. Il ne comprenait pas pourquoi il ne voyait plus ses enfants et ses petits-enfants, pourquoi il n’y avait personne dans les rues… »
« Toujours se démarquer des autres. »
« Je l’ai rencontré sur je ne sais plus quel coup » se souvient Bernard Hermann, un vétéran de l’époque, « et il m’a demandé de l’introduire à France-Soir, où j’avais débuté au labo en 1960. Je suis devenu reporter après mon service en Algérie alors ça devait être en 1964… Je n’ai pas fait grand-chose pour lui, juste de le conduire au bureau de Jean-Louis Lepigeon, le rédacteur en chef de l’époque. »
« Il a fait mille et un reportages et encore plus d’images ! France-Soir était quand même un quotidien qui publiait alors jusqu’à sept éditions différentes chaque jour ! » se souvient André Grassart, également ancien de la grande équipe de photographes. « Il était, envoyé spécial permanent à Nice » précise André Grassart « comme il y en avait un à Londres, à Rome et je ne sais plus où… »
En 1982, il réalise un cliché qui va faire beaucoup parler, le portrait de la princesse Grace de Monaco dans son cercueil !
« On s’est connu à Marseille… Je me souviens qu’une fois, au fort de Brégançon, il m’a passé un Leica pour faire des photos d’un Président car j’étais le seul accrédité pour l’AFFP » se souvient le photographe marseillais Gérard Bonnet.
« Je suis tellement content de l’avoir connu, de faire partie de ceux qui ne pourront jamais oublier son sourire, ses yeux bleus rieurs, son élégance en tout. Il imposait un respect naturel tant par ses actes, son amitié, sa douceur, sa gentillesse, ses analyses le rendaient honorable, respecté par tous. J’aimais le voir… » écrit Didier Fevre sur Facebook.
« Oui un vrai gentleman » confirme Éric Brissaud « je l’ai rencontré plusieurs fois au moment où Monsieur Hersant avait lancé le projet du Figaro magazine Côte d’Azur, j’ai été mandaté à Nice pour les premiers numéros pendant deux mois. Naviguant entre Cannes et Nice, Antibes et Monaco. Münch avait toujours la gentillesse de me donner certains tuyaux pour que je puisse réaliser un bon travail. Il faisait partie d’une très belle génération professionnelle et élégante. »
Michel Puech
A l’Oeil adresse à Mireille Münch à ses enfants et petits-enfants les sincères condoléances de son équipe.
Note
Les archives des photographes de France-Soir sont sauvegardées à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris et, diffusées par l’agence Roger-Viollet. Malheureusement, peu de photographies de Jacques Munch sont numérisées; la famille conserve des épreuves car à l’époque argentique l’envoyé spécial permanent développait, tirait et expédiait ses photos par Belin.Dernière révision le 8 octobre 2024 à 6:43 pm GMT+0100 par
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