Patty Carroll traite de la femme victime de catastrophes domestiques chez elle, œuvre qui prend un relief particulier en ces temps de confinements obligés.
Les activités de la maitresse de maison, ses obsessions et ses objets l’accablent, son domicile est devenu un lieu de tragédie. Les scènes de sa fin déchirante sont vaguement inspirées de plusieurs sources, dont le Cluedo, où le meurtre se produit dans l’une des cinq pièces de la maison : la salle à manger, la cuisine, l’entrée, la véranda et la bibliothèque.
Ces images font partie d’un projet mené depuis plusieurs années baptisé Anonymous women (« Femmes anonymes ») où la photographe traite des relations compliquées entre les femmes et leur foyer domestique. Créant un univers très coloré, elle commente la manie de collectionner, d’accumuler et de décorer une maison, quand les objets prennent le dessus, et que la maîtresse de maison est entourée ou écrasée par ses propres possessions et obsessions, ce qui a conduit à des catastrophes, des mésaventures et le chaos.
Ses photographies sont des huis-clos débordant d’accessoires et d’objets qui engloutissent une figure de femme solitaire et dissimulée. Situations pathétiques et humoristiques, où l’on passe de l’amusement à la morosité quand les activités matérielles prennent l’ascendant sur cette femme coincée dans son environnement. Home finalement pas si sweet que ça.
« Mes influences proviennent de nombreuses sources ; des films vintage en couleur, des natures mortes traditionnelles, des magazines de décoration, d’une éducation de banlieue, de l’écriture victorienne, etc. Mon intention avec ce travail est d’attirer l’attention sur ces femmes héroïques et invisibles qui dirigent silencieusement un foyer, s’occupent d’une famille et souvent poursuivent une carrière. Une figure qui symbolise tant de femmes, quelle que soit leur culture ou leur origine, qui ont leurs racines ancrées dans la consommation et dans la façon dont nous utilisons les objets pour assurer la continuité et la tradition, mais aussi la façon dont les possessions peuvent se substituer à l’identité. Si l’humour est omniprésent dans ces récits, le message qu’ils véhiculent a des implications plus sombres sur le rôle des femmes dans toutes les sociétés. »
Gilles Courtinat
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