La publication le 5 mai dernier, de la plaquette de présentation de l’agence Black Star France a ravivé les souvenirs des uns et des autres.
Même si la filiale de la célèbre agence américaine n’a vécu qu’un peu plus d’un an (novembre 1984-décembre 1985), sa création fut un évènement par la personnalité des photojournalistes qui quittèrent alors le staff de l’agence Sipa Press pour une belle poignée de dollars et un statut de salarié.
Howard Chapnick, patron de Black Star US n’avait pas lésiné pour débaucher Thierry Boccon-Gibod, Wojtek Laski, Manoocher, Reza, Michel Setboun et leur adjoindre deux américains, rien moins qu’Anthony Suau et James Nachtwey. « 2500 $ mensuel, tous les frais de reportage payés » se souviennent t ils. Le dollars est à la hausse depuis 1980 (4,20 Francs). En 1984, à la création de Black Star France, le même dollar vaut 8,74 Francs. Malheureusement à partir de 1985 ou il vaut pratiquement 9 Francs, il va s’effondrer de plus de 20% ! Autrement dit, les assigments de Time ou Newsweek ne vont plus permettre à la filiale française de boucler les fins de mois. Benjamin Chapnick qui gère les finances de Black Star jettera vite l’éponge.
Pour Sipa Press le départ de ses photographes vedettes est un coup très dur, que l’on peu comparer, toute proportion gardée à la scission de 1973 à l’agence Gamma qui provoquera la création de Sygma. Goksin Sipahioglu a l’habitude des séparations. Depuis sa création Sipa est une école de photojournalisme. « Il avait l’habitude de dire aux photographes qui avaient désertés Sipa pour Gamma ou Sygma : quand tu auras fini ton stage, reviens chez nous ! » confie Mete Zihnioglu, l’infatigable directeur de l’agence Sipa Press. Il nous a fait parvenir le texte que l’on peut lire çi-dessous, et qui présente le nouveau staff de l’époque.
Michel Puech
« Laski, Reza, Manocher, Setboun, Boccon-Gibod (5 photographes sur les 7 de Black Star France) ont, un beau jour, quitté Goksin, croyant que l’herbe était plus verte ailleurs. Ils nous ont laissés sur le carreau… Et, en plus, ils ont fait la plaquette de lancement avec des photos produites lorsqu’ils étaient chez Sipa, et pour lesquelles Sipa avait payé 50% des frais…
Cela a été très dur pour tout le monde. D’autant plus que Sipa était représenté par Black Star aux États-Unis. Nous allions arrêter notre collaboration. C’était donc une contre-offensive de Black Star contre Sipa. Ils ont offert une garantie minimum aux photographes. Mais malheureusement pour eux, ils n’ont pas pu les assumer très longtemps.
Goksin était plus fort que tout cela. Il ne leur en a jamais voulu et ne les a jamais attaqués, malgré ce qu’ils ont fait, et notamment utilisé les photos produites pendant leur période Sipa qui payait 50% des frais de reportage.
A l’automne 1984, Goksin a invité tous les autres photographes à l’Espace Cardin pour un déjeuner. Nous étions une vingtaine à nous trouver à Paris à ce moment-là. A la sortie du déjeuner, nous étions tous remontés à bloc et tout était reparti comme en 14 !
Ceux qui, depuis des années, croit et pense que Sipa est fini se trompent toujours ! Goksin a gagné sa revanche. 38 ans après cette histoire avec Black Star, Sipa est toujours là ! Mete Zihnioglu
Photographie de gauche à droite : Jean-Marie Goyhenex, Peter Stumpf, Coskun Aral, Mete Zihnioglu, Alfred Yaghobzadeh, Jean-Gabriel Barthelemy, Jacques Torregano, Jacques Witt, Goksin Sipahioglu, Ilhami Uncuoglu, Pascal Alix, Ettore Malanca, Pascal Le Segretain, Pierre Villard, Francois Lehr ©Sipa Press
Absent de la photo : Patrick Robert, Thomas Haley, Yan Morvan
Site officiel : www.sipa.com
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Dernière révision le 9 octobre 2024 à 9:41 am GMT+0100 par
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