De quoi donner des sueurs froides aux fabricants d’appareils photos. Personnage pittoresque, peu éduqué et un brin porté sur la bouteille, notre homme se serait découvert ce don lors d’une séance d’hypnose organisée par un de ses collègues de travail. L’affaire aurait pu en rester là une fois dessaoûlé, si il n’avait pas croisé la route de Jule Eisenbud, un psychiatre qui s’intéressait aux phénomènes paranormaux.
Entre 1964 et 1966, le psy va procéder à une série d’expériences en milieu clos pour tester la véracité du phénomène. Initialement sceptique, il utilisait des appareils à développement instantané qui rendaient plus difficile une quelconque tricherie. Chaque séance durait de 6 à 8 heures, pendant lesquelles Serios, surveillé de près, utilisait habituellement un petit tube de carton pointé en direction de l’objectif de l’appareil que l’opérateur déclenchait à son signal.
Le résultat ? Des centaines de photos entièrement noires, vierges, floues, avec le visage de Serios mais quelques unes sont plus surprenantes. Il s’agit de formes abstraites, de paysages, de personnages ou de bâtiments comme le supposé clocher de la cathédrale de Cologne en Allemagne. Serios expliquait que c’était ce qu’il avait eu à l’esprit au moment du déclenchement. Supercherie ? Habile manipulation ?
Très certainement, bien que cela n’ait jamais pu être formellement démontré mais on a vu des choses bien plus surprenantes de la part de prestidigitateurs dont les méthodes pour détourner l’attention ne sont pas sans rappeler les gesticulations de Serios au moment des prises de vue. Malgré de nombreuses critiques argumentées par des photographes, scientifiques ou magicien professionnels, Eisenbud considérera toujours que les prétendues capacités psychiques de son sujet d’étude étaient authentiques, mais il n’y a pas plus crédule que celui qui veut croire.
Gilles Courtinat
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