Une centaine de photographies, de divers formats et qualités techniques mais une belle surprise : Manoel de Oliveira [1], que l’on connait en France comme un éminent cinéaste portugais fut aussi photographe.
« C’est sans doute l’une des plus grandes surprises des archives du réalisateur, entièrement déposées à la Fondation Serralves [2]. Réalisées entre la fin des années 1930 et le milieu des années 1950, ces images, stockées pendant plusieurs décennies et pour la plupart inédites, révèlent non seulement une facette méconnue d’Oliveira, mais ouvrent aussi de nouvelles perspectives sur l’évolution de son activité cinématographique. » écrit António Preto le directeur de la Casa do Cinema Manoel de Oliveira à la Fondation Serralves à Porto où naquit le cinéaste.
António Preto est un brillant thésard [3], chercheur, membre du Centre d’études cinématographiques au CEAA. Avant de mourir à 106 ans, Manoel de Oliveira l’a choisi, pour diriger sa Casa do Cinema ou est réuni l’ensemble des archives du cinéaste.
Manuel de Oliveira s’intéresse à la photographie quand du fait de son antipathie avec le régime politique portugais, ses films sont censurés, il ne tourne pas donc il se mesure à une autre technique Puisqu’il ne trouve pas les moyens financiers pour produire ses films, il écrit des scénarios et prend des photos.
Dans le très beau catalogue de l’exposition L’été au Portugal António Preto raconte :
« L’œuvre photographique de Manoel de Oliveira est aussi influencée par les mouvements esthétiques qui dominaient alors la scène internationale, elle met en évidence la volonté de ceux qui s’engagent à exploiter tout le potentiel de l’appareil photo, l’éclectisme étant la note dominante de toutes ces images. »
« La photographie a été pour Oliveira un instrument de recherche formelle et d’expérimentation : une autre manière de se questionner et de construire un langage visuel dans un rapport direct et complémentaire aux films (aussi bien réalisés qu’idéalisés). »
« Il apparaît que nombre de ces images ont un lien étroit avec certains des projets cinématographiques non aboutis. Par exemple les photographies de cirque, ont été réalisées en 1944, la même année où il a écrit le scénario de L’acrobate. »
MP
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Notes
[1] Manoel Cândido Pinto de Oliveira (Portugal, Porto, Cedofeita, 11 décembre 1908 – Porto, 2 avril 2015) est un réalisateur cinématographique qui a tourné jusqu’à la fin de sa vie, devenant le premier réalisateur centenaire en activité de toute l’histoire du cinéma. Il est le seul cinéaste qui a été récompensé plus d’une fois par le prix de l’Âge d’or. Et il a réalisé de nombreuses photographies
[2] Fondation Serralves est une institution culturelle les plus importantes au monde, se classant dans la liste des musées d’art les plus visités au monde. C’est un musée d’art contemporain, un parc et une « casa do cinema » (près de 1 million de visiteurs par an).
[3] Manoel de Oliveira : cinéma et littérature par Antonio Preto sous la direction de Claude Viot-Murcia – Paris 7 201