Même si on situe sa naissance vers 1870, la carte postale ne prendra son essor qu’à partir du début du XXe siècle une fois devenue illustrée.
La bouffe et la gaudriole seraient donc les deux mamelles de la France ?
Ce sera le cas en France lors de la 1ère guerre mondiale, les autorités militaires encourageant son utilisation qui facilitait le travail de la censure et permettait de véhiculer des scènes patriotiques.
Ce petit morceau de carton illustré, même s’il connait depuis un long et lent déclin et a subi les coups de butoir du téléphone, de la photographie et de nos outils de communication numérique, fait de la résistance. Apothéose du message un brin paresseux, il s’en poste encore des millions, les Américains e t les Britanniques étant les champions du monde en la matière et pas moins de 200 millions étant encore expédiées chaque année en France, la période estivale étant le point culminant de la pratique.
Si aujourd’hui la plupart représente sagement des monuments, sites touristiques ou autres lieux de villégiature, nous ne nous intéresserons plutôt à celles qui ont défié les lois de l’élégance ou du bon goût. Car il fut un temps moins retenu où l’imagination et l’audace étaient au pouvoir et pas toujours pour le meilleur.
Elles sont saugrenues, étranges, surprenantes, lamentables ou tout simplement moches ces cartes postales venues du passé.
Les Etats-Unis se sont bien distingués en la matière avec la démesure comme spécialité, évidemment big is beautiful ! On a vanté la réussite et l’abondance de la production agricole faite de fruits et légumes gigantesques, les prises de pêche donnant aussi dans le titanesque et on s’est même amusé de sauterelles qui n’étaient pas des demi-portions.
On peut en sourire mais vanter le charme de la chaise électrique ou d’un exercice à la mitrailleuse laisse plus dubitatif, tout comme la pauvreté des noirs présentée comme une curiosité quasi exotique.
La France n’a pas été en reste dans ce carnaval du lamentable avec un genre affligeant qui fit florès, la carte postale dite « humoristique », qui perdure encore de nos jours bien que plus discrètement. A noter que les recettes de cuisines et spécialités gastronomiques, autre spécialité tricolore, ont connu aussi un vrai succès.
La bouffe et la gaudriole seraient donc les deux mamelles de la France ? En route donc pour un univers cocasse ou navrant, aux couleurs baveuses, à la qualité technique incertaine, à la fantaisie débridée et à la ringardise sans limite.
Gilles Courtinat
Dernière révision le 9 octobre 2024 à 9:43 am GMT+0100 par la rédaction
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