Razieh a peint sur le mur d’une gare abandonnée de la première époque Pahlavi. Razieh, qui peint depuis de nombreuses années, se prépare à sa première exposition personnelle à Téhéran. Pour réussir et devenir indépendante, elle a suivi un parcours long et difficile et vit depuis très longtemps dans une petite maison louée, loin de sa famille.
L’International Women in Photo Association (IWPA) œuvre pour l’égalité par la photographie dans le monde et la promotion des femmes photographes de toutes origines et nationalités.
Depuis six ans, l’association distingue le travail de plusieurs autrices, la grande lauréate étant en 2022 l’iranienne Maryam Firuzi pour sa série « Scattered memories of a distorted future » (« Souvenirs épars d’un avenir déformé ») où elle a demandé à des femmes peintres de réaliser une œuvre dans un environnement de ruines devenues la métaphore de la douleur.
Sahar a peint sur le mur d’une école incendiée qui est sur le point d’être démolie pour une nouvelle construction. Cette école, qui ne fonctionne plus depuis 30 ans, est située dans l’une des rues les plus prospères de Téhéran. Sahar et son mari ont l’intention d’immigrer au Canada pour le bien de leur fils de six ans. Elle ne peut pas imaginer un avenir fructueux pour sa famille dans sa mère patrie.
Sorahi a peint sur un panneau d’affichage d’un théâtre centenaire, fermé depuis la révolution islamique. Sorahi a récemment organisé sa première exposition personnelle dans l’une des galeries de Téhéran. Elle n’a pas de plan particulier pour son avenir, mais tous ses rêves sont résumés dans son art.
Pooneh a peint sur le mur d’une maison vieille de 150 ans qui appartenait à un maître du mysticisme et de la philosophie de l’époque de Nasser al-Din Shah Qajar et qui est située dans l’une des plus anciennes rues de Téhéran. La maison est abandonnée depuis 40 ans et son propriétaire vit aux États-Unis. Pooneh est une artiste internationale qui avait prévu d’immigrer aux États-Unis il y a trois ans, mais qui a abandonné sur le point de s’installer. Elle, qui a consacré toute sa vie à l’art, est profondément préoccupée par l’environnement en Iran. Pooneh est également très active sur les réseaux sociaux et écrit sur la sécheresse et la pénurie d’eau en Iran. Le thème principal de son œuvre est concentré sur sa relation avec l’environnement.
Najmeh a peint sur le mur d’un garage abandonné dans le centre de Téhéran. Ce garage est abandonné depuis la révolution et un gardien, avec sa famille, vit ici pour empêcher les toxicomanes de pénétrer dans le garage. Le gardien collectionne et élève des pigeons pour se distraire, car il n’a pas beaucoup de travail dans la journée. Najmeh a traversé une période difficile ces deux dernières années en raison de problèmes familiaux, et la peinture a joué un rôle salvateur pour elle. Peintre inspirante de la scène artistique iranienne, elle pense que nous créons de l’art pour nous sauver, car notre propre salut pourrait conduire au salut du monde.
Fatemeh a peint sur le mur du bureau d’une station-service vieille de 70 ans et abandonnée depuis 30 ans. Cet endroit était géré par des employées avant la révolution. Il est maintenant gardé par des chiens errants depuis de nombreuses années. Fatemeh, qui pratique la peinture depuis l’adolescence, a récemment changé son style de peinture et pense qu’il faut toujours chercher de nouvelles expériences dans la vie. Elle a récemment abandonné la peinture figurative et expérimente le style abstrait. Elle aime l’Iran et l’immigration est la dernière chose à laquelle elle pense. Elle estime qu’il y a toujours de l’espoir pour l’amélioration et la construction de son pays.
Soodeh peint sur le mur d’un appartement situé au cœur de Téhéran et évacué depuis des années. Les habitants de cet appartement ont été témoins de nombreuses manifestations car il a une vue sur l’une des rues principales et importantes de Téhéran. Soodeh est une artiste internationale qui ne pense pas à émigrer car le sujet de sont inspirées par son pays. La plupart de ses œuvres sont influencées par les mouvements des femmes au début de la révolution iranienne et par leur lutte pour l’égalité des droits.
Tarlan a peint sur le mur d’une salle de bain publique qui avait été transformée en grange à foin depuis un certain temps. Ces deux dernières années, Tarlan a passé tout son temps dans son atelier de peinture et sort rarement en raison de l’épidémie. Croyant en la lutte politique pour la liberté et le changement, elle écrit et informe sur les médias sociaux contre la situation actuelle. Pour elle, la peinture est une fenêtre sur le passé et sur les souvenirs collectifs du peuple de sa patrie.
Fakhteh peint sur le mur d’une cave à vin de la demeure d’un colonel à la première période Pahlavi. Fakhteh est sur le point d’obtenir une bourse d’études et d’immigrer en Allemagne. Elle ne veut plus vivre en Iran et tente de dépeindre les peurs et les souffrances de sa vie dans ses peintures.
Manijeh et Parisa sont sœurs et travaillent toujours ensemble sur leurs peintures dans leur atelier. Elles ont peint ensemble sur le mur d’un café abandonné dans la banlieue de Téhéran. Elles ont toutes deux consacré leur vie à l’art et à la peinture, et passent environ 12 heures par jour dans leur atelier. Leur style s’inspire principalement de la peinture traditionnelle iranienne, qu’elles tentent de moderniser. Elles ne pensent pas qu’il soit impossible qu’elles émigrent dans les années à venir, car elles estiment qu’à terme, tous les Iraniens seront contraints d’émigrer en raison de la sécheresse.
« Le 8 janvier 2020, lorsque j’ai appris qu’un avion ukrainien s’était écrasé à Téhéran et que ses 176 passagers et membres d’équipage étaient morts, je suis entrée dans un profond silence de chagrin et de désespoir. Depuis lors, différentes sortes d’événements malheureux se sont succédé : des turbulences politiques, une crise de l’eau, une récession, l’immigration de membres de ma famille et d’amis, et la pandémie de COVID pour couronner le tout. Lorsque je me réveille le matin, je suis comme un champ de ruines, et tout semble en miettes : moi-même, ma famille, mes amis, mes relations, ma ville, mon pays. La souffrance que nous endurons se manifeste dans le langage des ruines. En tant qu’artiste, au milieu de toute cette souffrance (le langage du présent), j’espère trouver comment la création artistique peut être réparatrice, inspirante et efficace. Quel impact l’artiste a-t-il sur cet état de ruine ? Quel rôle avons-nous dans les ruines des constructions/créations de l’humanité ? Dans cette série, les ruines sont devenues une métaphore de la douleur. Ici, entre un passé silencieux et un avenir déformé, j’ai invité des femmes peintres à peindre ce qu’elles aiment dans des lieux abandonnés ; une peinture sur l’histoire masculine, une image sur le visage du passé, et une question sans réponse pour l’avenir. »