La Banque Mondiale estime que 20% des 162 millions d’habitants du Bangladesh vit avec moins de 1,90 dollar par jour.
C’est le pays le plus densément peuplé au monde qui a vu sa population tripler entre 1960 et 2000 malgré la mise en place d’un contrôle des naissances qui a permit de ralentir le taux de croissance. Toujours selon la Banque Mondiale, « parmi les obstacles les plus importants à la croissance on trouve la mauvaise gouvernance et la faiblesse des institutions publiques » une bien délicate formule pour parler de corruption. La lutte contre la pauvreté a connu quelques progrès ces dernières années à cause principalement d’une croissance économique soutenue mais qui reste fragile reposant largement sur l’exportation de biens à bas coûts et souffrant d’une faible productivité. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour réduire ce taux de manière significative.
Salaire moyen 72 dollars en 2020
Selon les estimations de l’Organisation internationale du travail (OIT), le salaire moyen mensuel brut au Bangladesh était de 72 dollars en 2020, sachant que le loyer d’un appartement se situe entre 300 et 500 dollars par mois. Les cyclones et les inondations fréquents en font un des pays les plus vulnérables aux catastrophes naturelles et aux changements climatiques. S’y ajoute une urbanisation galopante due à un fort exode rural d’importantes populations migrant vers les villes pour échapper à la misère et aux événements climatiques dévastateurs.
On estime qu’entre 300 000 et 400 000 personnes arrivent chaque année dans la capitale Dacca, s’ajoutant aux 21 millions déjà présents, faisant ainsi de la ville la 13e agglomération la plus peuplée du monde. 30 % des nouveaux arrivants s’installent dans un des 5 000 bidonvilles de la mégapole, où le manque d’accès à l’eau potable et à l’électricité, l’insalubrité et la pollution sont généralisés. La ville a ainsi vu sa population décupler en quarante ans et abrite, à elle seule, le tiers de la population urbaine du pays.
L’arrivée de plus de 900 000 Rohingyas, venus du Myanmar voisin, a entraîné une pression critique sur la gestion des ressources en eau, en nourriture et en abris, l’accès à la terre, et a provoqué un regain de tensions avec les communautés d’accueils déjà vulnérables. La pandémie du COVID-19 a d’autant plus exacerbé les différents enjeux auxquels doit faire face le Bangladesh, aggravant une situation déjà critique.
Photographe de presse, Sowrav Das est allé à la rencontre de celles et ceux qui n’ont rien et doivent dormir dehors faute d’avoir les moyens pour se loger et vivre décemment. Il a baptisé sa série « Floating heroes », que l’on peut traduire par « Les héros qui vivent dans l’ombre », témoignage respectueux de celles et ceux qui n’ont rien et flottent dans les ténèbres de la survie.
« Au Bangladesh, les personnes sans domicile dorment dans des rues très fréquentées, entourées d’innombrables lumières éblouissantes provenant des véhicules qui passent. Mon travail a été réalisé à Dacca et à Chittagong, deux villes où vivent de nombreuses personnes sans attache. Je suis toujours surpris de la façon dont ces gens réussissent à s’adapter à leur nouvel environnement. Beaucoup d’entre eux viennent dans ces endroits pour survivre après les catastrophes qui ont frappé leurs villages. Dans ces photos, j’ai essayé de montrer comment ces gens vivent la nuit. En utilisant une vitesse d’obturation lente, leurs histoires se sont révélées comme de nouvelles visions. Des vagues de lumière passent et entourent ces personnes endormis. Parfois, les traces de lumière forment des cercles de différentes tailles ou bien s’écoulent comme le ferait l’eau d’une fontaine. » (Sowrav Das)
Gilles CourtinatDernière révision le 9 octobre 2024 à 10:24 am GMT+0100 par
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