C’est un témoignage effrayant sur les aspects dévastateurs pour l’environnement de l’extraction du charbon dans l’Est de l’Inde et un portrait au plus près des personnes qui creusent le sol.
Le photographe suédois Sebastian Sardi s’est rendu à Dhanbad, ville connue comme la « capitale du charbon » en raison du grand nombre d’exploitations et de mines à ciel ouvert qui y sont installées. Une épaisse couche de poussière noire y recouvre tout, dans un paysage d’apocalypse. Le sol brûle par endroits et sur une vaste zone s’échappent des gaz toxiques et de la fumée. Dans cette ville de l’État du Jharkhand, le charbon est exploité massivement car le pays doit répondre à d’importants besoins énergétiques, sans cesse croissants.
Le photographe a visité cet endroit pour la première fois en 2008, et a été très choqué par les conditions de vie des gens qui y travaillent et fouillent le sol à main nue.
« L’environnement est épouvantable. Dès que je m’en suis approché, j’ai commencé à tousser. Toute cette poussière entre dans votre corps et colle à la peau. Je pouvais la sentir encore des semaines plus tard. » Mais c’est le moyen de subsistance de toute la population qui appelle le charbon le « diamant noir ». Les cas de tuberculose, de maladies respiratoires et d’allergies cutanées sont généralisés. « En Russie, les mineurs ont au moins une chaise sur laquelle s’asseoir et une tasse pour boire leur café. Ces gens là n’ont rien. Ils ont une chemise, un short et des tongs. C’est tout. »
L’énergie produite par la combustion du charbon est une des principales sources d’émissions de dioxyde de carbone d’origine humaine et joue un rôle majeur dans le réchauffement climatique. À Dhanbad et dans la région, de nombreuses personnes ont été forcées de quitter leurs maisons lorsque les entreprises et les autorités ont découvert cette richesse cachée dans le sol. Les incendies souterrains obligent les gens à déménager, les compagnies minières se prétendant incapables d’éteindre les feux.
Les habitants, eux, pensent que les compagnies ont laissé faire afin que le charbon puisse être plus accessible après qu’ils ont été chassés de leurs maisons. En révélant les visages de ces hommes, ces femmes et ces enfants, ce travail tente, à son échelle, de changer le cours des choses, de créer une prise de conscience afin de faire réfléchir et réagir sur cette terrible situation. Il donne une réalité à ces visages pour les sortir de leur anonymat et représenter la souffrance que ces femmes et hommes subissent.
« Sommes-nous allés trop loin en maltraitant notre planète ? Avons-nous, quelque part le long du chemin, passé le point de rupture et scellé le destin de la race humaine sans même le savoir ? »
La question reste posée.
Gilles Courtinat
Le site de Sebastian Sardi
Le livre Diamant noir
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