United Press Association devenue United Press International (UPI) est une agence de presse [1] mythique. Cette contribution à l’histoire d’UP et UPI concerne essentiellement le bureau de Paris ou de nombreux photojournalistes ont débutés.
United Press a été fondée aux Etats-Unis par Edward Willis Scripps (18 juin 1854 – 12 mars 1926), en 1907, par le regroupement de plusieurs petites associations de journaux jouant le rôle d’agence. En 1958, United Press (UP) fusionne avec l’agence International News Service (INS), fondée en 1909 par l’éditeur William Randolph Hearst et prend le nom de United Press International (UPI).
« UPI est la plus grande des agences privées du monde, la seule des cinq agences mondiales qui soit strictement commerciale. Elle est l’héritière de UP beaucoup plus que de INS. United Press s’était développée au début du siècle en profitant de l’obsession de Associated Press (AP) pour l’objectivité et l’exactitude, et de sa concentration sur l’information financière et commerciale. UP donna des nouvelles expliquées, commentées, et personnalisées (interviews, articles signés, styles personnels). Elle souffrait que ses clients n’étaient pas, comme les membres d’AP, des fournisseurs obligés d’information locale, et elle manquait donc de bureaux et de correspondants …/… Elle fut la première agence à vendre hors des Etats-Unis où elle a maintenant (ndlr : en 1975), dans 114 pays, plus de clients qu’aux États-Unis. Depuis 1972, elle a un accord avec l’agence chinoise Xinhua pour l’échange de textes et des photos. [2]»
A la Libération réouverture du bureau parisien
« Le 26 août 1944, le bureau parisien a rouvert ses portes au 2 rue des Italiens. Le directeur de UP pour la France, Ralph Edouard Heinzen, avait fermé le bureau en juin 1940 devant l’arrivée des troupes allemandes. Il confia la clé à Emilio Herrero, employé d’UP, qui réussit à cacher les machines à écrire du bureau chez lui, mais ne pouvait empêcher les bureaux d’être saisis par l’occupant. Le 26 août 1944, les correspondants de guerre de UP, Henry T. Gorrell et Richard D. McMillan, se sont présentés à l’ancien bureau dans une jeep, accompagnés du chroniqueur du journal Scripps, Ernie Pyle[3]. McMillan avait travaillé au bureau de Paris pendant de nombreuses années avant la guerre, et Gorrell avait été emprisonné avec Herrero pendant un certain temps à Madrid pendant la révolution espagnole[4] »
Le 31 octobre 1946, le Président du Syndicat National des Agences de Presse (SNAP) [5] écrit au directeur du service français de United Press Association que « le conseil syndical a accepté l’adhésion de United Press ». United Press Association of America, nom complet de l’agence, fournit des informations texte, photo, pour les journaux mais également pour les radios et bientôt pour les télévisions. United Press s’est particulièrement distinguée lors de l’attaque de Pearl Harbor par les Japonais, puis dans la couverture de la guerre de Corée, à partir de 1950, lorsque Jack James, directeur du bureau de UP de Séoul, a été le premier à signaler le déclenchement des hostilités.
En 1951, le bureau de Paris emploie « quarante-deux rédacteurs et employés non américains dont le salaire mensuel y compris le 13ème mois totalise 1 415 432 Francs ( 35 418€/2020).[6]» Dans une note du 6 février 1952, UP précise ses charges : « 60,80% concernent les salaires, les charges sociales et les frais de reportages photo, 16,60% concernent les fournitures de laboratoire photo, les frais de douane, et les achats de photos, 6,80% les frais de téléphotos et de radio[7] » Le reste concerne le loyer, le téléphone et les assurances. En décembre 1957, le personnel de UP se répartit comme suit : vingt-six journalistes à plein temps, trois pigistes réguliers, deux cadres administratifs, trente-trois employés, un cadre technique, onze ouvriers du Livre. Ces ouvriers « du Livre » sont en fait des employés aux transmissions par télex pour les textes et le service de téléphotos lancé en 1952.
En 1958 United Press fusionne avec INS, et est alors baptisée United Press International (UPI). United Press International Inc.[8], société de droit étranger, est inscrite au registre du commerce le 24 novembre 1959. Le 20 octobre 1959, le journaliste Albert Fontan, « directeur rédacteur en chef » titulaire de la carte de presse n°13 076, déclare qu’il emploie onze journalistes à temps plein, quinze employés de presse, un nombre indéterminé de collaborateurs occasionnels. Il semble donc que les effectifs de UPI aient fondu par rapport à ceux de UP. Albert Fontan qui se présente tantôt comme responsable de UPI, tantôt de United Press Photos, déclare au syndicat qu’il a à sa disposition « six appareils télé-photo de transmission, une voiture laboratoire et une valise téléphoto portative[9] ».
Les transmissions posent beaucoup de problèmes aux agences dites télégraphiques comme UPI. En février 1960, la Correspondance de la Presse relate un curieux fait, le 17 février à 0h12, une dépêche de UPI annonce la naissance d’un garçon à Buckingham Palace, annonce démentie dès le lendemain matin. Le directeur de UPI pour la France porte plainte contre X car « la nouvelle de source inconnue a été diffusée sur les lignes appartenant à UPI. » Et La Correspondance de la Presse de s’interroger : « malveillance ? négligence ? », tout en rapprochant cette information du lancement par l’armée américaine d’un satellite nommé « Courrier » qui a retransmis des dépêches d’United Press International …
En avril 1960 des accords salariaux interviennent entre le Syndicat des Agences Télégraphiques, le Syndicat des journalistes (SNJ Autonome) et le Syndicat des ouvriers du Livre pour une augmentation de 3,5% des salaires. A cette occasion, il est à noter que le barème des ouvriers des transmissions ne comporte pas moins de dix-huit grades différents allant de l’ouvrier en atelier, au radio technicien. Les salaires mensuels évoluant de 534 francs (880€/2020) à 1049 francs (1734€/2020)[10]. En janvier 1961, les syndicats négocient de nouveaux accords : un rédacteur en chef d’agence peut percevoir mensuellement 2097 francs (3350€/2020) et un rédacteur 966 francs (1 542€/2020). A noter que le salaire du reporter photographe est de 907 francs augmenté d’une prime d’appareil de 57 francs soit 964 francs (1530€/2020), sensiblement le même salaire que les rédacteurs. Un archiviste est rémunéré 579 francs (924€/2020), tandis qu’un tireur de photo touche 619 francs (988€/2020) et un cycliste 532 francs (850€/2020). Le tarif d’une pige soit « un article de caractère original et exclusif de plus de 100 lignes payé à un journaliste professionnel est de 73,87 francs[11] (118€/2020).
Pour résoudre les problèmes de transmission dès la fin des années 1960, UPI se tourne vers l’informatique.
« Entre 1972 et 1975, elle a installé son IS & RS (Information Storage and Retrieval System) à l’étranger puis aux Etats-Unis. Ce système de stockage et de récupération d’informations est constitué par un ensemble d’émetteurs, d’ordinateurs et de terminaux-vidéo qui, aux Etats-Unis, met en relation cent bureaux pouvant alors fonctionner comme une seule immense salle de rédaction où l’on échangerait de 5 000 à 150 000 mots à la minute. Aux Etats-Unis, des centres de triage existent à Boston, New York, Washington, Atlanta, Dallas, San Francisco, Chicago, Columbus et Pittsburg. A l’étranger, les centres sont reliés à New York par câbles et satellites. …/… En 1975 les principaux bureaux européens ont été équipés de terminaux-vidéo. L’IS & RS a augmenté le débit du réseau de 20 à 30 %, il devrait bientôt atteindre huit millions de mots par jour. En outre, il constitue peu à peu une gigantesque réserve d’informations électroniques aisément utilisables.[12] » En outre, le service de Téléphoto de UPI qui existe depuis 1952 « sert 1 300 clients, 24 heures sur 24, et se voit peu à peu remplacé depuis 1974 par le système Unifax dont 1 000 appareils sont déjà installés, et qui en 1974 a transmis 750 photos en couleurs. UPI loue plus de 70000 km de câbles aux Etats-Unis et plus de 15000 km en Europe exclusivement pour la transmission de photos.[13] »
Entre 1968 et 1974, le budget de UPI passe de 50 à 60 millions de dollars principalement en raison de l’évolution des techniques de transmission, mais également du fait de la couverture de la guerre au Vietnam qui requiert un budget important pour l’achat d’informations texte et photo aux « stringers ». Le coût de la couverture de la guerre au Vietnam sera estimé à environ 1,3 million de dollars.
(A suivre)
Tous nos articles concernant UP et UPI
Notes
- [1] Agrément de la CPPAP de 1962 à 1990
- [2] AP, UPI : les agences américaines de Claude-Jean Bertrand in Presse Actualité n°107 de février 1976
- [3] Ernest Taylor Pyle (2 août 1900 – 18 avril 1945), journaliste américain à Script, Prix Pulitzer pour sa couverture de la guerre en Europe, tué à la bataille d’Okinawa dans le Pacifique
- [4] Source : https://100years.upi.com/
- [5] Xavier Duguet, courrier du 31 octobre 1946. Source : Archives de la FFAP
- [6] Note de UP au SNAP datée de mai 1951. Source : Archives de la FFAP
- [7] Note de UP au SNAP reçue le 6 février 1952. Source : Archives de la FFAP
- [8] United Press International Inc. Société de droit étranger inscrite au registre du commerce de Paris sous le n° 592 062 533 le 24 novembre 1959 et radiée le 26 août 2015.
- [9] Formulaire d’adhésion au Syndicat du 20 octobre 1959. Source : Archives de la FFAP
- [10] Barème des salaires de base des ouvriers des transmissions des agences télégraphiques. 1er février 1960. Source : Archives de la FFAP
- [11] Barème de janvier 1962. Source : Archives de la FFAP
- [12] AP, UPI : les agences américaines de Claude-Jean Bertrand in Presse Actualité n°107 de février 1976
- [13] AP, UPI : les agences américaines de Claude-Jean Bertrand in Presse Actualité n°107 de février 1976
Dernière révision le 11 mars 2024 à 12:10 pm GMT+0100 par la rédaction
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