Femme parmi les hommes, Marie-Laure de Decker fût une photographe exceptionnelle dans le monde très « viril » d’un photojournalisme dit de guerre.
Il fut son premier terrain de reconnaissance notamment pour Newsweek, depuis le Vietnam soumis à la domination militaire américaine et ce jusqu’aux plateaux de cinéma qui, en fin de son étonnant parcours, fut pour elle l’occasion de nouer d’authentiques relations avec les stars du moment, dont Catherine Deneuve en fidèle amitié.
Marie-Laure de Decker c’est aussi la passion, la générosité, la perspicacité pour aller jusqu’au bout d’un photojournalisme très engagé.
En complicité avec Raymond Depardon, pour ne pas oublier au fin fond du Tibesti les otages français détenus au Tchad par Hissène Habré. Raison d’être du film historique de Depardon « La Captive du désert » dédié à l’archéologue-géologue Françoise Claustre. Suite à leurs nombreux aller-retours au Tchad, Marie-Laure très éprise de la beauté de son pays d’adoption et d’une population jamais stigmatisée, mérite cet ultime hommage du Président tchadien de la Commission de l’Union Africaine Moussa Faki « par ses images elle avait immortalisé une partie de l’histoire du Tchad. »
Michel Setboun, son confrère photographe de renom, le souligne en cinq adjectifs : « Belle , intelligente, tenace, têtue noble dans sa façon d’être[1] ».
Marie-Laure de Decker resta toujours fidèle à ses convictions humanistes toutes empreintes de respect et de solidarité. Son soutien au peuple sud-africain en lutte contre l’apartheid ne se démentira jamais chaque année de 1985 jusqu’en 1994, date d’élection de Nelson Mandela. La douceur des joues de ce dernier, lors de leur gratifiante embrassade n’a jamais quitté sa riche mémoire.
Elle fut une figure emblématique de l’agence Gamma pendant de courtes années avant de revendiquer une indépendance journalistique – en quête de portraits de stars- sur les plateaux de télévision ou de cinéma. Bien au-delà de la célèbre photo du candidat Giscard d’Estaing découvrant le Président Giscard d’Estaing sur les écrans de télévision du 20h le soir des élections du 29 mai 1974.
Pionnière parmi les pionnières, et consoeurs Christine Spengler, Catherine Leroy, Françoise Demulder, Marie-Laure de Decker restera l’incarnation vivante d’une très heureuse féminisation du métier et de l’art de vivre des photographes de guerre dans notre monde en permanentes (r)évolution(s) .
Alain MINGAM
[1] Michel Setboun et Marie Cousin in « 40 ans de photojournlisme : Génération Agence » Editions La MartinièreDernière révision le 29 octobre 2024 à 12:21 pm GMT+0100 par
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