L’aveugle (qui ne l’a pas toujours été) a noté que le nouveau ministre de l’Éducation Nationale, Gabriel Attal, nommé cet été, a posé sur le dessus de la pile des dossiers urgents celui du « harcèlement scolaire ». Comme si l’on découvrait aujourd’hui la cruauté enfantine des cours de récréation…
En ce qui le concerne, l’aveugle, il l’avait senti, cette cruauté, dès le premier jour de sa rentrée en 11ème, dans la grande école où les feuilles d’automne se ramassaient vraiment à la pelle. C’était le 1er octobre 52. Non seulement, il portait des gros verres de myopes mais sa mère l’avait accompagné jusque dans la cour pour le présenter à la maîtresse. C’était plié, il était le fragile petit chouchou à sa maman, candidat malgré lui au poste de souffre-douleur.
Cela avait commencé par un usage répété d’une expression moqueuse, « Serpent à lunettes ». Puis, de la parole, on était passé au geste en lui arrachant ses binocles pour mieux les brandir fièrement tout en courant autour de la cour. Enfin, les choses avaient dégénéré et il s’était pris une pierre en pleine tempe, pas loin de sa monture de bigleux, ce qu’il n’avait pu cacher cette fois à ses parents qui s’étaient rendus sur place pour obtenir des explications.
Expliquer quoi ?
Aujourd’hui encore, dans les films comme dans les spectacles à sketches, les verres de gros myopes servent à identifier le personnage du complexé qui n’a pas de succès avec les filles et qui se venge en se conduisant en « langue de pute », en cafteur…
Verres gros comme des carreaux contre lesquels la bêtise vient s’écraser.Dernière révision le 26 décembre 2023 à 11:57 am GMT+0100 par la rédaction
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