André Grassart, fut un pillier du grand quotidien populaire que fut le France-Soir des années d’après-guerre jusqu’aux années 70 où il atteignait encore des tirages d’un million d’exemplaires et employait une cinquantaine de photographes et près de 400 journalistes. Un autre monde !
Les archives de France-Soir, propriété de la Ville de Paris sont diffusées par l’agence Roger-Viollet, à l’occasion de l’ouverture au public de la maison de Serge Gainsbourg, André Grassart nous confie ses souvenirs de prise de vue.
« J’ai été plusieurs fois rue de Verneuil. Je connaissais bien Serge Gainsbourg, sans avoir une relation amicale avec lui. J’avais une très bonne relation professionnelle et, il m’ouvrait la porte de chez lui. C’est grâce à lui que j’ai rencontré Jane Birkin peu de temps après qu’ils vivent ensemble rue de Verneuil.
À l’époque, j’étais photographe, et quand tu appartenais à France-Soir, je ne faisais pas de photo à la sauvette ou des trucs comme ça. Toutes les photos que je faisais, c’était en rendez-vous et je demandais au minimum deux heures parce que je voulais établir un contact avant. C’est essentiel si tu veux faire des photos qui apportent quelque chose.
Ensuite, la première chose que je faisais, parce que je n’avais pas la science infuse ni la connaissance de tout, c’est que je montais à la documentation du journal et je lisais toutes les publications qu’il y avait pour ne pas arriver la tête vide et pouvoir parler aux gens.
Comme France-Soir était le plus grand journal de France, et un des plus grands journaux européens, ce sont des rendez-vous que j’obtenais. Parfois, c’était le journal qui obtenait le rendez- vous, d’autres fois, c’était moi. Pour Gainsbourg, je ne me rappelle plus qui a obtenu le rendez- vous.
Je me suis retrouvé chez lui et quand tu arrivais chez lui pour la première fois, c’était surprenant. Tout était noir. Noir de chez noir. Sauf une chose : il y avait pas loin du piano, un squelette suspendu par le crâne à un montant. C’était un squelette réel. Comme on en vendait pour les étudiants en médecine. C’était la seule chose de blanche qui explosait dans la pièce tout en noir.
Pour donner une idée, il y avait dans la partie salon, la grande pièce en bas, une table basse, bien entendu noire. Et, sur cette table basse se trouvait un petit panier en osier peint en noir avec à l’intérieur des framboises artificielles fabriquées en petites perles noires…. Le piano était bien entendu noir. Tout était noir. C’était assez impressionnant.
En dehors de ça, Gainsbourg était quelqu’un de normal… Quand il te recevait, il recevait tout à fait normalement. Souvent, on le présente comme bourru, un peu bourré, fermé, etc. Ce n’était pas quelqu’un qui parlait beaucoup d’après mes souvenirs.
Chez lui, c’est quand même un lieu mythique, et tellement adapté aux personnages qu’il était. Comment lui est venue son idée de faire tout en noir comme ça ? Je ne sais pas. La moquette était noire. Tous était noir, noir de chez noir. Les fauteuils étaient noirs. Il n’y avait rien d’une autre couleur, sauf le squelette.
André Grassart à la Galerie Roger-Viollet
Tous nos articles concernant André Grassart
Sur France-Soir avec André Grassart et d’autres…
Les années Lazareff de France Soir, entre 1949 et 1972 – Ecouter
Un documentaire audio d’Alexandre Breton, réalisé par Guillaume Baldy, prise de son Arthur Gerbault et mixage d’Alain Joubert
Dernière révision le 29 octobre 2024 à 12:21 pm GMT+0100 par la rédaction
- William Klein & François Missen
Kinshasa 1974, le combat du siècle
in Polka Magazine n°66 - 8 novembre 2024 - Micheline Pelletier
Les Açores : « Toute la beauté du monde » - 25 octobre 2024 - Micheline Pelletier
La première femme au « staff » de Gamma - 25 octobre 2024