Et voilà, Visa c’est fini, jusqu’à l’année prochaine. On l’espère car le budget a de plus en plus de mal à se boucler. 24 expositions ont fermé leurs portes après avoir été gratuitement grandes ouvertes pour la foule des amoureux du photojournalisme dont Perpignan reste la capitale.
« C’était comment ? » demande ceux qui n’ont pas eu la chance d’aller fêter la 35ème édition. C’était… C’était… Comme chaque année, un festival de photographies époustouflantes d’un monde surprenant, passionnant et quelques peu désespérant parfois.
Commençons par le négatif. Il faut le chercher, car côté « editing », Jean-François Leroy a toujours l’œil pour choisir de bons photographes, et aussi quelques bonnes photographes. Ça se féminise Visa. Ça se rajeunit aussi ! Une foule de jeunes personnes, et de moins en moins de têtes chenues. Changement de génération.
Le changement n’a pas que du bon. Le Palais des Congrès, qui n’a jamais été l’endroit le plus rigolo de la capitale catalane est devenu d’une tristesse… Canon y règne en maître, rien à dire. Les conférences sont toujours plus ou moins suivies. Rien à dire, surtout quand Gilles Courtinat fait salle quasi comble avec ses entretiens sur l’Intelligence artificielle…
Projections pendant la conférence sur l’IA animé par Gilles Courtinat / L’oeil de l’info
Toujours au rez-de-chaussée, on n’accède plus aux étages, derrière un insupportable contre-jour, on distingue mal les sourires si sympathiques de l’équipe du 2ème Bureau chargé de la communication ; mais, on ne peut pas louper l’Association National des Iconographes (ANI).
La salle de lecture des portfolios de l’ANI, qui fait chaque année un tabac se trouve entre les toilettes pour dames et celles pour messieurs au sous-sol. La salle est pleine de ces jeunes gens que l’on croise partout dans Perpignan avec leur bracelet d’accréditation portés fièrement tandis que les seniors de la profession ne font parfois plus l’effort de s’accréditer.
Il y a deux populations à Visa pour l’image : le grand public qui vote avec ses pieds, en dépit de la chaleur pour le photojournalisme ; et, les « professionnels de la profession » ou ceux qui aspirent à en faire partie. Ils se retrouvaient jadis a l’Hôtel Pams pour la presse et au second étage du Palais des Congrès sur les stands des agences de presse, des journaux ou des associations…. Le Covid a tué cet espace déjà malmené par la crise.
C’est donc Le grand Café de la Poste, a coté du Castillet qui tire les marrons du feu. Il a toujours été un endroit où se faire voir, il est devenu le seul et unique lieu de rencontre des professionnels. L’affluence aidant, il n’est guère aisé d’y nouer des contacts sérieux. Et si par chance, vous réussissez, il faut encore arriver à s’entendre dans le brouhaha musical. Il y a là un problème à solutionner pour la 36ème édition, un lieu de rencontre est indispensable pour le bizness. Comme me l’ont fait remarquer des patrons d’agences, le risque est que les professionnels soient moins nombreux.
Côté projections du Campo Santo, il y a toujours la queue pour rentrer dans ce temple de la photographie de presse et je ne vais pas vous faire la liste des gagnants. J’ai eu deux surprises : une excellente, l’attribution du Visa d’or d’honneur pour l’ensemble de sa carrière à Noel Quidu. Voilà une belle nomination pour un grand reporter de grand talent qui a fait une bonne partie de sa carrière avec Interpress puis Gamma.
L’autre surprise est le Visa d’or new décerné à Siegfried Modola pour son travail sur la rébellion Karen en Birmanie, cette ethnie en lutte contre le pouvoir de Rangoon, pardon de Yangon, depuis des décennies. On parle un peu plus de la Birmanie, mais quand même, ce fut une surprise.
Il se trouve, qu’il y a 40 ans j’eus à « vendre » à La Compagnie des Reporters, une série de reportages sur ces Karen. Personne ne voulait publier l’histoire de ces gens. Les reportages étaient pourtant très forts, et très complets. Marc Charuel, le photojournaliste, a photographié pendant près de 15 ans cette rébellion où il a été blessé. Mais voilà, Marc a beaucoup travaillé pour Valeur Actuelle, ce qui n’a jamais été une porte d’entrée pour le Campo Santo. Il sentait un peu le souffre, et cela ne s’arrange pas puiqu’il a rejoint cette été, le Journal du Dimanche. Ce n’est pas demain qu’on verra ses Karens. Dommage.
Visa pour l’image est aussi à Paris
Pour sa 35e édition, le Festival international du photojournalisme Visa pour l’Image – Perpignan s’expose à Paris.
Depuis 1989, Visa pour l’Image propose à Perpignan un regard sur le monde, occasion unique de retracer l’actualité de l’année écoulée, des points de vue liés aux faits de société, au climat, aux conflits. Depuis six ans, La Villette accueille Visa pour l’Image – Perpignan à chaque rentrée.
Dans la Grande Halle de la Villette (espace Charlie Parker), une « chrono de l’année » et une sélection de reportages sera projetée sur un écran géant au cours de deux séances présentées par Jean-François Leroy, directeur du festival et Pauline Cazaubon. vendredi 22 septembre à 20h
Du 16 au 30 septembre, une exposition de photos exposées à Visa pour l’Image – Perpignan est à découvrir au cœur du Parc de la Villette. |
Dernière révision le 29 octobre 2024 à 12:21 pm GMT+0100 par la rédaction
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