Il était né un 23 decembre et il est mort un 23 octobre de l’an 23 de cet orageux siècle. « Le français de Sarajevo », a succomber au siège que lui fit la maladie. Il avait fondé le Centre André Malraux en pleine guerre. Mais avant…
Comment vous dire ma peine, pour un homme que j’ai si peu connu ?
On avait la vingtaine dans les années 70 quand nous nous sommes croisé à L’Idiot International puis à J’accuse.
Et puis, « le temps ne fait rien à l’affaire »… Il suffit d’un regard.
Cet homme avait un regard rare. Un regard d’humain curieux des autres humains. Un regard qui m’évoque celui du photographe Hans Silvester. Des hommes vrais, simples, honnêtes et modestes. Il n’y en a pas tant que ça, et on en parle peu !
Après « l’éclair de liberté » de 68, début des années 70, tout à coup, lui, moi, et un certain nombre d’autres, nous nous sommes retrouvés dans un appartement rue du Bourg Tibourg dans le Marais parisien. L’endroit était occupé par une bande « d’idiots utiles », comme Benny Levy nommait les artistes, les intellectuels soutenant La Cause du Peuple !
A part « les intellos », il y avait des militantes et des militants. Mais Francis, comme moi, ne cochions aucune case. Ça nous a rapproché. Nous devisions sur les livres de Malraux, Nizan et autres, en buvant des « petits blancs ». Nous étions préoccupé de littérature, de journalisme. Le petit livre rouge du camarade Mao, n’était pas notre tasse de thé.
Alain Geismar, envoyé comme commissaire politique, remette de l’ordre dans la rédaction de J’accuse et de La Cause du Peuple fusionnées, nous les reprocha nos « petits blancs », Boyard papier mais.
Les « idiots utiles » évaporés, nous, la rédaction de J’accuse-La Cause du Peuple, eûmes droit à un procès stalinien pur jus, ou les apparatchiks nous reprochèrent à nouveau, nos « petits blancs » au bistrôt du coin et quelques autres turpitudes. Francis eut même droit à une visite à domicile du commissaire Geismar. Il était chargé par Benny Levy, le « petit timonier » de la Gauche Prolétarienne d’expurger la bibliothèque de Francis ! Il jeta par terre les livres d’André Malraux… En évoquant la scène, des années plus tard, Francis était encore sur le fil du rasoir entre colère et rigolade.
Car il avait ce rare regard sur l’humanité….
Sincère condoléances à ses prochesDernière révision le 4 novembre 2024 à 9:25 am GMT+0100 par la rédaction
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